LA MONDIALISATION COUPABLE DES INÉGALITÉS?

Dans cet article, je vais vous parler du lien entre mondialisation et inégalités.

La mondialisation se définit comme un processus par lequel les divers échanges se développent à l’échelle de la planète et créent des interactions fortes entre différentes parties du monde.

La science économique s’intéresse depuis ses débuts à la répartition des revenus et donc aux inégalités. Récemment, les deux mondialisations (1870-1914; 1980-2020) que notre monde a connu ont fortement agi sur les inégalités. En effet, la mise en place de la division internationale du travail, de la finance et l’accélération des flux ont bouleversé ces dernières. Ces inégalités se mesurent à la fois entre pays mais aussi à l’intérieur des pays. 

Comme vous l’avez compris dans cet article il s’agira de voir si la mondialisation ne fait que créer des inégalités. 

Il existe de multiples arguments pour et contre mais nous allons nous concentrer sur ceux que l’économie retient le plus. (« La vidéo pourrait durer des heures sinon »).

“Nous sommes tous égaux devant l’inégalité qui régit notre planète.”

 Jacques Sternberg

Résumé en vidéo

La mondialisation crée des inégalités…

…Au sein des pays…Mais aussi entre pays.

Entre les pays

La mondialisation exclut de ces flux certaines zones, qui restent pauvres quand d’autres zones s’enrichissent. Ainsi, l’Afrique centrale par exemple en étant exclu des flux de mondialisation n’a pas connu la croissance des pays intégrés. Elle n’a donc pas connu une grande augmentation de ses revenus nationaux contrairement à la partie intégrée.

Les chutes Victoria (Zimbabwe)

Par exemple, 80% de la population du Zimbabwe se situe encore aujourd’hui sous le seuil de pauvreté. Cette mondialisation « dualiste » a tendance à accroître les inégalités entre les pays intégrés et les pays exclus de ces flux. 

Ces pays exclus ont de plus besoin de baisser les salaires pour attirer des firmes multi-nationales (FMN) qui utilisent cette main d’oeuvre à bas coût. Tout cela au profit des pays développés, mais au détriment des ouvriers peu voire pas qualifiés de ces pays. La division internationale du travail liée à la mondialisation nuit donc aux inégalités de ces pays. L’exemple du Bangladesh est frappant, la demande d’emplois peu qualifiés dans l’industrie est très forte grâce aux FMN notamment. Pourtant, les salaires de ces employés n’ont pas beaucoup augmenté depuis les années 2000. 

Au sein des pays

Selon François Bourguignon, la mondialisation joue un rôle essentiel dans l’évolution des inégalités. En effet, elle contribue au creusement des écarts entre revenus du capital et revenus du travail. Mais aussi entre revenus du travail qualifié et revenus du travail non qualifié. Ainsi, pour résumer, les riches deviennent de plus en plus riches et les pauvres de plus en plus pauvres. La forte augmentation des inégalités aux Etats-Unis illustre ce phénomène.

La mondialisation et les contraintes qu’elle a créée ont provoqué des réformes dans la fiscalité des pays riches. Elle a généralement entraîné la baisse du taux marginal d’imposition sur les revenus ou sur les sociétés. De plus l’évasion fiscale réduit l’assiette fiscale des pouvoirs publics (exemple : paradis fiscaux : la Suisse « si chère à notre Cahuzac« ). 

Or ces impôts permettent en partie de financer la redistribution qui permet la réduction des inégalités. Donc par ces choix politiques d’ouverture internationale, les inégalités augmentent. 

Neymar
Neymar 2015

L’analyse de Sherwin Rosen rend coupable la mondialisation d’inégalités. Il parle des « superstars », ces quelques personnes qui par un petit écart positif de talent perçoivent des salaires astronomiques. On peut citer ici l’exemple de la différence de salaire entre Neymar et un autre joueur de ligue 1. Neymar a un salaire 30 fois supérieur à celui d’un joueur moyen de ligue 1, son salaire étant de 30 millions d’€/mois. Cela s’explique par un faible écart de talent (« quand il n’est pas blessé ») qui fait la différence et engendre des gains colossaux pour le PSG ici. Ainsi, par ce phénomène, les richesses se concentrent encore plus entre certaines mains, augmentant les inégalités par le haut. 

Selon Michel Aglietta la deuxième mondialisation d’ordre financière n’a fait qu’accroître les inégalités économiques par le haut. En effet, les plus fortunés ont vu leurs revenus du capital augmenter beaucoup plus rapidement que les plus pauvres. 

En effet, les plus pauvres ont une part du revenu attribué au capital plus faible que les plus riches. Ce qui ne fait qu’augmenter les inégalités au sein des pays. L’exemple des magnats de la Bourse ou de l’immobilier démontre cela. Ils se sont enrichis exponentiellement pour la plupart. Ainsi on compte chaque année près de 200 milliardaires en plus (sur les dernières années). 

La mondialisation réduit les inégalités

Tout d’abord, la mondialisation en ouvrant les frontières permet la création de nouveaux débouchés. Les clients des entreprises ne sont en effet plus nationaux mais désormais internationaux. Cela permet des meilleures perspectives de croissance et donc un enrichissement de la population. Ainsi Renault a pu s’élargir en accédant aux marchés de l’automobile mexicain en particulier. 

D’autre part, les importations sont bénéfiques pour les consommateurs. En accédant à des produits moins chers (exemple : j’achète un vêtement chinois au lieu d’un vêtement français nettement plus cher en général…), j’augmente mon pouvoir d’achat. En somme, je peux acheter plus de produits avec la même somme d’argent. Cela permet de réduire les inégalités de niveaux de vie entre les riches et les pauvres. 

Joseph Schumpeter
Joseph Schumpeter

Selon notre cher Schumpeter, la mondialisation conduit à la destruction créatrice. La forte concurrence internationale incite à l’innovation et rend donc vite dépassées les anciennes innovations. Ce processus permet de favoriser la naissance de nouvelles entreprises et la disparition des entreprises obsolètes. Certains parlent alors de darwinisme économique (sélection naturelle en somme). Cela permet de créer de nouveaux emplois dans des secteurs qui rapportent plus. Cela permet donc l’accroissement des revenus nationaux et donc la réduction des inégalités.

L’émergence du secteur tertiaire

L’émergence du secteur tertiaire est attribuable à la mondialisation. Les services sont privilégiés par la mondialisation. Or dans les services, le nombre d’emplois peu ou pas qualifiés est plus faible ce qui permet une hausse des revenus de la population. 

L’exemple de la population française le prouve. Le nombre d’emplois dans l’industrie diminue peu à peu, on parle de désindustrialisation. Tandis qu’il y a de plus en plus d’employés dans les secteurs tertiaires privilégiant ainsi les emplois qualifiés. 

La mondialisation permet l’initialisation d’une logique de développement de certaines économies au profit de la classe moyenne (capital humain; santé, éducation, protection des risques)…. Même s’il ne s’agit pas là d’inégalités au sens économique strict. Le développement économique permet d’améliorer les conditions de vie des populations les moins aisées en particulier. Ce qui accroît leur productivité. La mondialisation contribue ainsi à une hausse du « bien être » de la population en réduisant les inégalités à l’intérieur de celle-ci. 

La Corée du Sud tend à devenir un pays développé grâce à la force de ses institutions publiques permettant le développement économique. 

En outre, ce développement permet de rendre la croissance économique d’un pays plus stable et viable (en permettant d’atténuer les crises notamment), ce qui permet un enrichissement général sur le long terme. Les récents chiffres de l’OCDE le prouvent pour les pays émergents. 

Processus de convergence

L’OCDE (2010) a mis en lumière un processus de convergence au cours des années 2000. Ainsi 83 pays connaissent une croissance du PIB/tête plus de deux fois supérieure à celle des pays riches. Alors qu’ils n’étaient que 12 pays dans les années 1990. Plus encore, le FMI (2017) prévoit qu’à l’horizon 2022 la part des pays riches dans le PIB mondial sera équivalente à celle des pays émergents asiatiques. 

L’étude de Thomas Piketty donne raison à ses arguments.  Entre le milieu des années 1930, les 10% des ménages les plus aisés recevaient entre 41% et 46% de l’ensemble du revenu total. A partir de la fin de la guerre et jusqu’en 1998, cette fraction des ménages aisés a perdu du terrain. Elle ne reçoit désormais plus que 33% du revenu total. D’où une réduction des inégalités par le haut. 

Théorème de Stolper Samuelson

Lorsque l’on cite la mondialisation comme réductrice d’inégalités, le théorème Stolper-Samuelson intervient. On le détaillera par un exemple. 

Ce théorème reprend la thèse de l’avantage comparatif de Ricardo, mais il est plus pertinent dans le contexte mondialisé actuel. 

Le théorème Stolper – Samuelson s’explique en une phrase : « Baisse de la rémunération du facteur rare et augmentation de la rémunération du facteur abondant ».

Un exemple

Pour expliquer : Prenons le cas des Etats-Unis et de la Chine. La Chine s’impose avec sa main d’oeuvre non qualifiée dans l’industrie. Les Etats-Unis s’imposent avec la main d’oeuvre qualifiée dans l’industrie aussi. Grâce aux spécialisations, la rémunération de la main d’ouvre non qualifiée augmente en Chine, tandis qu’elle baisse aux Etats-Unis. A l’inverse, la rémunération de la main d’oeuvre qualifiée baisse en Chine quand elle augmente aux Etats-Unis. Vous voyez où je veux en venir?…

On assiste donc à une baisse des inégalités en Chine et une hausse des inégalités aux Etats-Unis. Cet exemple se vérifie par les chiffres. Notamment avec la nouvelle classe moyenne chinoise et la hausse continue du nombre de pauvres aux Etats-unis. 

Ce théorème montre que dans le cadre des spécialisations, la mondialisation réduit les inégalités entre pays développés et émergents. Mais surtout, cela prouve la diminution des inégalités dans les pays émergents et leur augmentation dans les pays développés. 

3 choses à retenir

Si vous deviez retenir 3 choses dans cet article, ce serait que:

  1. la mondialisation réduit les inégalités dans les pays émergents quand elles les augmentent dans les pays développés. 
  2. la mondialisation réduit les inégalités entre les pays intégrés dans ces flux. Mais dans un même temps, elle augmente les inégalités à l’intérieur des pays. Cela s’explique par un marché du travail dualiste séparant les travailleurs qualifiés et non qualifiés. 
  3. la mondialisation renforce les inégalités entre les pays exclus de ces flux et ceux qui y sont bien intégrés (Exemple : Niger et la Chine). Quand la zone attractive s’enrichit, la zone exclue stagne voire s’appauvrit creusant ainsi l’écart.

Livres et Références

« La mondialisation de l’inégalité » de François Bourguignon. Ici sur Amazon : https://amzn.to/2SrMMho et ici au format Kindle: https://amzn.to/3d8G7kh

« Les enjeux de la mondialisation » de Agnès BENASSY-QUÉRÉ, Christian CHAVAGNEUX, Éloi LAURENT. Ici sur Amazon : https://amzn.to/2zQXLe5 et ici au format Kindle: https://amzn.to/2YoSp3N

« Le Capital au XXIe siècle » de Thomas Piketty. Ici sur Amazon : https://amzn.to/3faA7cH et ici au format Kindle: https://amzn.to/2KQIvzU

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