Comment L’Allemagne Va Détruire EDF

EDF a annoncé des pertes records de 17,9 milliards d’euros, la dette totale du groupe s’élève à 64,5 milliards d’euros. L’entreprise est dans une situation difficile, d’autant plus que sa production d’électricité a diminué de 23% pour atteindre son plus bas niveau depuis 1992. Bien que le chiffre d’affaires d’EDF ait augmenté de 70% pour atteindre 143,5 milliards d’euros, cette augmentation n’a pas suffi à compenser la baisse de production d’électricité et la flambée des prix de l’énergie.

Le marché européen de l’énergie est un des mécanismes qui a accentué la crise, notamment en raison de la flambée des prix du gaz déclenchée par la guerre en Ukraine. Le prix de l’électricité étant calqué sur celui du gaz sur ce marché, la France a subi de plein fouet cette situation, même si son mix électrique ne dépend pas du gaz. Le sénateur communiste Fabien Gay affirme que cette situation est la preuve que « le marché européen dysfonctionne complètement », et que l’électricien français « paye les effets de la libéralisation du marché, de la mise en place de l’Arenh et du marché européen de l’énergie ». Il critique ainsi la logique de libéralisation et d’ouverture à la concurrence du marché de l’énergie.

L’Arenh, l’accès régulé à l’électricité nucléaire régulée historique, créé en 2011 pour encadrer l’ouverture à la concurrence, est également pointé du doigt pour sa responsabilité dans les pertes d’EDF. Avec la baisse de production d’électricité due à l’arrêt de 22 réacteurs nucléaires pour maintenance, EDF s’est vu obliger d’acheter de l’électricité sur le marché européen afin de la revendre aux fournisseurs au tarif réglementé de l’Arenh, ce qui a eu des conséquences financières désastreuses pour l’entreprise.

Enfin, la stratégie énergétique de l’Etat est également remise en cause par certains, qui estiment qu’il n’y a pas de vision stratégique claire en matière d’énergie. Pour le sénateur LR Daniel Gremillet, « il n’y a pas de cap dans la politique énergétique du gouvernement ».

Au final, bien que le contexte ait été défavorable à EDF, avec une flambée des prix de l’énergie et une baisse de production d’électricité, il est clair que certains mécanismes tels que l’Arenh et le marché européen de l’énergie ont aggravé la situation. Il est donc important que les décideurs politiques réfléchissent à une stratégie énergétique plus claire pour éviter que de telles pertes ne se reproduisent à l’avenir.

Mais alors que la France et l’Espagne soutiennent la réforme du marché européen de l’électricité pour réduire les coûts de l’électricité pour les consommateurs, l’Allemagne, quant à elle, préfère reporter cette réforme après les élections européennes de 2024. Le vice-chancelier allemand Robert Habeck a déclaré qu’il ne serait pas bon de modifier le marché d’un seul coup et a appelé à ralentir le processus.

Alors quel est le problème de l’Allemagne ? Pourquoi vouloir reporter cette réforme importante pour l’Europe ? Ne cherchez pas plus loin, l’Allemagne ne veut tout simplement pas perdre sa position de « pièce maîtresse » du système électrique européen. On pourrait se demander si les intérêts économiques de l’Allemagne passent avant ceux de l’Europe, mais qui sommes-nous pour juger ?

Pendant ce temps, la Commission européenne tente de répondre aux appels pour une réforme du marché de l’électricité en proposant des mesures pour garantir une électricité à faible coût pour les consommateurs. Mais les pays, dont l’Allemagne et le Danemark, mettent en garde contre des objectifs trop élevés en matière de réforme, craignant que cela ne compromette l’expansion des énergies renouvelables à plus long terme.

Espérons que ces pays puissent se mettre d’accord sur une réforme qui profite à tous. En attendant, cette réforme, l’Allemagne peut continuer à se prélasser dans sa position de « pièce maîtresse » du système électrique européen.

Le pet qui pue n’est jamais le sien.

Sources

https://www.publicsenat.fr/article/politique/pourquoi-edf-continue-a-s-endetter-236789

https://www.euractiv.fr/section/energie/news/berlin-ne-veut-pas-de-reforme-du-marche-de-lelectricite-avant-les-elections-europeennes/

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