Maintenant, Ils Veulent Taxer les Loyers Fictifs

Les loyers fictifs, un concept aussi étrange que controversé, suscitent des débats animés parmi les propriétaires immobiliers, les économistes de gauche et les experts en fiscalité redistributive. Imaginer taxer des loyers qui n’existent pas peut sembler farfelu, mais plusieurs pays européens, dont le Danemark, la Suède, les Pays-Bas, la Belgique et la Suisse, ont déjà adopté cette idée. Même la France a eu recours à ce concept jusqu’en 1965, comme le révèle une étude récente de l’Insee publiée le 19 décembre.

Les auteurs de cette étude, Montserrat Botey de l’OFCE (Observatoire français des conjonctures économiques) et Guillaume Chapelle, économiste du logement à l’Université de Cergy, se penchent sur les implications de la non-application de cette taxation en France. Intitulée « Un cadeau pour Harpagon? », en référence au personnage avare de Molière, leur étude met en lumière un possible « biais en faveur des propriétaires occupants ».

Dans un contexte de « creusement spectaculaire des inégalités de richesse », les chercheurs soulignent que la non-application de la taxe sur les loyers fictifs bénéficie principalement aux ménages plus âgés et plus riches. Ils considèrent cette exonération comme un « cadeau fiscal » aux propriétaires occupants, même en tenant compte de l’existence de la taxe foncière.

L’étude va plus loin en estimant le manque à gagner résultant de cette « subvention fiscale ». Montserrat Botey et Guillaume Chapelle affirment que cette non-taxation représente une « subvention » de 9 à 11 milliards d’euros, soit près d’un quart des subventions consacrées au logement. La transformation d’un concept fictif en une subvention réelle soulève des questions sur la pertinence d’une telle approche.

Il est intéressant de noter que l’étude, bien que récemment publiée, a été menée en 2022, à l’apogée du marché immobilier. Les auteurs soulignent que la hausse des prix de l’immobilier contribue largement aux disparités croissantes de richesse. Ils admettent cependant que, dans une perspective de baisse des prix, ces disparités pourraient naturellement se réduire. Cette observation pourrait remettre en question la nécessité de taxer les loyers fictifs en période de marché immobilier à la baisse.

Le débat autour de la taxation des loyers fictifs révèle des dilemmes profonds concernant les inégalités de patrimoine et les avantages perçus par les propriétaires occupants. Alors que certains voient cette taxe comme une mesure de justice sociale, d’autres la considèrent comme une imposition injuste. La question demeure : comment équilibrer la nécessité de générer des recettes fiscales avec le souci de ne pas pénaliser excessivement les propriétaires occupants, en particulier les plus âgés et les plus riches ?

Le concept de taxer les loyers fictifs soulève également des préoccupations sur la façon dont les politiques fiscales influent sur le marché immobilier. En période de fluctuations des prix, les effets de cette taxe pourraient varier considérablement, ce qui souligne l’importance de considérer le contexte économique dans lequel elle serait appliquée.

En conclusion, l’étude de Montserrat Botey et Guillaume Chapelle offre une perspective approfondie sur les implications de la non-taxation des loyers fictifs en France. Elle alimente le débat sur les inégalités de patrimoine et souligne la nécessité d’une réflexion approfondie avant d’adopter des mesures fiscales aussi controversées. Le dilemme entre équité et efficacité fiscale persiste, laissant les décideurs politiques face à un choix complexe et délicat.

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Source

Merci à Frederic, Philippe et Laurent: 

https://immobilier.lefigaro.fr/article/cette-etude-compte-relancer-l-idee-de-taxer-les-loyers-fictifs-des-proprietaires-occupants_1f001108-a005-11ee-934b-c20cfe070716/

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