Le vent tourne à Mirafiori, l’emblématique usine de Fiat à Turin, avec un revirement qui pourrait bien marquer un tournant inattendu dans son histoire. Stellantis, dans une démarche presque surprenante, envisage de ramener une version thermique de la célèbre Fiat 500 à Mirafiori, un retour aux sources qui pourrait bien insuffler une nouvelle vie à cette installation historique. Cette décision intervient alors que Mirafiori, connu pour sa production de la Fiat 500 électrique et de certaines Maserati, fait face à des défis de sous-utilisation de ses capacités.
Avec la fin prochaine du cycle de production du SUV Maserati Levante, qui représente une part significative de l’activité quotidienne de l’usine, Mirafiori se dirige vers une période d’arrêt temporaire du 2 au 20 avril. Cette situation précaire a incité Stellantis à explorer différentes solutions pour relancer l’activité, y compris en envisageant la production de véhicules de la marque chinoise Leapmotor, une entreprise dans laquelle Stellantis détient des parts. Cependant, c’est la possibilité de produire une version thermique de la Fiat 500 qui capte désormais toute l’attention.
Cette version de la Fiat 500 utiliserait un moteur thermique à trois cylindres, une technologie qui devrait normalement être progressivement écartée en raison des régulations de plus en plus strictes en matière d’émissions en Europe, avec une interdiction prévue à partir de 2035. Stellantis envisage de déplacer la production de la Fiat 500 thermique de Tychy, en Pologne, et potentiellement du nouveau site prévu au Maroc, vers Turin. Une réunion récente entre les responsables et les concepteurs à Mirafiori a révélé que ce projet était réalisable, sous réserve de l’approbation finale de Carlos Tavares, PDG de Stellantis. L’idée est d’adapter la carrosserie de la Fiat 500 électrique pour accueillir le moteur Firefly, une décision qui pourrait stimuler temporairement la production à Mirafiori en attendant la future 500 électrique sur STLA Small. Une démarche qui, il y a quelques mois seulement, aurait été catégoriquement écartée par Fiat.
Malgré la transition vers la mobilité électrique en Europe et les défis persistants sur le marché italien, cette initiative pourrait non seulement relancer les volumes de production de l’usine (avec une projection de clôture sous les 50 000 unités pour 2024), mais aussi apaiser les tensions avec le gouvernement italien, qui vise une production d’un million de véhicules dans le pays, dont au moins 200 000 à Turin.
Cependant, ce choix stratégique soulève des questions logistiques importantes. Les moteurs Stellantis en Europe sont actuellement produits en Pologne, mais avec la fermeture annoncée de cette installation en début d’année, Stellantis pourrait devoir se tourner vers ses usines brésiliennes pour l’approvisionnement en moteurs.
En parallèle, l’option de produire des voitures Leapmotor reste sur la table, bien que ce projet en soit encore à ses débuts. Cette décision de revenir à une version thermique de la Fiat 500 à Mirafiori témoigne des défis complexes auxquels l’industrie automobile est confrontée dans sa transition vers une mobilité plus durable, tout en soulignant la nécessité de trouver des solutions pragmatiques pour maintenir la compétitivité et l’emploi dans des régions fortement dépendantes de l’industrie automobile traditionnelle.
