La dure réalité économique de 2023 a laissé des cicatrices profondes dans le tissu entrepreneurial français, comme en témoignent les chiffres alarmants publiés récemment par le cabinet Altares et l’association GSC. Avec plus de 50 000 chefs d’entreprise se retrouvant au chômage, l’année écoulée a marqué un sombre record, un saut impressionnant de 33,3 % par rapport à l’année précédente.
Pourquoi cette montée en flèche des liquidations judiciaires et des pertes d’emploi parmi les dirigeants d’entreprises ? Les experts pointent du doigt plusieurs facteurs, notamment la hausse des taux d’intérêt, le surendettement des entreprises et la fin des aides Covid qui ont créé une tempête économique parfaite. L’impact de ces événements ne peut être sous-estimé, car ils ont plongé de nombreuses entreprises, en particulier les plus petites, dans une période de turbulence sans précédent.
Frédéric Barth, directeur général d’Altares, souligne que cette vague de chômage des patrons découle directement de l’augmentation brutale des défaillances d’entreprises en 2023, une tendance qui s’est intensifiée après la parenthèse du Covid. Cette situation a particulièrement touché les très petites entreprises, souvent familiales, qui peinent à rembourser leurs dettes alors que l’économie ralentit.
Les secteurs de la construction et de la restauration ont été particulièrement affectés par cette conjoncture économique difficile. La hausse des taux d’intérêt a pesé lourdement sur le secteur de la construction, entraînant une augmentation de 40,2 % des dirigeants d’entreprises se retrouvant au chômage. De même, la restauration a subi une hausse de 42,7 % des pertes d’emploi parmi les chefs d’entreprise, en grande partie en raison des changements de consommation des ménages et de l’impact de l’inflation sur les coûts opérationnels.
Les chiffres révèlent également une vulnérabilité accrue des petites entreprises, avec près de neuf entrepreneurs sur dix ayant perdu leur emploi dirigeant des structures de moins de 5 salariés. Les entreprises établies depuis longtemps ne sont pas à l’abri non plus, comme en témoigne l’âge moyen des structures dont les dirigeants ont perdu leur activité en 2023, qui atteint neuf ans.
Alors, que nous réserve l’année 2024 ? Les prévisions ne sont pas rassurantes. Si certains secteurs comme le bâtiment pourraient connaître une reprise, l’année s’annonce tout aussi délicate, avec une croissance attendue faible et une hausse prévue des défauts d’entreprises. Néanmoins, il y a des lueurs d’espoir, notamment une possible baisse des taux d’intérêt, une reprise de la consommation et l’impact positif attendu des Jeux olympiques.
En somme, la dure leçon de 2023 a mis en lumière les fragilités de notre économie et la nécessité de prendre des mesures pour soutenir les entrepreneurs et protéger les emplois. Dans ce contexte, il est crucial que les décideurs politiques et économiques travaillent ensemble pour mettre en place des politiques favorables à la croissance et à la résilience des entreprises, afin d’éviter une répétition des sombres chapitres économiques que nous venons de traverser.
