Depuis l’accord historique des Accords de Paris en 2015, le monde s’est engagé à réduire les émissions de gaz à effet de serre et à lutter contre le changement climatique. Pourtant, malgré les progrès réalisés dans le domaine des énergies renouvelables et les milliards de dollars investis, les dernières données montrent que la consommation de charbon a atteint des niveaux record en 2023, remettant en question la réussite de la transition énergétique mondiale.
Les experts en énergie Philippe Charlez et Nicolas Meilhan ont présenté une solution révolutionnaire pour inverser cette tendance inquiétante. Leur proposition vise à imposer une taxe à l’importation sur les produits provenant des principaux consommateurs de charbon, appelés le « Club 14 », et à utiliser les fonds ainsi collectés pour financer la transition énergétique des pays les plus pauvres et les aider à s’adapter aux effets du changement climatique.
Le constat est clair : malgré les efforts consentis pour développer les énergies renouvelables, les combustibles fossiles continuent de dominer le paysage énergétique mondial. En 2023, le charbon, le pétrole et le gaz ont enregistré des niveaux de consommation sans précédent, mettant en lumière l’urgence d’agir. Depuis le début du siècle, la part des combustibles fossiles dans le bouquet énergétique mondial n’a que légèrement diminué, passant de 87% en 2000 à 83% en 2023, malgré les investissements massifs de 6000 milliards de dollars dans les énergies renouvelables au cours des 15 dernières années.
Le charbon reste particulièrement préoccupant, représentant la seconde source d’énergie la plus utilisée dans le monde. En 2022, il contribuait à hauteur de 27% de la consommation d’énergie primaire et de 35% de la production électrique. Ces chiffres mettent en évidence une forte disparité, avec 95% de l’électricité au charbon concentrée dans le « Club 14 », composé de 14 pays consommant plus de 100 térawattheures (TWh) d’électricité charbonnière par an, parmi lesquels figurent la Chine, l’Inde, les États-Unis, le Japon, la Corée du Sud et l’Allemagne.
Face à cette situation critique, Philippe Charlez et Nicolas Meilhan ont élaboré une proposition novatrice pour accélérer la transition énergétique mondiale tout en favorisant la réindustrialisation des pays occidentaux. Leur mécanisme consiste à imposer une taxe à l’importation sur les produits en provenance du « Club 14 », équivalente à un quart de la part d’électricité charbonnière dans ces pays. Ainsi, les produits importés d’Inde, où 74% de l’électricité provient du charbon, seraient taxés à hauteur de 19%, tandis que ceux en provenance de Chine, avec 61% d’électricité charbonnière, seraient taxés à 15%. Les fonds ainsi collectés seraient ensuite redistribués aux pays les plus pauvres pour les aider à financer leur transition énergétique et à s’adapter aux impacts du changement climatique.
Cette approche présente plusieurs avantages. Tout d’abord, en rendant les produits provenant du « Club 14 » plus coûteux sur les marchés mondiaux, elle inciterait ces pays à réduire leur dépendance au charbon et à investir davantage dans les énergies propres. Ensuite, elle encouragerait les consommateurs à privilégier des produits à faible empreinte carbone, devenus plus compétitifs grâce à la taxe. Enfin, elle permettrait aux pays les plus pauvres de bénéficier de financements importants pour leurs projets de transition énergétique et d’adaptation, contribuant ainsi à réduire les inégalités et à renforcer leur résilience face aux défis climatiques.
Cependant, la mise en œuvre de cette proposition ne serait pas sans obstacles. Elle nécessiterait un accord mondial au niveau de la COP, ce qui pourrait s’avérer difficile compte tenu des intérêts divergents des différents pays et des blocages potentiels, notamment au sein de l’Union européenne. De plus, la gestion des fonds collectés devrait être rigoureusement contrôlée pour éviter toute corruption ou détournement, en s’appuyant sur un organisme indépendant et transparent placé sous l’égide des Nations unies.
En conclusion, la proposition de Philippe Charlez et Nicolas Meilhan représente une réponse audacieuse et innovante aux défis urgents posés par le changement climatique et la transition énergétique mondiale. En taxant le charbon pour financer l’avenir, elle offre une opportunité unique de concilier impératifs environnementaux, développement économique et justice sociale, tout en jetant les bases d’un avenir plus durable et résilient pour tous.
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