Nestlé : L’Entreprise La Plus Diabolique Du Monde

Si demain vous vous réveillez et devenez patron de Nestlé, mais que vous apprenez qu’un produit vendu est dangereux pour le client. Et que ces clients sont des clients du tiers monde. Et que le produit vendu l’est ainsi car vous avez dû céder aux demandes d’une  association. Que feriez-vous? Arrêterez vous directement vos ventes au tiers monde, quitte à vous faire insulter par le publique et voire la réputation, et donc les ventes de vos produits, baisser? Ou étouffez- vous l’affaire jusqu’à ce que vous ne puissiez plus le faire?

Baby Killer

Après s’être battue pour que les entreprises de lait pour bébé, telles que Nestlé, vendent leur produit dans le tiers-monde, et ce, très peu cher, War on Want (la guerre contre la pauvreté), une association britannique publie, en mars 1974 une brochure intitulée “Baby Killer” (tueur de bébés). C’est ainsi que démarrera la polémique qui entoure les biberons empoisonnés du tiers monde.

Imaginez, vous êtes une association qui se bat contre la faim et la pauvreté dans le monde. Après s’être battues pour que Nestlé et Cow and Gate mettent leurs profits de côté, au bénéfice du tiers monde, vous vous rendez compte que le produit que vous les avez poussé à vendre tue beaucoup de nourrissons. Que faites vous? Essayez vous de régler cela en interne, etouffez vous l’affaire ou clamez vous sur tous les toits à quel point ces entreprises sont horribles? 

War on Want a choisi cette dernière option. Se retournant pour mordre l main qui la nourrit, la brochure, qui se voulait courageuse et audacieuse disait:

 » Dans le tiers monde, des bébés meurent parce que leurs mères les nourrissent avec du lait en poudre pour bébés, de type  » occidental « . Parmi les survivants, nombreux sont ceux qui entrent dans un cercle vicieux de malnutrition et de maladie, qui les laissera physiquement et intellectuellement chétifs à vie. Le plus effroyable, c’est que de telles souffrances sont évitables. Le remède est à la portée de chacun, sauf pour l’infime minorité des mères qui ne peuvent allaiter leurs enfants, puisque le lait maternel est le meilleur aliment jusqu’à six mois.

 » Alors même que l’industrie alimentaire pour bébés reconnaît cela, des mères de plus en plus nombreuses dans le tiers-monde adoptent une nourriture artificielle dans les premiers mois de vie de leurs bébés, dans la saleté et la misère des nouvelles cités d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine. Cette décision est souvent fatale.

 » L’industrie alimentaire pour bébés est accusée de promouvoir ces produits parmi des populations qui ne sont pas à même de les utiliser convenablement, d’employer des moyens publicitaires, des vendeuses en uniforme d’infirmière, de distribuer des échantillons et attrape-nigauds gratuits, de façon à persuader les mères d’abandonner l’allaitement maternel. « 

Evidemment, Nestlé n’était pas contents du comportement de l’association.

Après les avoir supplier de vendre leur lait, ceux-ci se plaignaient que de grandes entreprises vendent leur lait au tiers-monde. Cependant, l’association met un point d’honneur à souligner que le tueur de bébé n’était pas la multinationale suisse mais bel et bien le biberon.

Mais l’histoire des biberons du tiers monde ne s’arrêta pas là. Deux mois après le conflit entre Nestlé et War on Want, une autre brochure voit le jour. Cette fois-ci en Suisse. De jeunes militants bernois publient une brochure intitulée “Nestlé tue les bébés”. Volontairement provoquante, cette nouvelle brochure, rédigée en allemand, montre directement du doigt Nestlé.

La guerre des laits

Pour Nestlé, la brochure bernoise était une déclaration de guerre. Un mois après sa publication, la multinationale portait plainte séparément pour diffamations et calomnies visant quatre affirmations cités dans la brochure. Le titre même de la brochure, Nestlé tue les bébés, marquait une des quatres plaintes. 

Bien que submergé par les plaintes, le groupe de travail Tiers Monde voit, dans ces accusations, une possibilité unique de décupler la notoriété de sa brochure.

En effet, les journaux internationaux traitèrent le sujet et consacrent de nombreuses ressources à suivre un procès qui, peu de temps avant, aurait été inimaginable. Le procès de la réputation d’une multinationale dont l’image n’avait, jusqu’ici, jamais été mise en question.

Procès qui se conclut, le 24 juin 1976, par une condamnation du groupe de travail du Tiers Monde. Ceux-ci furent donc obligés de payer les deux tiers de frais du procès et à verser directement à Nestlé 300F suisses. Une somme ridicule, vous en conviendrez.

Et bien que le groupe de travail du tiers monde soit condamné, Nestlé n’a pas été pour autant blanchi.

La justice du district de Bernes prit la peine de publier un recommandé indiquant que la controverse autour de Nestlé manquait cruellement de faits et de preuves et qu’elle souhaitait que celle-ci cesse au plus vite.

Leur demande fut nullement écoutée. De nouvelles éditions de la brochure publiée par War on Want furent publiées, des groupes anti-Nestlé se forment. Et les militants ne lâchaient pas prise. 

En 1979, la firme internationale se voit contrainte de changer son fusil d’épaule. Elle publia un long document dans lequel elle adressait chaque questionnement et critiques fait a leurs sujet. Dans ce document, l’entreprise avoua que les propos tenues, notamment par la brochure de War on Want, avaient été retenus par l’entreprise et que   » Chaque critique constructive, pouvait-on lire, a été et sera sérieusement examinée par Nestlé, en vue de déceler des suggestions d’amélioration possible. « 

Cependant, cette publication seule ne suffirait pas. Les catholiques ayant été profondément émus par cette polémique et prirent conscience que certains changements devaient être opérés. D’autres part, un mouvement de boycottage, surtout présent en amérique du nord, s’était mis en place.

Afin de remédier à une crise prenant de plus en plus d’ampleur, l’assemblée mondiale de la santé adopta, en 1981, un code international de commercialisation des substituts du lait maternel. Il est cependant important de noter qu’il ne s’agissait pas là d’une obligation mais d’une recommandation.  Bien que le code affirme la légitimité des “préparations pour nourrissons”, il reconnait  » le droit de tout enfant, de toute femme enceinte et de toute femme allaitante à une nourriture adéquate, en tant que moyen d’acquérir et de conserver la santé « , et prévoit l’interdiction de publicité pour le lait en poudre dans les pays industrialisé et du tiers monde. 

En 1982, Nestlé accepte officiellement la recommandation de limiter sa publicité sur les préparations nutritionnelles infantiles. En 1984, Le comité de boycottage de Nestlé dissout son mouvement, reconnaissant le progrès fait par l’entreprise.

Finalement, que se passait-il vraiment?

Le lait de Nestlé n’a jamais été empoisonné. Afin de vendre un lait moins cher au tiers monde, Nestlé avait choisi de mettre au point et vendre un lait que nous utilisons souvent, aujourd’hui en France. Le lait en poudre. Cependant, et bien que le lait en pour lui-même ne soit pas contaminé, les rivières et sources d’eau malpropres du tiers monde, elles l’étaient. C’est donc à cause de cette eau que les mère donnaient à manger à leurs bébés de biberons entiers de maladies terribles. Les nourrissons n’avaient donc aucune chance face à ces virus et maladies contre lesquels même un homme adulte ne pouvait pas se défendre. Donc, les uns après les autres, ces bébés mouraient. 

Les biberons étaient bel et bien empoisonnés, et comme l’affirmait War on Want, Nestlé n’était pas celui qui tuait les bébés. 

Cependant, l’ampleur que prit le scandale a permis à Nestlé de changer des choses qu’il n’aurait probablement pas changé sans les boycotts et autres mouvements.

Qu’en pensez vous? Ce scandale est-il à la source du changement de Nestlé ou celui-ci aurait -il changé de toute manière?

Laissez-moi vos avis dans les commentaires.

Sources

https://www.lemonde.fr/archives/article/1986/04/23/les-biberons-empoisonnes-du-tiers-monde_2917748_1819218.html?random=1907693365

https://www.lemonde.fr/archives/article/1976/06/26/le-groupe-d-action-pour-le-tiers-monde-est-condamne-pour-diffamation_2940859_1819218.html

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