Nouvelle Clownerie Européenne

L’initiative européenne visant à équiper toutes les voitures commercialisées dans l’Union européenne de la fonction eCall, permettant un appel automatique vers les secours en cas d’accident, était à l’origine une mesure louable pour renforcer la sécurité routière. Cependant, comme souvent dans le domaine de la réglementation technologique, les bonnes intentions peuvent parfois se heurter aux réalités du progrès technique et de l’évolution des infrastructures.

L’article récent de la Tribune met en lumière le dilemme actuel auquel sont confrontés les opérateurs mobiles et les constructeurs automobiles. En effet, la fonction eCall repose sur la technologie 2G du réseau mobile, désormais considérée comme obsolète par les opérateurs qui souhaitent la décommissionner pour des raisons de coût et d’efficacité.

Cette situation met en évidence un conflit d’intérêts entre les opérateurs mobiles et les constructeurs automobiles. D’un côté, les opérateurs souhaitent arrêter la maintenance des réseaux 2G, tandis que de l’autre, les constructeurs se retrouvent dans l’obligation de continuer à intégrer la technologie eCall basée sur la 2G dans leurs nouveaux modèles, conformément à la réglementation européenne en vigueur depuis 2018.

Avec plus de 36 millions de véhicules équipés de cette fonction en Europe, le coût potentiel de remplacement des boutons eCall obsolètes par des versions compatibles avec la 4G ou la 5G est astronomique. De plus, le calendrier serré imposé par l’Union européenne pour la transition vers le « eCall New Generation » basé sur la 4G/5G à partir de 2025 ajoute une pression supplémentaire sur les constructeurs.

Cette impasse soulève des questions importantes sur la manière dont les réglementations technologiques sont conçues et mises en œuvre. L’Europe semble avoir négligé les implications à long terme de ses exigences en matière de technologie, mettant ainsi en péril la pérennité des investissements réalisés par les constructeurs et les opérateurs.

Le bras de fer entre les opérateurs et les constructeurs met en lumière la nécessité d’une meilleure coordination entre les différentes parties prenantes, ainsi qu’une réflexion plus approfondie sur les choix technologiques imposés par la réglementation. Il est crucial que les décideurs européens tiennent compte des avancées technologiques futures et des conséquences financières associées à leurs décisions.

À défaut d’une résolution rapide de ce conflit, il est probable que les boutons eCall actuels se retrouvent désactivés à l’avenir, compromettant ainsi la sécurité des conducteurs. Cette situation souligne l’importance d’une approche plus pragmatique et flexible dans la réglementation technologique, afin d’éviter de telles impasses à l’avenir.

En fin de compte, l’Europe doit assumer les conséquences de ses choix réglementaires et s’efforcer d’équilibrer les objectifs de sécurité avec les réalités technologiques et économiques du marché automobile.

Source:

https://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/automobile/appel-d-urgence-dans-les-voitures-l-affaire-qui-pourrait-couter-des-milliards-d-euros-993802.html

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