Maintenant, France En Crise Et Impôts En Vue

L’INSEE vient de confirmer la catastrophe:. Initialement envisagé à 4,9 % du PIB, le déficit a finalement explosé pour atteindre 5,5 %, soit 154 milliards d’euros, bouleversant ainsi la trajectoire de désendettement tant espérée.

Il faut savoir que chaque dixième de point de PIB de déficit supplémentaire équivaut à environ 3 milliards d’euros de déficit supplémentaire. Ainsi, avec un déficit de 5,6 % au lieu des 4,9 % prévus, l’écart se chiffre à quelque 20 milliards d’euros.

Cette révision à la hausse place la France parmi les mauvais élèves de la zone euro sur le plan financier. De plus, avec une dette s’élevant à 110,6 % du PIB, le pays doit faire face à des défis considérables pour restaurer sa crédibilité économique sur la scène européenne et auprès des marchés financiers, en attendant les évaluations des agences de notation.

Les raisons de cette débâcle budgétaire sont multiples, mais notamment attribuables à des recettes bien inférieures aux attentes de l’année précédente, soit plus de 7 milliards d’euros en deçà des prévisions gouvernementales. L’Insee souligne que les recettes ont considérablement ralenti en 2023, ne progressant que de 2,0 % après une augmentation de 7,4 % en 2022.

Cette dérive budgétaire éloigne la France de la trajectoire prévue pour réduire progressivement son déficit à 2,7 % d’ici 2027. Bruno Le Maire, adoptant une posture plus mesurée, assure désormais que le gouvernement tiendra son engagement de passer sous la barre des 3 % du PIB d’ici la fin du quinquennat, quoiqu’il en coûte… Mais les projections de Bercy indiquent pour les années à venir, si aucune mesure corrective n’est prise, une augmentation du déficit à 5,7 % en 2024 et à 5,9 % en 2025

Pour parvenir a son objectif, l’exécutif écarte pour l’instant toute augmentation d’impôts, préférant se concentrer sur la réduction des dépenses. Cependant, malgré une légère décélération par rapport à l’année précédente, les dépenses ont augmenté de 3,7 % en 2023, loin d’être suffisant pour rétablir l’équilibre budgétaire. D’autant que malgré les annonces de gel de crédits ministériels, le gouvernement se retrouve confronté à une réalité implacable : les dépenses continuent de peser lourdement sur les finances publiques. Et de nouvelles dépenses continuent d’être engagées, que ce soit pour soutenir les agriculteurs, renforcer les hôpitaux en difficulté ou accorder des primes exceptionnelles aux fonctionnaires.

Face à cette impasse, le gouvernement a déjà mis en œuvre un plan d’économies d’urgence de 10 milliards d’euros pour l’année en cours, avec des prévisions encore plus draconiennes pour l’année suivante. La Cour des comptes estime même que des coupes budgétaires de l’ordre de 50 milliards d’euros seront nécessaires d’ici 2027 pour atteindre l’objectif budgétaire fixé.

Bref, l’attention se tourne inévitablement vers le modèle social français, qui représente une part considérable des dépenses de l’État. Avec un coût annuel de 850 milliards d’euros, le financement de la protection sociale pèse lourdement sur les finances publiques, représentant 56% des dépenses de l’État et un tiers du PIB.

Les principaux postes de dépenses de ce modèle social sont les retraites et la santé, ce dernier représentant 10 à 11 points de PIB. Une des mesures envisagées pour réaliser des économies serait de ne pas revaloriser les retraites à la hauteur de l’inflation, ce qui permettrait d’économiser jusqu’à trois milliards d’euros. Cependant, cette option est politiquement risquée étant donné le poids électoral des personnes âgées, un électorat souvent favorable au président Macron.

Pour atteindre ces objectifs d’économies, le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, appelle à une prise de conscience collective et à des choix responsables dans la dépense publique. Il sollicite également la contribution des « opérateurs de l’État » pour proposer des solutions d’économies sur leurs budgets respectifs. Des ajustements sont également envisagés dans les budgets de l’État, les dépenses sociales et les collectivités locales, avec des pistes telles qu’un moins bon remboursement des dépenses de santé en fonction du revenu. Le premier ministre, lui, dit vouloir « un modèle social moins coûteux » et « plus efficace ».

D’autant que le volet Impôts va probablement refaire surface. Certe, dans un premier temps, Bruno Le Maire a dit qu’il ne les augmenteraient pas… mais son discourt commence à changer.  il s’est montré favorable à une « imposition minimale sur les plus hauts revenus », une mesure qui pourrait être déployée aux niveaux européen et international. Cette proposition vise à éviter toute fuite fiscale des contribuables les plus fortunés, une préoccupation importante dans le contexte actuel de mondialisation des échanges

Le ministre a souligné sa volonté d’agir sur ce sujet et s’est déclaré ouvert à toutes les discussions. 

D’autant que la majorité pousse vers plus d’impôts: La présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, prend une position audacieuse sur la question de la taxation des grandes entreprises, ouvrant ainsi un débat au sein de la majorité présidentielle. Elle exprime sa volonté d’examiner la possibilité de taxer les superdividendes et les superprofits des entreprises, soulignant qu’une réflexion est nécessaire sur cette question, notamment dans le contexte de besoins financiers exceptionnels de l’État.

Cette position est soutenue par d’autres membres de la majorité, notamment François Bayrou, président du Modem, et des députés du groupe Renaissance. Ces voix appellent à une réflexion sérieuse sur la question de l’augmentation des impôts, mettant en avant la nécessité de mobiliser des ressources financières supplémentaires pour faire face aux dépenses exceptionnelles engendrées par la crise du Covid-19 et les défis énergétiques.

Les propositions avancées incluent la taxation des superprofits et superdividendes des entreprises, ainsi que des taxes ciblées sur les plus hauts revenus, y compris les milliardaires et les dirigeants d’entreprises. Certains députés soutiennent même l’idée d’un encadrement des très hauts salaires des dirigeants d’entreprise, soulignant l’importance d’une répartition équitable des richesses.

Malgré ces divergences, l’opinion publique semble favorable à une taxation temporaire des superprofits des entreprises, ce qui pourrait influencer la prise de décision au niveau gouvernemental.

Dans ce contexte, l’attitude du ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, est scrutée de près. Bien que traditionnellement opposé à toute augmentation d’impôts, sa position pourrait évoluer en fonction des besoins financiers du pays et de l’opinion publique. En fin de compte, la capacité de la majorité présidentielle à trouver un consensus sur cette question déterminera la direction que prendra la politique fiscale du gouvernement.

Sources:

https://www.leparisien.fr/economie/20-milliards-deuros-deconomie-pour-2025-quelles-pistes-possibles-pour-le-gouvernement-06-03-2024-J4DIDGWJUFA3FBTDALKLZHWPNE.php

https://www.lefigaro.fr/conjoncture/le-deficit-public-2023-derape-a-5-5-20240326

https://www.capital.fr/economie-politique/bruno-le-maire-plaide-finalement-pour-une-imposition-minimale-sur-les-plus-hauts-revenus-1494282

https://www.europe1.fr/economie/dette-de-la-france-face-aux-deficits-la-majorite-divisee-sur-la-hausse-des-impots-4237849

https://www.huffingtonpost.fr/politique/article/deficit-ce-que-revelera-ou-non-le-chiffre-aggrave-de-la-dette-que-va-devoiler-l-insee-clx1_231713.html

https://www.europe1.fr/economie/malgre-la-situation-budgetaire-le-gouvernement-continue-a-depenser-des-milliards-deuros-4237657

https://www.ladepeche.fr/2024/03/26/augmenter-les-impots-la-solution-au-deficit-public-quatre-points-pour-comprendre-ce-que-peut-faire-le-gouvernement-11848148.php

https://www.lefigaro.fr/politique/finances-publiques-nous-empruntons-le-meme-chemin-que-la-grece-cingle-eric-ciotti-20240320

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