Le déploiement rapide de l’intelligence artificielle (IA) suscite des craintes croissantes quant à son impact sur le marché du travail au Royaume-Uni. Une récente étude de l’Institut de recherche sur les politiques publiques (IPPR) met en lumière une perspective sombre : jusqu’à 8 millions d’emplois pourraient être menacés à long terme par l’automatisation, touchant des fonctions variées, de la gestion de données au graphisme. Cette « apocalypse » potentielle pour l’emploi soulève des questions cruciales sur les stratégies gouvernementales nécessaires pour atténuer ces effets néfastes.
L’analyse de l’IPPR souligne que cette vague d’automatisation affecte déjà certains secteurs de manière significative. Environ 11% des tâches sont actuellement exposées à cette première phase, menaçant notamment les emplois à temps partiel et d’entrée dans l’entreprise, occupés principalement par des jeunes et des femmes. Des postes administratifs, de gestion de données et de service aux consommateurs sont particulièrement vulnérables à cette évolution technologique.
Cependant, l’étude ne se contente pas de prédire un avenir dystopique. Elle souligne également les possibilités offertes par l’IA pour enrichir le marché du travail, notamment en réaffectant les ressources vers des secteurs comme l’aide sociale et les soins de santé mentale. Pour y parvenir, des mesures gouvernementales appropriées sont nécessaires, notamment des incitations fiscales visant à encourager l’enrichissement des emplois par de nouvelles fonctions, tout en automatisant certaines tâches.
Un point crucial réside dans le potentiel de l’IA à stimuler la productivité et donc le PIB. L’IPPR estime qu’avec des mesures de protection adéquates, les emplois pourraient être enrichis sans entraîner de pertes nettes d’emplois, et cela pourrait même conduire à un gain de PIB de l’ordre de 13%. En revanche, le scénario le plus pessimiste, caractérisé par une automatisation sans réflexion stratégique, ne générerait aucun bénéfice économique.
L’accent mis sur la création d’emplois « verts » moins exposés à l’automatisation est également crucial. Cette approche pourrait contribuer à réduire l’impact potentiellement dévastateur de l’IA sur le marché du travail, en orientant les investissements vers des secteurs résilients et durables.
Il est important de noter que ces conclusions ne sont pas spécifiques au Royaume-Uni. Des études similaires menées en France révèlent également un potentiel significatif de création d’emplois grâce à l’IA, sous réserve de politiques publiques appropriées. En effet, le rapport du comité interministériel sur l’IA en France souligne que le potentiel d’amélioration des emplois par l’IA dépasse largement celui de leur remplacement.
Cependant, malgré ces perspectives encourageantes, des préoccupations subsistent quant aux répercussions globales de l’IA sur l’emploi et d’autres aspects de la société. Les appels à une réglementation plus stricte de cette technologie émergente se multiplient, tant au niveau national qu’international. L’Union européenne et les États-Unis, entre autres, cherchent à élaborer des cadres réglementaires pour encadrer le développement et l’utilisation de l’IA.
En somme, si l’avenir du travail au Royaume-Uni est confronté à des défis majeurs liés à l’automatisation, il existe également des opportunités significatives à saisir. La clé réside dans une action gouvernementale proactive et éclairée, visant à façonner l’avenir du travail de manière à maximiser les bénéfices économiques tout en atténuant les effets négatifs sur l’emploi et la société dans son ensemble.
