La scène politique argentine a été secouée par un scandale récemment : une augmentation vertigineuse de près de 170% des indemnités des sénateurs. Cette décision, prise dans l’ombre et sans débat, a suscité une vague de critiques au sein d’un pays déjà confronté à des défis économiques majeurs.
L’augmentation, approuvée lors d’un vote expéditif au Sénat, porte les indemnités des sénateurs à environ 4 millions de pesos par mois, soit environ 4 500 dollars nets. Cette décision, prise dans un pays soumis à une austérité budgétaire draconienne, a été accueillie avec indignation par de nombreux observateurs.
Ce qui a particulièrement choqué, c’est le contexte économique précaire de l’Argentine. Avec une inflation galopante de 288%, un salaire minimum qui peine à dépasser les 200 000 pesos par mois et un taux de pauvreté de 41,7%, l’augmentation des indemnités des sénateurs semble déconnectée de la réalité quotidienne des Argentins ordinaires.
La réaction du gouvernement n’a pas tardé à se faire entendre. Le ministre de l’Économie, Luis Caputo, a qualifié cette décision de « honte » et a souligné le « niveau de déconnexion total avec les gens et la situation économique ». Ces mots reflètent bien la colère et l’indignation ressenties par de nombreux Argentins face à cette augmentation jugée excessive et injuste.
Pourtant, malgré les critiques virulentes, les sénateurs d’opposition, qui dominent le Sénat, ont voté en faveur de l’augmentation, tandis que les alliés du gouvernement ont choisi de ne pas participer au vote. Cette division au sein du Sénat souligne les tensions politiques qui persistent en Argentine, exacerbées par des problèmes économiques chroniques.
Dans ce climat de mécontentement généralisé, les parlementaires ont tenté de calmer le jeu en promettant des mesures correctives. Certains députés pro-gouvernement se sont vantés de ne pas avoir voté en faveur de l’augmentation, tandis que l’opposition les a accusés d’hypocrisie pour ne pas s’y être opposés activement.
La réaction du président ultralibéral Javier Milei a été particulièrement cinglante. Il a dénoncé vigoureusement cette augmentation en déclarant : « Ainsi vit la caste politique ». Ses mots résonnent comme un rappel brutal de la fracture entre les élites politiques et la population ordinaire, qui peine à joindre les deux bouts dans un contexte économique difficile.
Face à cette controverse grandissante, certains partis politiques ont déjà annoncé leur intention de proposer des projets de loi pour annuler cette augmentation des indemnités des sénateurs. C’est notamment le cas du petit parti de Milei, La Libertad Avanza, et de ses alliés du PRO.
Cette affaire met en lumière les défis persistants auxquels est confrontée l’Argentine sur le plan économique et politique. Alors que le pays cherche à se remettre d’une crise économique prolongée, cette décision des sénateurs soulève des questions fondamentales sur la responsabilité et la représentativité de ses élites politiques.
En fin de compte, cette augmentation des indemnités des sénateurs risque de renforcer le fossé entre les dirigeants politiques et la population, alimentant ainsi le mécontentement et la désillusion à l’égard du système politique en Argentine.
Sources
https://www.tdg.ch/argentine-scandale-les-senateurs-saugmentent-de-170-339687795220
