Depuis le début de la semaine, les agriculteurs allemands sont en ébullition, bloquant les routes pour manifester leur mécontentement et exiger des réponses de la part du gouvernement. Cette fronde, qui s’étend au-delà des frontières allemandes, trouve écho dans d’autres pays européens confrontés à des problématiques similaires.
La crise allemande : Fin des subventions au diesel agricole
À l’origine de la colère des agriculteurs allemands, la suppression des subventions au diesel agricole a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Le président de l’Union des agriculteurs allemands (DBV), Joachim Rukwied, estime que cette mesure entraînera un coût supplémentaire d’un milliard d’euros pour les professionnels du secteur. Le gouvernement d’Olaf Scholz a pris cette décision après l’annulation par la Cour constitutionnelle de 60 milliards d’euros d’investissements d’avenir en novembre, contraignant l’exécutif à réduire ses dépenses pour les années 2023 et 2024.
Face à la pression des agriculteurs, le gouvernement a tenté de trouver un compromis en maintenant l’avantage fiscal sur le gazole agricole, mais en le supprimant progressivement jusqu’en 2026. Cependant, ces concessions n’ont pas suffi à apaiser la colère des manifestants, qui continuent de bloquer les grandes villes du pays avec leurs tracteurs.
Solidarité en Pologne et préoccupations en Europe de l’Est
La Pologne a également connu des manifestations agricoles, avec des agriculteurs bloquant un important poste frontalier avec l’Ukraine en raison de la chute des prix liée aux importations de céréales ukrainiennes. Un accord a été signé avec le ministre polonais de l’Agriculture, prévoyant la mise en place de subventions et de prêts bon marché pour la production.
Au-delà des frontières allemandes, d’autres pays d’Europe de l’Est, tels que la Bulgarie, la Slovaquie, la Roumanie, et la Hongrie, ont également été touchés par l’arrivée massive de céréales ukrainiennes sur leurs marchés, causant une baisse des prix locaux et des difficultés pour les producteurs.
Problèmes aux Pays-Bas : Les agriculteurs contre la réduction des émissions d’azote
Aux Pays-Bas, la grogne des agriculteurs s’est manifestée en début d’année 2023, s’opposant aux projets gouvernementaux de réduction des émissions d’azote. Cet effort vise à diminuer les émissions de gaz à effet de serre provenant des engrais et des effluents liés à l’agriculture, mais les agriculteurs estiment que cela met en péril leur élevage. Malgré l’annonce d’un déblocage de 25 milliards d’euros d’ici 2035 pour aider le secteur à s’adapter, une nouvelle force politique, le Mouvement agriculteur-citoyen (BBB), est né de cette contestation.
Résonance en France : Les agriculteurs retournent les panneaux
En France, les agriculteurs ont exprimé leur mécontentement de manière similaire en novembre dernier, en retournant des panneaux signalétiques d’entrée de villes pour dénoncer les incohérences des politiques nationales et européennes. Les préoccupations portaient sur des questions telles que l’augmentation de la redevance sur l’eau et les produits phytosanitaires, la fin progressive de la défiscalisation du gazole non routier, ainsi que les implications potentielles d’un accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur (Brésil, l’Argentine, l’Uruguay, le Paraguay).
En outre, les agriculteurs français étaient ulcérés par les reports successifs de la future loi d’orientation agricole, destinée à assurer la transmission des exploitations, l’installation de jeunes agriculteurs, et la transition environnementale du secteur. Initialement prévue pour l’été 2023, puis reportée à plusieurs reprises, cette loi est désormais attendue en 2024, ajoutant ainsi à la frustration des agriculteurs français.
Conclusion : Une crise agricole européenne aux multiples facettes
La colère des agriculteurs allemands, polonais, néerlandais, et français souligne une crise agricole complexe et multifacette en Europe. Les préoccupations liées aux subventions, aux importations de produits étrangers, aux mesures environnementales et aux incertitudes politiques contribuent à une atmosphère de mécontentement généralisé au sein de la communauté agricole. Les gouvernements européens seront confrontés au défi délicat de trouver des solutions équilibrées pour répondre aux besoins des agriculteurs tout en respectant les engagements environnementaux et économiques.
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