En 2023, alors que les ventes de voitures électriques ont grimpé en flèche dans toute l’Europe, l’Allemagne, pourtant leader économique du continent, semble traîner la patte. Avec une hausse des ventes électriques de seulement 11 %, le pays affiche la croissance la plus lente dans ce secteur. Cette situation est d’autant plus préoccupante lorsque l’on constate que les immatriculations de voitures électriques ont chuté de près de 50 % en décembre dernier. Mais quels sont les facteurs qui expliquent ce ralentissement sur le marché allemand ?
L’une des causes majeures de ce recul est la suppression brusque des aides à l’achat de voitures électriques. Ces subventions, d’un montant de 4 500 euros pour les véhicules de moins de 40 000 euros et de 3 000 euros pour ceux jusqu’à 65 000 euros, ont été un puissant incitatif pour les consommateurs. Leur suppression a incontestablement freiné l’engouement pour les voitures électriques, incitant de nombreux acheteurs potentiels à se tourner à nouveau vers les moteurs à combustion traditionnels.
Le constat est alarmant : en janvier, seules 22 474 voitures électriques ont été commercialisées en Allemagne, atteignant ainsi leur deuxième niveau le plus bas en près de deux ans. Cette tendance inquiétante a été soulignée par Constantin Gall, expert du cabinet EY, qui qualifie cette situation de « désastreuse ». Il prévoit que de nombreux consommateurs vont retarder leur décision d’achat ou opter à nouveau pour des véhicules à combustion interne.
Pourtant, ce recul ne peut être attribué uniquement à la suppression des aides gouvernementales. Une étude récente du cabinet Deloitte met en lumière une tendance déjà amorcée avant cette décision. En effet, près de la moitié des Allemands envisageaient l’achat d’un véhicule thermique, soit une augmentation de 4 points par rapport à 2022. Cette évolution des intentions d’achat reflète les préoccupations persistantes concernant le coût élevé des voitures électriques.
Par ailleurs, le discours ambiant semble évoluer en Allemagne. Des voix sceptiques se font entendre, remettant en question la viabilité et la transition rapide vers les véhicules électriques. Même des acteurs majeurs de l’industrie automobile, comme Porsche, expriment des réserves quant à l’objectif de mettre fin aux ventes de voitures thermiques neuves d’ici 2035. Cette incertitude est également alimentée par des personnalités influentes telles que Carlos Tavares, PDG de Stellantis, qui émet des doutes sur l’avenir de l’électrification, malgré des investissements massifs dans ce domaine.
Le contexte politique, notamment avec les élections européennes de 2024, ajoute une dimension supplémentaire à cette incertitude. Aux États-Unis également, où les élections présidentielles approchent, le soutien à l’électrification semble fléchir. Selon Deloitte, une majorité écrasante d’Américains envisageraient désormais l’achat d’une voiture thermique pour leur prochain véhicule.
Face à cette situation préoccupante, l’Europe doit revoir sa stratégie pour atteindre ses objectifs ambitieux en matière d’émissions de gaz à effet de serre. La clause de revoyure prévue pour 2026 offre une opportunité cruciale pour évaluer les progrès accomplis et réajuster les politiques en conséquence. Certains analystes estiment déjà que les objectifs pour 2035 pourraient être revus à la baisse, compte tenu des défis actuels.
En conclusion, le ralentissement des ventes de voitures électriques en Allemagne souligne les défis persistants auxquels est confrontée l’électrification automobile. La transition vers une mobilité plus propre et durable reste un objectif crucial, mais elle nécessite un soutien continu des gouvernements, des investissements massifs et une approche globale qui prend en compte les préoccupations des consommateurs et les réalités du marché.
Vous pouvez reproduire en tout ou partie de cet article à condition que cet avertissement soit inclus: « Cet article vient du site www.drawmyeconomy.com, où François-Xavier partage régulièrement ses analyses sur l’actualité économique.»
Sources:
Merci à Benoit Pour l’article:
