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Le service national universel (SNU) entre dans un nouveau chapitre de son histoire controversée. Après les annonces d’Emmanuel Macron sur son caractère obligatoire, puis les clarifications apportées par la secrétaire d’État Sarah El Haïry, le gouvernement présente maintenant un projet inédit aux syndicats.

Pour progressivement généraliser le SNU, l’exécutif souhaite introduire une forme de « volontariat collectif » en créant des « classes d’engagement » thématiques dans les lycées. Cette initiative viendrait s’ajouter à la forme actuelle du SNU, qui repose sur le « volontariat individuel » des jeunes.

Selon nos informations, dès septembre prochain, tous les enseignants ou chefs d’établissement des lycées pourront répondre à un appel à projet afin d’obtenir ce label, en présentant un programme pédagogique devant être approuvé par le conseil d’administration de l’établissement concerné.

Une fois le label obtenu, les élèves de seconde d’une ou plusieurs classes du lycée réaliseront les douze jours de séjour de cohésion pendant le temps scolaire. Les professeurs à l’origine de ces classes d’engagement seront récompensés financièrement grâce au « Pacte » annoncé par le chef de l’État. Ils pourront également accompagner leur classe pendant une partie du séjour de cohésion.

À ce stade, le gouvernement envisage la possibilité pour les jeunes de refuser de participer à ces séjours de cohésion. Ceux qui acceptent cette option seront récompensés sur Parcoursup. Il semble que l’Élysée ait demandé à ses équipes de préserver le SNU à tout prix, en atténuant ce qui suscite le plus de critiques, à savoir l’obligation. L’objectif est de développer le SNU ultérieurement sans faire de vagues.

Les séjours de cohésion fonctionneront selon le même modèle que le SNU actuel, avec un encadrement assuré par des personnels de l’Éducation nationale, de l’Éducation populaire et d’anciens militaires. Cependant, la présence de gradés dans le dispositif soulève des questions, surtout après les révélations sur des cas de violences sexistes et sexuelles impliquant certains d’entre eux, dénoncées par de nombreux syndicats et politiciens.

Ce nouveau SNU 2.0 maintiendra l’uniforme, avec la participation à la levée des couleurs et à la Marseillaise chaque matin. Tous les frais liés au séjour (transport, hébergement, projet pédagogique) seront pris en charge par l’Éducation nationale et non par l’établissement. Cela suscite des réactions négatives parmi les enseignants, qui sont indignés que cette « lubie du président » soit priorisée par rapport à d’autres programmes pédagogiques, alors qu’ils ont du mal à financer leurs propres sorties scolaires.

Contrairement aux séjours de cohésion actuels, les nouvelles classes d’engagement impliqueront des cohortes de jeunes entières plutôt que des groupes dispersés sur tout le territoire. Cette nouveauté remet en question la promesse de mixité sociale mise en avant par Sarah El Haïry pour vanter les mérites du SNU.

Cette nouvelle étape vers la généralisation du SNU présente un défi logistique majeur, notamment pour les services départementaux de la jeunesse, de l’engagement et des sports. Ce sont ces services qui gèrent les imprévus techniques liés aux centres SNU. En avril, des problèmes de transport ont contraint de nombreux mineurs de la zone B à trouver une solution de repli en urgence. Ces difficultés risquent-elles de se multiplier avec ces nouvelles classes d’engagement ?

Au-delà des questions d’organisation, l’influence de l’armée dans les établissements scolaires suscite des inquiétudes. Une syndicaliste reçue par Sarah El Haïry cette semaine déplore une « militarisation du lycée ». Selon elle, c’est moins l’Éducation nationale qui s’insère dans l’armée que la discipline militaire et ses symboles qui s’immiscent dans l’Éducation nationale.

Source:

https://www.politis.fr/articles/2023/05/info-politis-lexecutif-veut-deployer-le-snu-dans-les-lycees/

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