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La réélection triomphale de Nayib Bukele à la présidence du Salvador et la domination de son alliance aux élections municipales du 3 mars dernier ont suscité un intérêt considérable, voire une admiration, au sein de plusieurs pays voisins. Cette tendance, baptisée la « bukélisation », représente une nouvelle orientation politique qui commence à prendre racine dans la région latino-américaine. Toutefois, derrière les succès apparents de Bukele se cachent des préoccupations quant aux atteintes aux droits humains et à l’érosion des principes démocratiques.

Le El Salvador, dirigé par Nayib Bukele, a enregistré une baisse spectaculaire de la criminalité sous sa présidence, avec une diminution de 93 % du taux d’homicides selon les chiffres officiels. Cette réussite indéniable en matière de sécurité a suscité l’intérêt des gouvernements voisins, qui cherchent à s’inspirer des méthodes de Bukele pour lutter contre les gangs. Des initiatives telles que la construction de méga-prisons ont été envisagées dans d’autres pays de la région, comme la Colombie et l’Équateur, reflétant l’influence croissante du modèle de sécurité adopté par Bukele.

Cependant, cette « bukélisation » ne se limite pas à des politiques de sécurité strictes. Elle englobe également une approche politique marquée par une communication habile et une centralisation du pouvoir. Bukele est reconnu comme un maître de la communication politique, utilisant efficacement les médias sociaux pour façonner son image et promouvoir ses politiques. Cette stratégie de communication contribue à renforcer sa popularité non seulement au Salvador, mais aussi dans d’autres pays d’Amérique latine où son nom est devenu synonyme de leadership fort et de succès apparent dans la lutte contre la criminalité.

Cependant, derrière cette façade de succès et de popularité, se cachent des préoccupations sérieuses concernant les droits humains et la santé de la démocratie. Les méthodes employées par Bukele pour maintenir l’ordre public ont été critiquées pour leur brutalité et leur violation des libertés individuelles. Des rapports d’organisations telles qu’Amnesty International ont souligné une détérioration préoccupante de l’état de droit et des droits de l’homme au Salvador, mettant en garde contre une dérive autoritaire sous le gouvernement de Bukele.

Le phénomène de la « bukélisation » s’étend au-delà des frontières du Salvador, avec des politiciens et des candidats dans d’autres pays de la région adoptant des discours et des politiques similaires. Cependant, les résultats concrets de cette tendance restent mitigés, avec des exemples en Équateur et au Guatemala où les candidats se réclamant du « plan Bukele » ont été battus aux élections. De plus, certains gouvernements nouvellement élus ont pris leurs distances par rapport au modèle de Bukele, affirmant leur engagement envers le respect des droits humains et des principes démocratiques.

En fin de compte, la « bukélisation » présente un dilemme pour l’Amérique latine, qui se trouve entre la nécessité de lutter contre la criminalité endémique et le respect des droits fondamentaux et des principes démocratiques. Alors que certains voient en Bukele un exemple à suivre pour résoudre les problèmes de sécurité, d’autres s’inquiètent de la consolidation du pouvoir et des violations des droits humains qui accompagnent souvent de telles politiques. L’avenir de la région dépendra de sa capacité à trouver un équilibre entre ces impératifs concurrents et à protéger les fondements de la démocratie tout en assurant la sécurité de ses citoyens.