Dans un contexte économique complexe le ministre français de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire, affirme sa volonté de dynamiser les marchés de capitaux européens. S’appuyant sur les recommandations de la mission « Noyer », dirigée par le gouverneur honoraire de la Banque de France, Christian Noyer, Le Maire propose la création d’un produit d’épargne européen. Cette initiative vise à orienter l’épargne des ménages vers des secteurs clés tels que la transition énergétique et l’innovation numérique, tout en favorisant l’efficacité des financements des entreprises et des particuliers au sein de l’Union européenne.
L’idée maîtresse de ce projet est de lutter contre la fragmentation des marchés de capitaux européens, un obstacle majeur entravant le développement économique et financier de l’Europe. En effet, la multiplicité des règles et des fiscalités au sein des États membres rend actuellement difficile la fluidité des investissements et entrave la mobilisation des capitaux nécessaires à la transition vers une économie plus durable et innovante.
Dans cette optique, le rapport préconise plusieurs mesures, dont la création d’un produit d’épargne européen uniformisé, soumis à une supervision européenne exercée par l’ESMA (l’autorité européenne des marchés), ainsi qu’une garantie européenne pour la titrisation afin de faciliter le financement des particuliers par les banques.
Le ministre Le Maire fixe un objectif ambitieux : d’ici 2027, il souhaite que ce produit d’épargne européen soit accessible à tous les citoyens européens, avec des règles et une fiscalité harmonisées pour en garantir l’attractivité. Cette approche vise à tirer parti des avantages fiscaux de chaque État membre afin de proposer un produit d’épargne à même de drainer les capitaux vers les investissements nécessaires à la « transition écologique ».
Cette initiative intervient dans un contexte où les besoins en investissements privés sont estimés à 500 milliards d’euros par an en Europe pour répondre aux défis de la transition écologique et de l’innovation numérique. Pourtant, une grande partie de l’épargne européenne, estimée à 35 000 milliards d’euros, demeure inutilisée sur les comptes bancaires. Bercy, pour qui la différence entre fonds privés et publiques devient, apparemment, de plus en plus floue, voit là un potentiel inexploité des marchés de capitaux européens.
Le projet de produit d’épargne européen représente une opportunité majeure de mobiliser ces ressources financières dormantes au profit de l’économie réelle. En offrant aux épargnants européens un instrument d’investissement attractif et sécurisé, harmonisé à l’échelle de l’Union, cette initiative pourrait contribuer significativement à financer leur projet de transition ecologiste.
La présentation du rapport à Bercy a été suivie de consultations avec les acteurs du secteur financier français et européen, mettant en lumière l’importance accordée à cette question à l’échelle nationale et continentale. Les interventions de personnalités telles que la directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, et la présidente de la BCE, Christine Lagarde, soulignent l’intérêt international suscité par cette démarche.
En conclusion, le lancement envisagé d’un produit d’épargne européen constitue une étape cruciale dans la mise en œuvre de l’Union des marchés de capitaux, visant à renforcer l’intégration financière de l’Europe tout en mobilisant les ressources nécessaires à sa transformation économique. Toutefois, la réussite de cette initiative dépendra de sa capacité à garantir un cadre réglementaire attractif et stable, ainsi que d’assurer une promotion efficace auprès des épargnants européens.
