Maintenant, Le Krach De L’immobilier Neuf Est Confirmé

Les réservations de logements neufs auprès des promoteurs immobiliers sont tombées sous la barre des 20.000 au premier trimestre 2023. Un niveau historiquement bas, en dessous de celui du deuxième trimestre 2020, en plein confinement. Les promoteurs pâtissent d’un contexte économique très défavorable, pris entre la hausse des coûts de construction et les difficultés d’accès au crédit pour les acquéreurs. Les grandes fédérations du logement et de l’immobilier appellent le gouvernement à mettre en place des mesures « immédiates et puissantes ».

La chute des réservations est aussi marquée pour les appartements que pour les maisons. Elle concerne tous les types de territoires, mais est particulièrement vertigineuse dans les grandes agglomérations et à la périphérie de villes très tendues.

La chute des réservations est aussi marquée pour les appartements que pour les maisons. Elle concerne tous les types de territoires, mais est particulièrement vertigineuse dans les grandes agglomérations et à la périphérie de villes très tendues. (Crédits : BENOIT TESSIER) La commercialisation de logements neufs recule pour le quatrième trimestre consécutif. Avec 19.487 logements réservés auprès des promoteurs immobiliers entre janvier et mars, c’est ainsi une baisse de 41% par rapport à un auparavant, selon les statistiques provisoires du ministère de la Transition écologique, publiées ce mardi 16 mai. Ce niveau historiquement bas se situe même en dessous de celui du deuxième trimestre 2020, en plein confinement.

« C’est une catastrophe. On fait -41% sur les chiffres 2022 qui étaient déjà mauvais », a réagi auprès de l’AFP Pascal Boulanger, président de la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI). Le professionnel craint ainsi de graves conséquences pour les entreprises et l’emploi.

« D’ici quelques semaines, vous allez avoir de la casse très rapidement. Je commence à avoir des entreprises qui m’appellent et me disent au secours », a-t-il ajouté. La chute des réservations est aussi marquée pour les appartements, cœur de métier des promoteurs, que pour les maisons. Elle concerne tous les types de territoires, mais est particulièrement vertigineuse (-48%) en zone B1. Pour rappel, cette dernière correspond aux grandes agglomérations comme Bordeaux, Strasbourg, Rennes ou Nantes, et à la périphérie de villes très tendues comme Lyon et Lille.

À noter que les mises en vente, qui représentent l’offre nouvelle des promoteurs, commencent, elles aussi, à décrocher, avec une baisse de 9% en un trimestre et de 15% sur un an. Résultat, l’encours de logements neufs disponibles à la vente dépasse 123.000, en hausse constante depuis début 2022.

« C’est complètement fou, ça veut dire qu’on est en panne. On a déjà peu d’offre, et le peu qu’on a en offres, on ne le vend pas… », a indiqué Pascal Boulanger.

Les professionnels montent au créneau

Dans une lettre ouverte à Emmanuel Macron rendue publique lundi, Pascal Boulanger et cinq autres dirigeants des grandes fédérations du logement et de l’immobilier ont appelé le gouvernement à un « électrochoc ».

« Des mesures applicables immédiatement et puissantes sont nécessaires pour éviter que cette crise ne s’accentue encore (…). Nous attendons désormais non plus une énième concertation, mais l’expression d’une volonté présidentielle claire et ambitieuse ainsi que des mesures chiffrées, un calendrier de mise en œuvre rapide et des moyens financiers adaptés aux enjeux », ont-ils fait savoir.

La semaine dernière, pour sortir les promoteurs immobiliers et les bailleurs sociaux de l’impasse, la filiale logement de la Caisse des Dépôts et consignations a annoncé leur commander 17.000 logements neufs, moyennant 3,5 milliards d’euros. Une mesure qui fait partie de la feuille de route gouvernementale des « Cent jours » présentée fin avril par la Première ministre, au lendemain de la séquence politique sur la réforme des retraites.

Des crédits trop difficilement accessibles

Les promoteurs pâtissent d’un contexte économique très défavorable, pris entre la hausse des coûts de construction et les difficultés d’accès au crédit pour les acquéreurs. Depuis plusieurs mois, en effet, suite à la montée des taux d’intérêt des banques centrales, les conditions de crédits se sont durcies pour les particuliers auprès des banques de détail. Face à ce « ralentissement notable » du crédit immobilier constaté depuis « début 2022 », les banques françaises sont prêtes à « discuter » d’assouplissements réglementaires. Elles sont prêtes à imaginer des « dérogations » sur certains dossiers qui auraient du être refusés selon leurs critères initiaux.

« Dans le cadre des critères actuels et si les autorités nous y invitent, nous sommes prêts à discuter pour simplifier ces poches de dérogation sur les conditions d’octroi des crédits », a déclaré vendredi la directrice générale de la Fédération bancaire française (FBF), Maya Atig, dans une interview au Parisien.

Un phénomène général

Ce durcissement de l’accès au crédit n’est toutefois pas propre à la France. Au premier trimestre 2023, les banques de la zone euro ont procédé à un durcissement des conditions d’octroi des prêts au logement consentis aux ménages. Cela intervient après un resserrement déjà observé aux trimestres précédents et confirme que la politique de hausse des taux d’intérêt et de diminution des injections de liquidités de la Banque centrale européenne pour combattre l’inflation produit ses effets. L’institution devrait d’ailleurs poursuivre encore cette stratégie.

Outre-Atlantique aussi, les établissements bancaires américains ont réduit l’accès au crédit depuis le début de l’année. Cette tendance devrait se poursuivre en 2023, les récentes faillites de banques aux États-Unis ayant rendu les établissements frileux pour prêter de l’argent à leurs clients, selon une enquête réalisée par la banque centrale américaine.

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