Dans une tribune récente publiée par Le Figaro, Najat Vallaud-Belkacem, ancienne ministre de l’Éducation nationale, a relancé le débat sur la régulation de l’utilisation d’internet en France. Sa proposition audacieuse de rationner l’accès à internet en limitant le nombre de gigaoctets (Go) disponibles quotidiennement a suscité des réactions contrastées au sein de la société française.
L’argument central de Vallaud-Belkacem repose sur la nécessité de réduire l’utilisation massive des écrans, qu’elle considère comme un problème souvent ignoré mais envahissant. Elle souligne l’impact négatif de cette surexposition aux écrans sur divers aspects de la société, allant de la santé mentale à la perpétuation des discriminations en ligne. Pour étayer ses propos, elle évoque des études mettant en lumière les effets nocifs des réseaux sociaux, en particulier pour les jeunes, ainsi que les préoccupations croissantes concernant la pornographie en ligne et les risques associés à l’intelligence artificielle.
L’idée de rationner l’accès à internet, selon Vallaud-Belkacem, pourrait inciter à une utilisation plus responsable et réfléchie de cette ressource numérique. Elle avance que la rareté des données disponibles amènerait les individus à faire un usage plus prudent de leurs gigaoctets, évitant ainsi les comportements néfastes tels que le cyberharcèlement ou la surconsommation de contenus pornographiques.
Cependant, cette proposition soulève plusieurs questions et controverses. Certains critiques la jugent irréaliste, voire réactionnaire, arguant que la mise en œuvre d’une telle mesure nécessiterait une régulation étatique excessive et empiéterait sur la liberté individuelle. Ils soulignent également les défis pratiques, notamment en ce qui concerne les entreprises et les usages professionnels d’internet.
En outre, des données récentes remettent en question la pertinence de cette proposition. Les statistiques de l’Arcep indiquent que les Français consomment en moyenne 14 Go par mois depuis leur mobile, et jusqu’à 222 Go par mois via leur box internet à domicile. Ces chiffres semblent contredire l’idée d’une utilisation excessive généralisée d’internet, remettant en cause la nécessité d’une régulation aussi stricte.
Il est également important de noter que le lien entre l’utilisation d’internet et l’empreinte carbone, évoqué par Vallaud-Belkacem, reste sujet à débat. Bien que le numérique représente une part significative des émissions de carbone, d’autres secteurs contribuent également de manière importante à cette empreinte écologique. Ainsi, l’impact réel d’un rationnement d’internet sur la réduction des émissions de carbone pourrait être limité.
Enfin, la proposition de rationnement d’internet soulève des interrogations sur la faisabilité technique et la volonté politique nécessaire à sa mise en œuvre. Des questions telles que la définition des quotas de données, les exceptions pour certains usages professionnels ou éducatifs, et les moyens de contrôle et d’application de cette régulation doivent être examinées de manière approfondie avant toute décision.
En conclusion, la proposition de Najat Vallaud-Belkacem de rationner l’accès à internet suscite un débat animé en France. Si elle soulève des préoccupations légitimes concernant l’utilisation responsable des écrans et l’impact environnemental du numérique, elle soulève également des questions pratiques et des objections concernant la liberté individuelle et la faisabilité technique.
Sources:
Merci à Sebastien, Hugo, David, Jean-Bernard, Sam, David et Laetitia pour ces articles
