Maintenant: Atos Remet En Question La Gestion De Thierry Breton

Atos, le géant des services informatiques, a récemment fait les gros titres avec l’annonce d’une perte record de 3,4 milliards d’euros pour l’année 2023, principalement attribuée à des dépréciations comptables. Cette débâcle financière jette une lumière crue sur les acquisitions coûteuses réalisées sous la direction de son ancien PDG, Thierry Breton.

Une grande partie de cette perte colossale, soit 2,5 milliards d’euros, découle de dépréciations d’actifs, réduisant la valeur des activités d’Atos, notamment dans des domaines clés tels que le cloud, le conseil et la cybersécurité. En particulier, la branche « Eviden » a subi des dévaluations massives, avec des pertes de valeur atteignant 2 milliards d’euros au bilan du groupe. Ces pertes sont largement attribuées aux acquisitions successives réalisées entre 2010 et 2018 sous la direction de Thierry Breton, incluant des entreprises telles que Syntel, Xerox et les activités informatiques de Siemens.

Les États-Unis, où Atos est principalement présent via sa filiale Syntel, représentent une part significative de ces pertes, avec près d’un milliard d’euros enregistrés. Cette situation symbolise ce que certains qualifient des « années Breton », marquées par une politique de croissance agressive. Cependant, cette stratégie semble aujourd’hui révéler ses failles, avec des acquisitions jugées excessivement onéreuses, comme celle de Syntel, qui aurait été « payée beaucoup trop cher », selon plusieurs cadres du groupe.

Cette période de croissance effrénée était l’apogée d’Atos, qui, à son zénith, figurait dans le prestigieux CAC et affichait une valorisation boursière de 10 milliards d’euros. Les acquisitions stratégiques de Thierry Breton semblaient propulser l’entreprise vers de nouveaux sommets, mais les récentes révélations indiquent que ces mouvements pourraient avoir été réalisés sans la prudence nécessaire.

La responsabilité de Thierry Breton dans cette situation est devenue un sujet de débat. Son successeur, Bertrand Meunier, a récemment critiqué la politique d’acquisitions menée sous sa direction, soulignant des choix discutables et une rémunération des contrats insuffisante au regard des coûts. Pourtant, Thierry Breton rejette ces accusations, affirmant qu’Atos n’avait aucune dette à son départ de l’entreprise.

Cependant, une analyse plus approfondie révèle que la dette nette d’Atos était loin d’être nulle. Bien que les propos de l’ancien PDG sur l’absence de dette « nette » puissent être exacts, la dette « brute » atteignait 5,4 milliards d’euros fin 2019. Les ventes d’actions de Worldline, une filiale d’Atos, ont permis de masquer temporairement cette dette, mais elles n’ont pas suffi à résoudre complètement le problème.

La vente d’actions Worldline a également été utilisée pour financer le rachat de Syntel, illustrant une stratégie visant à maintenir une apparence de stabilité financière tout en poursuivant une croissance basée sur l’endettement. Cette pratique, bien que courante dans le monde des affaires, soulève des questions sur la viabilité à long terme de telles opérations.

Malgré les revers récents, Thierry Breton continue de défendre sa gestion passée d’Atos, mettant en avant la valorisation élevée de l’entreprise pendant son mandat. Cependant, les chiffres actuels peignent un tableau bien différent, avec une chute spectaculaire de la valeur de l’action d’Atos depuis son départ.

En conclusion, l’histoire d’Atos met en lumière les risques inhérents à une croissance basée sur des acquisitions coûteuses et une dette importante. Alors que l’entreprise tente de se remettre de ses pertes, elle devra adopter une approche plus prudente et durable pour restaurer la confiance des investisseurs et assurer sa pérennité sur le marché mondial de la technologie.

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