Le 17 janvier dernier, le Parlement européen a adopté une proposition de résolution visant à instaurer une « conscience historique éclairée » parmi les Européens. Dirigée par l’eurodéputée allemande Sabine Verheyen, cette résolution suscite des débats passionnés quant à son contenu et à ses implications. Alors que certains saluent une tentative de reconnaissance des erreurs du passé, d’autres critiquent fermement ce qu’ils considèrent comme une approche ethnomasochiste.
La résolution, élaborée par la Commission de la culture et de l’éducation, met l’accent sur la nécessité d’une « conscience historique éclairée » tout en soulignant que « l’histoire ne doit jamais être relativisée, déformée ou falsifiée à des fins politiques ». Toutefois, certains points spécifiques de la résolution suscitent des inquiétudes et des critiques.
La liste des crimes du nazisme, du communisme, du fascisme et du colonialisme, énumérés dans la résolution, se concentre principalement sur l’ère moderne. Pour pallier cette limitation chronologique, la résolution pointe du doigt des maux supposés congénitaux, transformant ainsi l’histoire de l’Europe en une succession de méfaits. Des termes tels que « injustices fondées sur le genre, les croyances et l’appartenance ethnique » ainsi que « chauvinisme, stéréotypes sexistes, asymétries de pouvoir et inégalités structurelles » sont évoqués pour souligner ces prétendues tares historiques.
Face à ces « horreurs du passé », la résolution suggère l’abolition des repères nationaux au profit d’une approche « transfrontalière ». L’idée est de mettre en avant une « compréhension supranationale de l’histoire » en envisageant la création de manuels d’histoire transfrontaliers et transnationaux. Cette proposition vise à « faire tomber les barrières nationales » et à « remettre en cause les stéréotypes et les vaches sacrées des histoires nationales ». Cependant, des questions subsistent quant à la mise en œuvre de tels manuels et à leur impact sur l’éducation des jeunes générations.
L’approche multiculturelle et sensible au genre est également soulignée dans la résolution, avec l’objectif de lutter contre la marginalisation des femmes et d’autres groupes sous-représentés dans l’histoire. Cependant, certains craignent que cette approche ne laisse que peu de place à l’histoire nationale, limitant son rôle à une « autoréflexion critique » portant sur l’histoire et la responsabilité historique au niveau national.
Un point de préoccupation soulevé dans la résolution est la possibilité de créer un « mythe fondateur négatif » en racontant l’histoire de l’Union européenne de manière exclusivement critique. Certains estiment que cette approche pourrait conduire à une vision téléologique, simpliste et manichéenne de l’histoire, négligeant les contributions positives de l’Europe dans divers domaines tels que l’art, l’architecture, les sciences, l’invention, et d’autres aspects de la civilisation européenne.
Le vote sur cette résolution a été divisé, avec 409 eurodéputés en faveur, dont les députés Renaissance, 165 contre, dont les élus RN, et 35 abstentions, dont les élus LR dirigés par François-Xavier Bellamy. Ce dernier a expliqué que leur abstention visait à montrer leur désaccord sans pour autant rompre avec le groupe PPE auquel ils appartiennent.
En conclusion, la résolution du Parlement européen suscite un débat animé quant à la manière dont l’histoire européenne devrait être enseignée et interprétée. Entre la nécessité de reconnaître les erreurs du passé et les craintes d’une approche ethnomasochiste, il est clair que la question de la culpabilité historique reste un sujet sensible et complexe au sein de l’Union européenne.
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Sources
Merci à Christophe pour l’article:
https://www.bvoltaire.fr/au-parlement-europeen-on-a-vote-la-culpabilite-historique-de-lhomme-blanc/
