Et Maintenant, Un Krach Financier Et Un Désastre Économique (le South Sea Bubble)

Avez-vous déjà entendu parler de la « Bulle des Mers du Sud » ? Avez-vous déjà investi dans une compagnie promettant des profits irréalistes ? Eh bien, Au XVIIIe siècle, une étrange folie a saisi les investisseurs européens : la spéculation sur les mers du Sud. En l’espace de quelques années, une poignée de compagnies coloniales britanniques ont suscité un engouement démesuré auprès des investisseurs, qui ont vu en elles l’opportunité de réaliser des profits fabuleux en échange de l’achat d’actions. La plus célèbre de ces compagnies, la Compagnie des Indes orientales, a vu son cours de bourse multiplié par plus de dix en quelques mois, attirant des investisseurs de tous horizons, des aristocrates aux artisans en passant par les paysans.

Cependant, cet engouement n’était pas sans conséquences. Les investisseurs, aveuglés par la perspective de gains rapides et importants, ont investi des sommes considérables dans des compagnies dont la valeur était largement surévaluée, voire fictive. Lorsque la bulle spéculative a finalement éclaté en 1720, les conséquences ont été désastreuses : des milliers d’investisseurs ont perdu toutes leurs économies, des entreprises ont fait faillite en masse, et l’économie britannique a subi un choc important. Alors, quels étaient les événements économiques, politiques et sociaux qui ont conduit au déclenchement de cette crise légendaire ? Quel a été l’impact de la bulle spéculative sur l’économie britannique et sur la confiance des investisseurs dans les marchés financiers ? Quelles ont été les conséquences de la South Sea Bubble pour l’économie britannique et la société en général ?

Historique de La Bulle des Mers du Sud

Considérée comme le tout premier krach financier au monde, la Bulle des Mers du Sud est une crise qui a secoué la Grande-Bretagne. En effet, ce krach financier a été la meilleure représentation du désastre que pouvait représenter la spéculation. Certains arguent d’ailleurs que cette crise boursière fait également partie du premier stratagème de Ponzi. Il faut relever que beaucoup ne l’ont pas vu arriver, au point de s’être laissé enrôler, c’est le cas de certains grands esprits de l’époque comme Isaac Newton. De l’avis de plusieurs spécialistes, le mathématicien se serait vu subtiliser la rondelette somme de 40 millions de livres sterling. Alors, d’où part la South Sea Bubble ? 

Impossible de faire un retour historique sur ce krach financier, sans revenir sur l’année 1711, période qui marque la fondation de la société par actions britannique, « The South Sea Company ». En réalité, c’est là que tout a commencé ! Ainsi, grâce à une loi votée au Parlement britannique, cette société est créée en 1711, avec pour mission de soutenir, de contrôler et de baisser la dette publique nationale. Dans une logique de partenariat public et privé, The South Sea Company devait permettre au pays de transformer sa politique commerciale, afin de lui garantir une rentabilité certaine, surtout dans les Amériques. En contrepartie du monopole, la Compagnie de la mer du Sud accepte d’échanger dix millions de livres en bons du trésor contre des actions, à un taux d’intérêt de 6 %, une proposition réconfortante pour ses investisseurs puisqu’elle a ainsi la garantie d’une rente perpétuelle.

Deux ans plus tard, en 1713, la société bénéficie d’un monopole commercial dans la région des Amériques, avec comme point d’orgue, l’Asiento (une sorte de convention signée avec la monarchie espagnole de l’époque, accordant certains privilèges à certains particuliers, notamment dans le commerce des esclaves). Ce qui va favoriser le commerce des esclaves africains, particulièrement dans les empires espagnol et portugais. Une activité qui va largement profiter à la compagnie, qui va trouver en la traite des esclaves un moyen de se faire énormément du profit. Pendant au moins deux siècles, ce programme sera clairement adoubé par l’Etat qui trouve en lui le mécanisme parfait pour renflouer les caisses du royaume. Même si au final, tout ne s’est pas déroulé comme prévu…

Il faut dire que les dirigeants de la South Sea Company fondaient de gros espoirs sur la fin de la guerre de Succession d’Espagne. Ils avaient projeté que ce serait le meilleur moyen de booster le commerce et de faire encore plus de profit. Mais, en 1713, lors du traité d’Utrecht, la compagnie a malheureusement été confrontée à la triste réalité : le boom commercial attendu n’aura finalement pas lieu !

En 1718, la South Sea Company va être dirigée directement par le roi George. Ce dernier va donc occuper le poste de Gouverneur de l’entreprise, pour lui redonner un nouvel élan, une nouvelle vision. Un choix qui pourrait susciter des interrogations aujourd’hui, mais qui à l’époque a créé une sorte de choc positif, observé notamment par le gonflement du cours des actions. En fait, ce qu’il faut dire c’est que de nombreux actionnaires étaient rassurés par le souverain et regagnaient en confiance. 

Les actions se sont bien vendues et ont généré à leur tour des intérêts de plus en plus élevés, faisant grimper le prix et la demande d’actions. En 1720, le cours de l’action passa de 128 £ en janvier à 1 000 £ en aout. C’était un cycle auto-entretenu, mais en tant que tel, il manquait de principes fondamentaux significatifs. On achetait parce que tout le monde le faisait et parce que l’action montait.

Puis, en septembre 1720, certains diraient qu’un désastre inévitable s’est produit. La bulle a éclaté. Les actions ont chuté, tombant à 124 £ en décembre, perdant 80% de leur valeur à leur apogée. Les investisseurs ont été ruinés, il y a eu une augmentation marquée des suicides et il y a eu une colère et un mécontentement généralisés dans les rues de Londres, le public exigeant une explication. Newton lui-même dit qu’il pouvait prévoir les mouvement de l’univers mais pas ceux de la spéculation humaine. La Chambre des communes, sagement, a demandé une enquête et lorsque l’ampleur de la corruption et des pots-de-vin a été découverte, cela est devenu un scandale parlementaire et financier. Cependant, tout le monde n’avait pas succombé à la « pensée de groupe » ou à la « manie de la spéculation ». Un pamphlétaire bruyant du nom d’Archibald Hutcheson avait été extrêmement critique à l’égard du projet depuis le début. Il avait placé la valeur réelle de l’action à environ 200 £, ce qui s’est ensuite avéré être à peu près correct.

Aujourd’hui, de nombreux commentateurs établissent des comparaisons entre la « manie de la crypto-monnaie » et la bulle des mers du Sud, et notent que « les promoteurs de la bulle ont fait des promesses impossibles ». Peut-être que les historiens du futur auront des raisons de regarder en arrière avec la même incrédulité le marché d’aujourd’hui. Seul le temps nous le dira.

Impact de la bulle de la mer du Sud

La bulle de la mer du Sud a eu un impact significatif sur l’économie britannique et sur la confiance des investisseurs dans les marchés financiers. La crise a entraîné des pertes importantes pour les investisseurs, dont beaucoup étaient des membres de la classe supérieure britannique.

En outre, la crise a conduit à des enquêtes et des réformes gouvernementales pour renforcer la réglementation financière et prévenir les abus dans les marchés financiers. Cette crise a été l’un des premiers exemples de bulles spéculatives dans l’histoire de l’économie, et elle a suscité des débats importants sur les risques et les avantages des investissements spéculatifs.

La bulle de la mer du Sud a également eu un impact culturel important, avec des récits de la crise apparaissant dans des œuvres littéraires et artistiques de l’époque. Le dramaturge irlandais Richard Steele a écrit une pièce de théâtre intitulée « The Crisis » qui traite de la crise de la mer du Sud, tandis que le peintre français Jean-Baptiste-Siméon Chardin a réalisé une peinture satirique intitulée « Le Billet de Banque » qui représente une famille ruinée par la bulle de la mer du Sud.

Les conséquences de la South Sea Bubble

La South Sea Bubble a eu des conséquences importantes pour l’économie britannique et la société en général. Elle a entraîné la ruine de nombreux investisseurs, dont certains ont perdu toutes leurs économies. Cela a entraîné une perte de confiance dans les institutions financières et a incité le gouvernement britannique à prendre des mesures pour réglementer le marché boursier.

La crise financière a également eu des répercussions politiques, en sapant la crédibilité du gouvernement et en alimentant le mécontentement populaire. Les investisseurs ruinés ont accusé les dirigeants politiques de complicité dans la bulle spéculative, ce qui a entraîné des enquêtes et des procès.

La South Sea Bubble a également eu des conséquences sur le développement de la science économique, en inspirant des réflexions sur la spéculation et la réglementation financière. Les théories économiques modernes sur la bulle spéculative et la réglementation du marché sont en grande partie influencées par l’histoire de la South Sea Bubble.

Enfin, la crise financière a eu un impact sur la culture britannique, en inspirant des œuvres littéraires et artistiques qui ont reflété la crise sociale et politique de l’époque. La South Sea Bubble est devenue un symbole de l’avidité et de la folie humaine, et continue de fasciner les historiens et les économistes à ce jour.

En conclusion

La « Bulle des Mers du Sud » a été l’une des premières grandes bulles spéculatives de l’histoire économique moderne et a eu un impact important sur l’économie britannique et sur les investisseurs individuels. Cette bulle a été alimentée par l’engouement des investisseurs pour les compagnies coloniales britanniques, en particulier la Compagnie des Indes orientales, ainsi que par des mécanismes de diffusion de l’information inefficaces et des signes avant-coureurs ignorés. 

L’effondrement de la bulle a entraîné des conséquences économiques, sociales et politiques significatives, notamment des pertes financières pour de nombreux investisseurs, une méfiance accrue envers le gouvernement et une réglementation financière plus stricte. Les conséquences à long terme de cette bulle spéculative ont également eu un impact sur l’économie britannique, influençant les politiques publiques et la croissance économique pour les décennies à venir. Enfin, la « Bulle des Mers du Sud » nous offre des leçons importantes pour mieux comprendre les mécanismes de la spéculation financière et pour envisager des solutions durables aux crises économiques présentes et futures. 

Sources :

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