L’année 2024 s’est amorcée avec des défis majeurs pour l’industrie automobile, laissant présager des turbulences économiques et politiques à venir. Les grandes entreprises du secteur, telles que Stellantis, Volkswagen et Mercedes, sont confrontées à des bouleversements importants qui pourraient redéfinir l’avenir de l’automobile.
En Allemagne, le cœur de l’industrie automobile européenne, des signes inquiétants se manifestent. Malgré les efforts de Volkswagen pour relancer les ventes en ajustant les prix de certains de ses véhicules électriques, les nuages sombres persistent. Le géant ZF, fournisseur clé de l’ensemble de l’industrie automobile, annonce des milliers de suppressions d’emplois, tandis que Bosch projette de réduire son effectif de 1200 postes. Le centre de gestion automobile allemand (CAM) émet un avertissement alarmant, prévoyant une baisse de 20 % du nombre d’employés chez les constructeurs et équipementiers automobiles en Allemagne. La transition massive vers l’électrification des véhicules semble déclencher une première vague de licenciements, mettant en péril la stabilité du marché de l’emploi automobile européen.
Face à ces défis, Oliver Blume, PDG du groupe Volkswagen, s’est exprimé lors d’une rencontre à Davos, soulignant la nécessité pour l’Allemagne de considérer la situation actuelle comme une opportunité. Cependant, la réalité sur le terrain est moins optimiste, notamment pour les concessionnaires Mercedes en Allemagne. La marque de luxe a annoncé son intention de se séparer de tous ses points de vente outre-Rhin, optant pour le modèle d’agence. Cette décision clôture une procédure de séparation visant à recentrer les efforts de l’entreprise sur le développement des nouvelles technologies, jugées plus cruciales que les investissements dans la vente.
Le modèle d’agence permet au siège social de Mercedes de contrôler la politique de prix, mettant fin aux batailles de rabais entre régions. Cependant, elle restreint la liberté entrepreneuriale des concessionnaires, qui fonctionneront avec des commissions fixes. Cette transition reflète les défis croissants liés à l’électrification, où des projets ambitieux tels que la Classe G électrique exigent des investissements considérables.
Au-delà de l’Allemagne, l’industrie automobile doit également faire face à des incertitudes politiques en 2024. Les élections présidentielles américaines, avec Donald Trump en lice pour les Républicains, et les élections européennes risquent de provoquer des changements de législation susceptibles d’impact sur les constructeurs. Carlos Tavares, PDG de Stellantis, souligne l’importance de rester vigilant face à ces résultats électoraux. Il envisage deux scénarios possibles : une accélération de l’électrification en cas de victoire des « progressistes dogmatiques », ou un ralentissement si les « populistes » l’emportent.
Les inquiétudes de Tavares concernent également la guerre des prix, une menace pour les constructeurs fragiles qui pourraient se retrouver en position de faiblesse. L’Association centrale allemande du commerce automobile partage cette préoccupation, anticipant un retour des conditions de pré-Covid avec des rabais revenant aux niveaux de 2019 dans les mois à venir. Bien que cela puisse stimuler les volumes de ventes, cela pourrait compromettre les marges des entreprises du secteur.
En résumé, l’industrie automobile est actuellement à la croisée des chemins, confrontée à des enjeux économiques, politiques et technologiques majeurs. Les décisions prises par des géants tels que Stellantis, Volkswagen et Mercedes pour s’adapter à ces défis pourraient redéfinir le paysage automobile mondial dans les années à venir.
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