Effrayant: Ça, C’Est Le Mal Ultime

Imaginez, vous êtes le chef d’un très grand pays. Mais votre pays va très mal. La croissance démographique fait que le pays est surpeuplé et la famine guette. Vous allez donc voir les USA et leur demander de l’aide. Et ils acceptent de vous aider. A une condition. Vous devez stériliser votre population. Jeune, vieux, marié ou célibataires, tous doivent être castrés. Que faites-vous? Privez vous votre population de son droit humain de pouvoir garder ses organes génitaux? Ou prenez-vous l’argent et la nourriture qu’il faut pour les nourrir au prix de l’éthique et des droits constitutionnels de votre pays?

Nous allons voir dans cette vidéo ce que fut le choix d’Indira Gandhi. Va-t-elle stériliser toute sa population ou choisira-t-elle la liberté de son peuple?

Avant la stérilisation, la contraception pour la femme

La contraception puis la stérilisation de masse en Inde ont deux précurseurs. En 1925, l’auteur Katherine Mayo s’y est rendue et à décrit son voyage à travers un livre. Dedans, elle utilise comme sujet principal la rédemption économique du pays. Selon Mayo, le pays est damné depuis qu’il s’est séparé des anglais et de la chrétienté. Mais son argument n’était pas purement religieux et suprémaciste occidentale. Selon Mayo, la sexualité indienne, ayant délaissé toute forme de chrétienté, serait dépravée et à la source du problème démographique. De plus, l’écrivain décrit un pays ravagé par la maladie, où les femmes sont incroyablement pauvres, fatiguées et donc incapable de s’occuper de leurs enfants. Et ceci, Mayo en donnerait pour cause la décolonisation du pays.

Presque dix ans plus tard, Margaret Sanger, la fondatrice du mouvement de la contraception, a visité l’Inde. Sa mission était de prouver que les femmes en Inde voulaient désespérément arrêter d’avoir des enfants de manière incontrôlée. Elle décrira les indiennes comme étant “fatiguées” et « pathétiques »  mais également très douces.

En revenant de leurs voyages respectifs, et à une décennie l’un de l’autre, les deux femmes ont eu la même conclusion. Les indiennes étaient fatiguées et malades. Elles ne pouvaient donc pas bien s’occuper de leurs enfants et souhaitaient trouver un remède à ces grossesses incessantes et non désirées. Et, selon Mayo et Sanger, si rien n’était fait, l’Inde aurait des famines et des guerres sur les bras. Cette population croissante était donc un réel problème.

C’est donc en 1952 que Sanger décide de créer la fédération internationale du Planned Parenthood. La même année, l’Inde débuta ses efforts de contrôle des naissances.

Entre 1952 et le début des années 60, le contrôle de la fertilité par le Planned Parenthood ou par le gouvernement visaient principalement les femmes. Et, puisque la majorité des indien n’étaient pas assez riches pour recevoir un suivi régulier, une solution fiable et rapide fut trouvée: la castration.

En Occident, et plus particulièrement aux USA, le contrôle de population était très bien vu. De grands noms, tels que Hugh Moore finançait l’impression et la distribution de pamphlets pro-contrôle démographique. Ceux cis pronaient qu’une augmentation demographique entrainerait invariablement le chaos, des emeutes et des guerres. Et que tout ceci serait idéal pour l’avancée du communisme. En effet, il faut bien garder en tête que nous sommes alors en pleine guerre froide. Pire qu’une démographie incontrôlée, l’ennemie numéro 1 des Etats Unis, c’est le communisme! Les pamphlets de Moore sur enchérissent, annonçant que nous ne pouvons pas revivre des guerres comme celle du vietnam en boucle et trop souvent. Si on vous annonçait la fin du monde tel que vous le connaissez. Et ce, par la mort, les pleurs et le sang. Mais qu’en suite on vous annonçait une solution, et encore mieux, elle ne vous touche pas directement. On peut prévenir la fin du monde sans que vous n’ayez à changer vos habitudes. N’est ce pas super? Eh bien c’est ce que se disent beaucoup d’occidentaux.

Le contrôle démographique était une idée tellement répandue et acceptée que le président, dans le United Nations Address, cita un rapport du RAND Corporation affirmant que “5 dollars dépensé pour le contrôle démographique équivalait 100 dollars dépensait pour le développement économique d’un pays”. Il était donc plus rentable de se focaliser sur le contrôle démographique.

Ainsi, lorsque Indira Gandhi, alors premier ministre de l’Inde, se rendit en Amérique pour demander à Johnson de quoi nourrir sa population, ce dernier refusa. A moins qu’elle ne castre sa population…

La castration masculine, ça marche quand même bien!

Que feriez-vous si le pays le plus puissant et influent au monde se montrait prêt à laisser votre population mourir de faim si vous ne les castriez pas? Laisseriez vous de côté les droits humains de votre population pour leur assurer la survie? C’est ce que fit le premier ministre Gandhi.

Or, une castration forcée et massive du peuple n’est pas si facile à mettre en place… premièrement, parce que c’est anticonstitutionnel. Et puis parce qu’il faut que la population se plie à cette nouvelle directive. Mais, ne vous inquiétez pas, l’histoire ne s’arrête pas là. Indhira Gandhi à trouver une solution aux deux problèmes posés!

Premièrement, elle établit l’état d’urgence, faisant passer par la fenêtre la constitution… Et donc les droits du peuple furent, d’un revers de main, essuyés.

Mais bon, vous pensez probablement que, à côté de la seconde tâche, qui est de faire accepter à la population de se faire stériliser de force, la première était plutôt simple.

Et bien pas tant que ça… Selon “Motivating men: Social sciences and the regulation of men’s reproduction in postwar India” le livre du Professeur Savina Balasubramanian, bien qu’au départ l’initiative ne soit pas accueilli à bras ouverts, des experts en communication américains ont eux même suggérer une alternative. Se concentrer sur les hommes. Donc, bien que tâche difficile, les pistes permettant l’approbation de la population afin qu’elle se stérilise elle-même en masse, venaient tout droit des USA. Il ne restait plus qu’à les appliquer.

Les efforts de castrations se sont donc détournés des femmes pour se pencher vers les hommes. 

Bien sûr, la piste de la stérilisation féminine n’a pas été abandonnée, mais pour l’instant, les hommes étaient plus sous pression que les femmes. Et ce pour une raison très simple, ils étaient plus souvent dans la rue ou en société que les femmes. Puisque c’était majoritairement des hommes qui travaillaient hors du foyer et donc eux qui prenaient les transports publiques, ou allaient chercher les rations de nourriture pour leurs familles, ils étaient plus facile à attraper.

Ils étaient donc les principales victimes de manigances gouvernementales. Bien que les femmes aussi aient été touchées.

C’est alors que Gandhi décida de faire appel aux « motivations ».

Hors, en état d’urgence, le concept de “motivations” a pris un tout autre sens. Les motivations pouvaient être des dons de terres, et d’autres aides financières. Une famille pouvait donc se voire donner des terres en échange de se faire stériliser et/ou de convaincre d’autres personnes de faire de même.

D’ailleurs, des sortes de festivals de castration avaient également lieu afin de convaincre les hommes à se faire stériliser. Lors de ces « festivités », des exhibitions et des danses avaient lieu. 

Cependant, même avec ces motivations, certains résistaient toujours. Et que feriez vous de ces irréductibles indiens qui résistent encore et toujours à se faire castrer? Le gouvernement avait une botte secrète en réserve. Elle commença alors à distribuer, pour des délits mineurs tels que monter à bord d’un bus sans payer, des amendes à montants aberrants. De telle façon que l’Indien moyen ne pourrait jamais la payer. Mais, une solution lui était tout de même proposée; il pouvait se faire couper les parties et tout serait oublié. D’autres voyaient leur travail menacé s’ils ne se faisait pas faire une vasectomie. Bref, la stérilisation masculine se faisait par la carotte ou le bâton. Mais elle se faisait. Et si vous aviez la mal chance de résister et donc de vous retrouver face au bâton, vous vous retrouveriez harcelé par un gouvernement tout puissant avec nul part où aller et personne pour vous défendre.

Pour répondre à cette croissance en demande de vasectomie et de tubectomie (l’équivalent feminin de la vasectomie) le gouvernement à mis en place des camps de stérilisation. Ca ne vous semble pas un peu autoritaire, rappelant ce que certains grands blonds aux yeux bleus faisaient lors des années 40 cela? Moi, je trouve qu’il y a une très nette comparaison à faire. Et bien sûr, puisque ces stérilisations étaient faites dans des conditions plus que douteuses et extrêmement non-hygiéniques, des millier d’hommes et de femmes sont morts dans ces camps.

Le peuple se rebelle, la fin de la castration en Inde?

Cependant, l’Etat n’était pas impartiale face à la stérilisation de sa population. Les registres montrent que les plus fortunés ont pu acheter le système afin d’éviter la vasectomie forcée. Et c’est ainsi qu’un journaliste du Washington Post a écrit, après avoir passé du temps avec l’aristocratie indienne, que, bien que certains d’entre eux soit pour les politiques agressives du planning familiale, aucun d’entre eux ne s’est soumis à la pratique, préférant largement garder sur eux leurs joyaux de famille.

De plus, en 1980, un questionnaire prouva que les diplômés d’études supérieures étaient plus enclins à saluer les politiques du planning familial. Mais moins susceptibles de se faire, eux même, stérilisés.

Se séparer de ses petits bijoux, c’est bien, mais c’est pour les autres.

Conclusion

C’est en 1977 que Indhira Gandhi et son gouvernement se sont vu retirer tout pouvoir par les mêmes hommes qu’ils cherchaient à contraindre. 

Heureusement, l’état d’urgence en Inde n’aura duré que 21 mois. Mais, durant près de deux ans, 6,2 millions d’hommes ont été stérilisés de force, et 2000 de plus sont morts dans des camps de castration non sanitaires. 

Cependant, l’histoire ne s’arrête pas là. Bien que non forcé, le Planning familial se retourna vers les femmes, et les encouragea vivement à se faire castrer afin de limiter les naissances. Entre 75 et 76, 46% des stérilisations étaient faites sur des femmes. Aujourd’hui, ce nombre est de 93%.

Toujours aussi risqué et peu sanitaire, la stérilisation reste donc bel et bien un moyen de contraception majeur en Inde.

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