Nouveau Record D’Investissement, Mais Encore Peu D’Emplois.

Lorsque les flots d’investissements étrangers affluent vers la France, une résonance de cocorico résonne à travers les couloirs de pouvoir. Le sommet Choose France, dirigé par Emmanuel Macron, a récemment annoncé une impressionnante promesse d’investissements de 15 milliards d’euros. Une somme colossale qui, selon les déclarations, devrait ouvrir les portes à environ 10 000 nouveaux emplois. Mais derrière les festivités des promesses d’investissements, une réalité économique se dessine, suscitant des interrogations sur le véritable impact de ces sommes vertigineuses sur le marché du travail français.

Pour un pays confronté à des défis persistants en matière de chômage, avec environ 5 millions de citoyens à la recherche d’un emploi, l’annonce de la création potentielle de 10 000 emplois ne semble guère suffisante pour renverser la tendance. En effet, si l’on analyse le rapport investissement-emploi, cette proportion semble bien mince au regard des milliards injectés. Chaque emploi créé ou maintenu revient ainsi à un coût exorbitant d’environ 1,5 million d’euros.

Cette analyse soulève des questions légitimes sur l’efficacité des investissements étrangers en France en termes de création d’emplois. Une étude récente de Business France souligne que seulement 3 % des projets d’investissement étranger dépassent les 250 salariés, tandis que les deux tiers se contentent de 20 employés ou moins. Ces chiffres mettent en lumière une réalité complexe : malgré une attractivité économique indéniable, la France peine à traduire les influx d’investissements en une quantité significative de postes de travail.

Le dernier baromètre EY, qui consacre la France comme championne européenne de l’attractivité pour les investissements étrangers, révèle cependant un décalage alarmant en termes d’emplois générés. En moyenne, seulement 35 emplois sont créés par projet d’investissement en France, contre 49 en Allemagne, 61 au Royaume-Uni et même 299 en Espagne. Ce constat met en lumière plusieurs facteurs, dont le coût élevé du travail en France et une pénurie de main-d’œuvre qualifiée pour les projets industriels.

Il est intéressant de noter que la France semble attirer davantage les investissements pour des secteurs axés sur la technologie de pointe, caractérisés par une forte automatisation et une nécessité réduite de main-d’œuvre. Cependant, cette orientation accentue la disparité entre l’afflux d’investissements et la création d’emplois. Des exemples concrets, tels que l’investissement de Power Dot pour seulement 66 emplois ou celui de Knauf pour 50 travailleurs, illustrent cette tendance.

Bien que la France se positionne comme un acteur majeur sur la scène mondiale en matière d’attractivité économique, la question de savoir si elle est réellement attractive sur le plan de l’emploi reste ouverte. Les investissements étrangers ont certes contribué à la création de près de 40 000 emplois en 2023, mais ce chiffre reste inférieur à celui du Royaume-Uni et de l’Espagne. De plus, si l’on rapporte le nombre d’emplois créés à la population totale, la France n’occupe que la huitième position en Europe, loin derrière des pays tels que le Portugal, l’Irlande et l’Espagne.

Une analyse approfondie révèle également des aspects moins reluisants de la situation, notamment en ce qui concerne le solde net des emplois créés. Des exemples comme celui de Continental, qui promet 500 emplois tout en ayant supprimé précédemment 400 postes, soulèvent des questions sur la constance et la durabilité de la création d’emplois par les investissements étrangers.

En fin de compte, malgré les festivités entourant les annonces d’investissements record, leur impact réel sur le marché du travail français reste limité. Les investissements étrangers ne représentent qu’une infime fraction de l’emploi total en France, et bien que chaque nouveau projet puisse apporter des avantages économiques tangibles, il est peu probable qu’ils aient un impact significatif sur la situation globale de l’emploi dans le pays.

Alors que le sommet Choose France s’efforce de renforcer l’indépendance économique du pays et de réduire le déficit commercial, il est clair que les défis persistants du marché du travail français ne peuvent pas être résolus du jour au lendemain. La recherche de l’équilibre entre attractivité économique et création d’emplois reste un défi majeur pour la France, nécessitant une réflexion stratégique et des politiques ciblées pour maximiser les avantages des investissements étrangers.

source:

https://www.20minutes.fr/economie/4090759-20240513-choose-france-15-milliards-investissements-etrangers-10-000-emplois-ca-fait-cher-job-non

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