L’inflation des prix des produits alimentaires a pris une ampleur spectaculaire au cours de l’année dans les principaux pays d’Europe de l’Ouest. Cependant, la France se distingue en affichant une décroissance bien plus lente par rapport à ses voisins européens. Ce constat, établi en mesurant l’inflation cumulée de janvier 2022 à août 2023, place la France en position peu enviable avec une hausse de 17,9 %.
La Dégringolade de la France dans le Classement de l’Inflation Alimentaire
En début d’année 2023, la France se classait parmi les pays les moins touchés par l’inflation en Europe de l’Ouest. Cependant, sept mois plus tard, notre pays s’est retrouvé parmi les mauvais élèves, révèle un baromètre élaboré par le panéliste NielsenIQ pour LSA. L’étude compare les niveaux de prix de 250 millions de produits dans les rayons de grandes et moyennes surfaces de sept pays majeurs, à savoir le Royaume-Uni, l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne, la Belgique, le Portugal et la France.
L’inflation cumulée sur un an et demi, de janvier 2022 à août 2023, place la France en tête avec une hausse de 17,9 %. Comment expliquer cette évolution inquiétante et pourquoi le rythme d’évolution de l’inflation en France diffère-t-il autant de celui de ses voisins ?
Le Rattrapage après des Années de Déflation
Les experts soulignent que la France a traversé plusieurs années de stagnation, voire de déflation, en raison de la concurrence acharnée entre les grandes enseignes de distribution, notamment Leclerc. Un phénomène de rattrapage a donc été observé, prenant en compte les effets de la guerre en Ukraine, qui ont entraîné une hausse des cours des matières premières et des prix de l’énergie.
Par ailleurs, les prix des produits alimentaires sont négociés annuellement entre la grande distribution et les fabricants, rendant ces prix plus stables en comparaison avec d’autres pays. Dans une tentative de freiner l’inflation, le gouvernement a avancé les discussions sur ces négociations, devant être conclues le 15 janvier pour les PME et le 31 janvier pour les grands industriels.
Gaëlle Le Floch, directrice des études stratégiques de Kantar Worldpanel, se montre peu optimiste : « Il n’y a pas encore assez de baisses de cours de matières premières pour les répercuter sur l’ensemble des produits alimentaires, d’autant que les autres coûts des industriels restent élevés (taux d’intérêt, salaires, transports…) ».
Des Coûts Élevés et une Situation Préexistante
En ce qui concerne les prix, même avant la période inflationniste, une étude de 60 millions de consommateurs, basée sur les statistiques d’Eurostat en octobre 2021, indiquait que les consommateurs français payaient en moyenne 15 % de plus pour leurs courses par rapport aux autres pays européens. À niveau de vie comparable, les Allemands dépensent 14 % de moins pour leur alimentation que les Français. Cette disparité s’explique en partie par le fait que l’Allemagne abrite davantage de petites surfaces, notamment des enseignes discount, avec une gamme de prix moins étendue et moins de produits premium, régionaux ou locaux, qui sont bien valorisés en France.
Enfin, depuis la fin de 2018, la France a adopté plusieurs lois Egalim visant à mieux rémunérer les agriculteurs en relevant le seuil de revente à perte.
Conclusion : Les Défis de l’Inflation Alimentaire en France
En conclusion, la France se trouve confrontée à des défis significatifs en matière d’inflation alimentaire, une situation qui la distingue de manière négative par rapport à ses voisins européens. Le rattrapage après des années de déflation, les négociations figées entre la grande distribution et les fabricants, les coûts élevés des industriels, et une situation préexistante de niveaux de prix élevés, tous ces éléments contribuent à la complexité de la situation.
Alors que le gouvernement cherche des solutions pour contenir l’inflation, il reste à voir comment les négociations entre la grande distribution et les fabricants évolueront et dans quelle mesure les baisses de cours de matières premières pourront être répercutées sur les produits alimentaires. En attendant, les consommateurs français font face à une réalité économique difficile, payant déjà plus cher que leurs voisins européens, et confrontés à une augmentation significative des prix des produits alimentaires.
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Merci à Philippe Pour l’article.
