LÉON WALRAS ET LA THÈORIE DE L'ÉQUILIBRE GÉNÉRAL

LÉON WALRAS ET LA THÈORIE DE L’ÉQUILIBRE GÉNÉRAL

Avez-vous jamais entendu parler de l’économie Néoclassique, ou encore de l’équilibre général des prix ? Je parie que la plupart ont répondu non. Dans cette article, vous allez découvrir qui est Léon Walras, quel a été son apport à l’économie, et en quoi il est exceptionnel!

Un peu d’histoire

Léon Walras est un économiste français du 19ème siècle. Il est né en 1834 à Evreux. Dès son enfance il a été bercé par les théories économiques. En effet son père Auguste Walras était un passionné d’économie et il a manifestement déteint sur son fils.

Léon Walras (1813-1910)

Léon Walras devient plus tard un fervent militant socialiste. Ses connaissances économiques, il va les mettre au service de ses convictions. Ses réflexions vont l’amener à produire une critique des doctrines économiques de Proudhon.

Pour prouver aux partisans de Proudhon que les socialistes ne sont pas des utopistes, il devient chef d’une banque en 1864. Celle-ci, avait pour but d’encourager des entrepreneurs imaginatifs et audacieux à mettre sur pieds leurs entreprises. Toutefois ce ne sont pas ses exploits de banquiers qui l’ont rendu célèbre. Ce sont ses écrits qui en ont fait le fondateur de l’économie néoclassique.

Le fait marquant avec Walras c’est qu’il a eu beaucoup de mal à trouver sa voie. A la différence de nombreux de ses pairs il a entrepris une formation supérieure en sciences sociales après plusieurs tentatives en ingénierie. Ses convictions politiques n’ont pas facilité la reconnaissance de ses contemporains. Au final, c’est 40 ans après sa mort, en 1950 que les travaux de Walras seront appréciés à leur juste valeur par John Hicks. Grâce à ce dernier la théorie de Walras va connaitre un immense succès.

D’ailleurs en 1954, dans son ouvrage « Histoire de la pensée économique », Joseph Schumpeter le désigne comme le plus grand de tous les économistes. Désormais il est aussi connu comme l’un des précurseurs de l’école de Lausanne.

Pour en savoir plus sur le modèle Walrassien, ne ratez surtout pas la suite de l’article.

Le modèle Walrassien

Les travaux de Léon Walras ont consisté à démontrer que l’équilibre général de la concurrence était optimal.

Le grand livre de Léon Walras

Dans son ouvrage, « Eléments de Politique économique pure » en 1874, il émet l’idée que l’atteinte de l’équilibre de concurrence parfaite permettrait le plein emploi de toute la population active.

Pour lui le besoin d’acquérir un bien est influencé par la satisfaction qu’apporte la consommation dudit bien. Cette satisfaction doit être supérieure à l’effort consenti pour l’acquérir. Si la satisfaction est égale ou inférieure à l’effort d’achat alors, la consommation cesse. Ce qui signifie que l’utilité du bien est égale au prix du bien.

L’exemple de Paul

Pour illustrer ce raisonnement considérons Paul.

Paul boit de temps en temps du vin acheté au supermarché. Il aime son goût et la sensation qu’il lui procure mais surtout ce vin est plutôt abordable (moins de 20 € la bouteille).

Le voisin de Paul est vigneron. Il lui propose son nouveau cru en lui promettant qu’il a très bon goût. De plus ce nouveau cru a un prix plutôt modéré: 25 € la bouteille.

Si Paul fait l’effort de dépenser 5 € de plus et que ce vin s’avère digne d’un très grand cru, il sera heureux de son investissement. Il le renouvellera très probablement. Si par contre le vin est moins bon ou aussi bon que celui qu’il achète au supermarché, il n’éprouvera aucune satisfaction. Donc, n’éprouvera pas le besoin d’acheter à nouveau le vin du voisin.

Dans la suite de son raisonnement, Léon Walras décrit le fonctionnement de l’économie à partir du moment où tous les consommateurs égalisent l’utilité de bien avec le prix. Pour cela il réalise des équations mathématiques représentant l’autonomie des consommateurs face à la libre concurrence des entreprises. Ces calculs le conduisent à la conclusion qu’il existe un système des prix qui créé l’équilibre entre l’offre et la demande. C’est cela l’équilibre général de Walras.

Le commissaire priseur de Léon Walras

La traduction de la pensée de Walras a introduit un personnage incontournable dans le modèle d’équilibre général de l’économie. Ce personnage c’est le commissaire-priseur.

Voir notre article sur Paul Samuelson

Pour beaucoup d’auteurs dont Paul Samuelson, le commissaire-priseur est celui qui annonce les prix des biens sur le marché. A côté, des agents font des offres et des demandes pour les marchandises présentées.

En fait beaucoup d’auteurs se représentent ce marché comme une salle d’enchères. Dans cette salle un nombre limité d’agents ont des marchandises à offrir et en face, d’autres agents sont présents pour acheter ces biens et vendre les leurs. Au milieu, un autre individu a pour fonction de fixer les prix de toutes les marchandises proposées et de l’annoncer aux agents. Ces derniers devront ensuite décider quelle marchandise offrir au prix annoncé, et quelle marchandise acheter à ce prix. Ce processus se tient ensuite jusqu’à la fin de l’ « enchère ».

Cependant dans l’œuvre originale de Walras, il n’évoque pas le commissaire-priseur responsable de réglementer la concurrence pure et parfaite du marché. Léon Walras évoque uniquement les agents. D’ailleurs, il précise que pour que la concurrence soit réellement pure et parfaite, le nombre des agents doit être limité sur chaque marché.

Pour Walras, les prix sont énoncés par les agents eux-mêmes. Ceux-ci enchérissent sur les prix des marchandises à échanger jusqu’à ce qu’ils trouvent un équilibre qui conviennent à l’offreur et au demandeur. Tant que l’équilibre n’est pas atteint, les agents revoient le prix au rabais.

Ce qu’il faut relever de cet échange, c’est le caractère public du prix. C’est même cet élément qui a apporté le malentendu dans la traduction. Car, Walras indique la fixation du prix en utilisant le mot « criée ». Le prix est donc crié pour que tout le monde puisse l’entendre et le négocier.

Deux types d’échange

Walras décrit deux types d’échanges.

Dans un premier temps, l’échange pur. Il correspond au troc d’une marchandise contre une autre. Pour lui tout individu est susceptible de faire lui-même des enchères. Puisque tous ne peuvent se rendre sur le marché, l’individu peut passer par un agent auquel il remet un ordre écrit contenant les valeurs attendues pour ses marchandises, et la quantité de marchandises qu’il est prêt à obtenir en échange. Ce marché s’apparente à la bourse en ceci que : si l’offre est supérieure à la demande la valeur du bien doit baisser ; si l’offre est inférieure à la demande, la valeur du bien augmente automatiquement ; et si l’offre est égale à la demande on atteint la valeur d’équilibre, et donc l’échange peut avoir lieu.

Léon Walras et l'échange pure

Pour l’illustrer, prenons l’exemple d’un marché ou on échange du lait contre du miel. Marie a 5 litres de lait à troquer contre 2.5 litres de miel. Mais l’acheteur de lait n’en veut que deux litre. Marie est obligée de baisser la quantité de miel désirée pour qu’elle soit équivalente à la quantité de miel demandée. Et vise versa pour le vendeur de miel. Pour que l’échange ait lieu, le vendeur de miel doit être d’accord de donner un litre de miel contre les deux litres de lait de Marie. Si les deux protagonistes sont d’accord, alors l’échange peut avoir lieu.

Dans un second temps, Walras analyse la production. Ici, les agents du marché sont connus. Les propriétaires fonciers, les capitalistes et les travailleurs achètent les produits et vendent des services producteurs. En face, les entrepreneurs vendent leurs produits et achètent les services producteurs.

Les agents atteignent la concurrence pure et parfaite dans cette théorie grâce à double liberté. En effet, les entrepreneurs sont libres d’augmenter leur production lorsqu’ils font du profit. Sinon ils peuvent la réduire en cas de perte. Tandis que les autres acteurs du marché sont libres de vendre leurs services au rabais et d’acheter les produits aux enchères.

Livres et Références

Joseph Schumpeter: Histoire de la pensée économique

Léon Walras: Eléments de Politique économique pure

Jean Boncoeur, Hervé Thouément : Histoire des idées économiques : De Walras aux contemporains

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