L’ÉCOLE DE CHICAGO ET L’ULTRA LIBÉRALISME

Bonjour à tous ! Aujourd’hui, nous allons découvrir ensemble l’histoire de l’École de Chicago, d’un point de vue économique. Nous allons essayer de comprendre qui en sont les pères fondateurs, ainsi que les théories économiques qui y sont liées. Il faut savoir que l’École de Chicago se divise en deux vagues distinctes, qui ont réunies certains des plus grands économistes du XXe siècle.

Un peu d’histoire

Posons tout d’abord le contexte. Nous sommes à Chicago, en 1929, et la crise économique fait rage. L’économie de l’ensemble des États-Unis s’écroule, et la période de la Grande Dépression commence. Les économistes américains de l’époque tentent de comprendre comment cette situation catastrophique a pu arriver, comment sortir le pays de la crise, et surtout, comment éviter une nouvelle crise économique. Au sein de l’université de Chicago, les professeurs du département d’économie ne font pas exception à la règle. Il faut savoir que dans les années 1930, ces professeurs d’économie, ainsi que plusieurs autres économistes célèbres, sont adeptes du libéralisme économique dit « classique ».

Les Classiques

Faisons un petit aparté pour expliquer ce qu’est le libéralisme classique. Il s’agit d’une théorie économique très en vogue à cette époque. Le libéralisme se base sur le principe du libre-échange. Les libéraux pensent donc que les producteurs et vendeurs doivent être parfaitement libre dans leur manière de gérer leurs ventes et achats. Les seuls freins qui doivent leur être posées sont ceux de la liberté individuelle. Selon cette théorie, toute contrainte que poserait l’Etat sur les marchés serait négative et inefficace. L’Etat doit simplement poser un cadre propice aux libertés individuelles, et s’en tenir à ce rôle uniquement.
Fermons l’aparté.

Ainsi, les économistes de l’École de Chicago, et les adeptes du libéralisme en général, pensent que cette crise de 1929 n’est pas due au libre-échange. Ils pensent que les interventions de l’Etat dans l’économie du pays sont responsables de la situation actuelle.

Création de l’École de Chicago

Continuons à présent notre histoire avec la création de l’École de Chicago. Lors des années 1930 et 1940, des professeurs de l’École de Chicago, et des économistes libéraux extérieurs, se réunissent afin de réfléchir à la conjoncture actuelle. Tous sont d’accord pour dire qu’il faut tenir le gouvernement pour responsable de la crise économique. Les libéraux de l’époque se divisent en deux clans sur la définition même du mot « libéralisme », et stipulent sur le rôle exact que doit tenir l’État dans les échanges économiques.

Certains pensent que l’on doit réinventer le libéralisme et l’éloigner de sa définition première du 19e siècle, en particulier au sujet de l’intervention de l’Etat dans la vie économique.

Les autres pensent que le libéralisme doit rester dans sa définition première. Les pionniers de l’École de Chicago font partie de ce clan-là.

L’un des pionniers de l’École de Chicago est Frank Knight. En 1930, il critique très fortement le détournement de sens du mot « libéralisme » qui est revendiqué par le premier clan. Il veut donc à tout prix conserver un libéralisme dit « classique ». Il propose cependant quelques modifications, mais n’est pas favorable à un laisser-faire total de la part de l’État.

Le colloque Walter Lippmann

La « fondation » de l’école de Chicago avec le colloque Walter Lippmann

En 1938, 26 économistes et intellectuels libéraux, dont ceux issus de l’École de Chicago, se réunissent. La réunion est appelée « le colloque Walter Lippmann », et se déroule à Paris du 26 au 30 août. Le but de ce colloque est de discuter de l’application du libéralisme dans les problèmes de l’Époque. Le colloque Walter Lippmann est historique, car c’est la première fois que des participants cherchèrent à comprendre s’il faut conserver le mot « libéralisme » ou l’appeler à présent « Néo-libéralisme ».

Faisons un nouvel aparté : il faut savoir, que, d’une manière extrêmement synthétique, le néolibéralisme ne diffère que très peu du libéralisme classique. En effet, les néolibéralistes pensent toujours que l’État ne doit pas s’immiscer dans la vie privée et économique des individus. Quelques innovations sont à noter, mais pour résumer la situation : le contexte a changé, pas les idées.

Milton Friedman

Milton Friedman est l’un des membres les plus importants de l’école de Chicago

On en vient à présent à la deuxième vague de l’École de Chicago. Cette nouvelle génération est marquée par un économiste célèbre, nommé Milton Friedman. Milton est un néo-libéraliste, à qui l’on doit, entre autres, la théorie monétariste de l’économie. Cela signifie que Milton Friedman s’est détaché du mode de pensée de la première école de Chicago, qui souhaitait que le gouvernement pose un cadre propice au libre-échange. Friedman pense que cette régulation ne doit pas venir de l’État, mais d’une banque centrale.

Il faut savoir que cette idée est absolument centrale au sein de la deuxième vague de l’École de pensée de Chicago. Ainsi, selon ces économistes, et selon Friedman en particulier, la Banque mondiale devra assurer une certaine régularité dans l’émission et le contrôle monétaire. Ces économistes libéraux pensent que la création d’une Banque Mondiale permettrait au néolibéralisme de pleinement s’épanouir. Pour se faire, ils préconisent que cette Banque devra être totalement indépendante des différents gouvernements, afin de ne pas se soumettre à des pressions extérieures. La Banque pourra alors se limiter à son rôle premier : poser un cadre idéal pour le libre-échange, si cher aux yeux des libéraux.

Friedrich Hayek, Milton Friedman, Karl Popper

Cette deuxième vague de l’École de Chicago est symbolisée par la rencontre des membres de la société du Mont-Pelerin, en 1947. Cette rencontre n’est pas sans rappeler celle du colloque Walter Lippmann, qui symbolisait la première vague de l’École de Chicago. La Société du Mont-Pelerin a été créée lors d’une conférence de Friedrich Hayek, un économiste britannique. Cette société a ainsi été créée par Friedrich Hayek, Milton Friedman, Karl Popper, et plusieurs autres intellectuels et économistes. Le but de cette société était d’offrir à ses membres des moments de discussions et de débats. Ces derniers y discutaient donc de leur souhait commun de favoriser l’économie de marché, et donc de donner plus de place au libre-échange dans l’économie mondiale.

Il est intéressant de noter que Milton Friedman était l’étudiant de Franck Knight, l’un des premiers fondateurs de l’École de Chicago. De la même manière, bon nombre de professeurs et d’intellectuels de la première génération de l’École de Chicago ont vu leurs concepts économiques être repris par la deuxième génération, qui a cherché à pousser ces concepts plus loin encore.

Les principaux concepts de l’École de Chicago

Résumons à présent l’histoire de l’École de Chicago, et ses principaux concepts.

Les économistes de l’école de Chicago ont un avis défavorable sur le Keynésianisme

La première génération était composée d’économistes et d’intellectuels adeptes du libéralisme classique, tels que Franck Knight. La deuxième vague est celle qui a vu naître le néolibéralisme, avec des experts tels que Friedman, Ronald Coase, ou encore George Stigler. Le plus important point commun de tous ces économistes est leur avis défavorable à la théorie Keynésienne. Cette théorie stipule que l’intervention de l’État dans l’économie d’un pays est absolument nécessaire à sa croissance. L’idée globale des experts de l’École de Chicago est celle de l’auto-régulation des marchés, et donc du principe de libre-échange.

Les plus curieux d’entre vous souhaitent certainement se renseigner davantage sur l’École de Chicago, ses concepts en économie, ou encore sur ses personnages phares. Si vous souhaitez effectivement approfondir le sujet, n’hésitez pas à consulter le Podcast de France Culture sur le néolibéralisme américain. Cette émission audio est disponible en Replay sur le site internet de France Culture, et a été réalisée en collaboration avec le philosophe Alain Laurent. Vous pouvez également vous plonger dans la lecture du livre « Capitalisme et liberté » de Milton Friedman, qui donne un point de vue unique sur le libre-arbitre en termes économiques.

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