Les conséquences de l'inflation

Conséquences de l’Inflation

Quelles sont les conséquences de l’inflation?

Dans la lignée de mon article sur l’Euro et en attendant celui sur Schumpeter, il m’a semblé intéressant de revenir sur les conséquences de l’inflation.

L’inflation est donc une baisse mécanique de la valeur de l’argent.

Pour l’exemple suivant, définissons le prix comme ce que vous payez et la valeur comme ce que vous avez.

Si je peux acheter un meuble neuf pour 100 € et que l’inflation est de 2%, ce même meuble aura un prix de 102 € un an après. Avec les 100 euros de début d’année, vous pouvez acheter une valeur de 100 € de produits. Mais avec une inflation de 2%, la valeur de l’argent baisse et vous ne pouvez plus acheter qu’une valeur de 98 € de produits en fin d’année.

Mettons maintenant que l’État emprunte 100 € au 1er janvier. Il l’emprunte en euros pour une somme fixe. Mais l’inflation est une baisse mécanique de la valeur de l’argent. Donc si l’inflation est de 2% par an, le 31 décembre suivant, les 100 € empruntés un an plus tôt ne valent plus 100 €. Ils valent 98 € (pas exactement mais je simplifie pour l’exemple).

L’emprunteur a donc tout intérêt à l’inflation alors que l’épargnant et le « travailleur » n’y ont pas intérêt.

Conséquences de l’inflation sur les salaires

Les salaires augmentent souvent au rythme de l’inflation mais avec un décalage dans le temps.

Une période sans inflation

  • En 1865 le salaire d’un ouvrier était de 3,30 francs soit 0,5 euro par jour.
  • En 1910, ce salaire n’avait pas changé mais l’ouvrier travaillait 10h par jour au lieu de 15 à 16h en 1865. Il n’y avait donc pas d’inflation au 19ème siècle. Les prix avaient même tendance à baisser. Cette absence d’inflation se traduisait par une absence de progression des salaires. Cependant, l’ouvrier avait gagné 5 à 6h de temps libre par jour . On peut donc considérer que son travail (salaire horaire) lui rapportait 50% de plus.

Une période de forte inflation

  • En 1930, le salaire du même ouvrier était de 26,40 francs soit 4 euros par jour. Le salaire, qui n’avait pas bougé pendant 60 ans au 19ème siècle, a été multiplié par 10 en 30 ans au 20ème siècle.
  • En 1950, le salaire du même ouvrier était de 744 francs soit 113,42 euros par jour. Là, le salaire a été multiplié par 28 en 20 ans.

Comparons

L’essentiel est finalement de savoir si en multipliant son salaire par 10 puis par 28, l’ouvrier c’est réellement enrichi davantage entre 1910 et 1950 qu’entre 1865 et 1910.

  • En 1906, la dépense annuelle de nourriture d’une famille ouvrière était de 1460 francs.
  • En 1936, la même famille dépensait 11 620 francs pour sa nourriture annuelle.

Le salaire avait été multiplié par 10 et l’inflation avait augmenté les dépenses de nourriture par 8. L’inflation avait donc confisqué les 8/10ème des gains de salaire des ouvriers. L’augmentation de salaire de l’ouvrier corrigée de l’inflation n’était « que » de 20%.

Parallèlement, l’ouvrier ne travaillait plus que 8h par jour au lieu de 10. Son travail (salaire horaire) lui rapportait 20% (salaire journalier) + 25% (temps libre journalier) de plus en 30 ans.

Dans le premier cas (1865-1910), sur 40 ans sans inflation, le travail rapporte 50% de plus à l’ouvrier . Dans le second cas (1906-1936), sur 30 ans avec une très forte inflation, il lui rapporte 45% de plus. On peut donc dire que dans les deux cas, le gain est le même pour l’ouvrier.  L’inflation lui a pris presque les 8/10 de son augmentation de salaire.

Pour en savoir plus

L’économie du Diable. Chômage et inflation d’Alfred Sauvy.

Inflation et désinflation de Pierre Bezbakh.

Manuel d’économie de Jean-Marc Daniel

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