Les ministres de l’Agriculture des vingt-sept États membres de l’Union Européenne ont entériné, sans changement substantiel, l’assouplissement proposé mi-mars par la Commission européenne pour la révision de la Politique Agricole Commune (PAC). Cette décision a été prise malgré la présence de quelque 250 tracteurs dans le quartier européen de Bruxelles, signe de la persistance du mécontentement des agriculteurs européens.
« Toujours mécontents, les agriculteurs ont fait reculer l’Europe », constate Le Soir. La manifestation de mardi dernier, qui a rassemblé les agriculteurs dans la capitale belge, n’a pas empêché les ministres de l’Agriculture de valider à la majorité qualifiée cette révision de la PAC, laquelle détricote ses règles environnementales selon les termes du quotidien belge.
La révision a été soutenue par vingt-six États membres, l’Allemagne ayant choisi de s’abstenir lors d’un vote informel en marge d’une réunion de l’UE sur l’agriculture et la pêche à Bruxelles, selon The Telegraph, qui décrit cette décision comme une édulcoration de la politique verte européenne.
Ces mesures, sujettes à confirmation par le Parlement européen lors de sa plénière prévue fin avril, ont été qualifiées de « dérogations à foison » par Le Soir. Les propositions de la Commission européenne assouplissent les contraintes administratives pesant sur les agriculteurs, mais vont à l’encontre de la protection de l’environnement, souligne-t-il.
L’une des principales modifications permet aux États membres d’accorder des dérogations temporaires et ciblées à certaines conditions de la PAC en cas d’événements climatiques imprévus, détaille le journal belge. Cette flexibilité s’étend à environ deux tiers des « bonnes conditions agricoles et environnementales » nécessaires au versement des subventions de la PAC, d’après le décompte du Telegraph.
Parmi les exemptions accordées figurent notamment la couverture obligatoire des sols, la rotation des cultures et les règles foncières. Les petits exploitants de moins de 10 hectares ne seront plus tenus de se conformer aux contrôles et aux sanctions en matière d’environnement, alors même qu’ils reçoivent environ 65 % des aides de la PAC, observe le journal britannique.
Cette flexibilisation des exigences écologiques vise à apaiser les agriculteurs, dont la cause est considérée comme centrale à l’approche des élections européennes de juin, selon The Telegraph. Les manifestations agricoles sont source d’inquiétude pour les politiciens traditionnels, qui craignent une montée en puissance des partis qualifiés de droite dure, nationalistes ou populistes. Certains de ces partis, tels que le Rassemblement National français dirigé par Marine Le Pen, ont rallié la cause des agriculteurs pour renforcer leur soutien avant le scrutin.
Cependant, malgré ces concessions, les agriculteurs jugent les mesures de la Commission insuffisantes. Elles ont également été dénoncées par plusieurs organisations de défense de l’environnement, comme le rapporte Politico Europe. La manifestation des agriculteurs mardi à Bruxelles, qualifiée de « violente » par le site d’information, reflète l’opposition des agriculteurs aux politiques qu’ils estiment préjudiciables à leur activité. Cette manifestation, la troisième en deux mois dans le quartier européen, a vu les agriculteurs incendier des pneus et des bottes de foin, tandis que les forces de l’ordre ont riposté en utilisant des gaz lacrymogènes et des canons à eau.
Dans une lettre adressée à la présidente de la Commission, Ursula Von der Leyen, les groupes de défense de l’environnement ont critiqué les propositions visant à assouplir les réglementations applicables aux agriculteurs, arguant qu’elles « ignoraient complètement » les principes démocratiques de l’UE.
