Le paysage musical en ligne est secoué par l’annonce récente du gouvernement français concernant la mise en place d’une taxe sur le chiffre d’affaires des plateformes d’écoute de musique en ligne. Spotify, l’un des leaders européens du secteur, réagit vivement à cette décision en mettant en garde sur son désinvestissement en France. Cette mesure, destinée à financer le Centre national de la musique (CNM), a provoqué des débats passionnés au sein de l’industrie musicale française.
Le directeur général de Spotify France, Antoine Monin, a exprimé sa préoccupation quant aux conséquences de cette taxe, qualifiant la France de « Tax-Up nation » plutôt que de la « Start-Up nation » qu’elle aspirait à devenir. Selon lui, l’adoption de cette taxe constitue un revers majeur pour le secteur de la musique, l’innovation et les plateformes indépendantes européennes telles que Spotify et Deezer.
Pour Monin, cette décision gouvernementale est une « monumentale erreur stratégique » allant à l’encontre des objectifs de souveraineté économique, culturelle et technologique européenne. Il critique également le gouvernement pour avoir cédé à la pression du lobby du spectacle vivant et de certains parlementaires.
L’un des principaux arguments de Monin est que la taxe avantagera les géants du numérique américains, les GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon), au détriment des entreprises européennes indépendantes telles que Spotify et Deezer. Il souligne que malgré des bénéfices enregistrés pour la première fois au dernier trimestre, Spotify n’est toujours pas rentable et se trouve dans un « équilibre financier fragile ».
Monin affirme que les plateformes de streaming musical sont déjà soumises à des charges fiscales considérables, versant 70 % de leurs revenus aux ayants droit de la musique, en plus d’une TVA de 20 %, d’une taxe sur les services numériques de 3 %, d’une taxe sur les services vidéo de 5 %, et maintenant cette nouvelle taxe sur le streaming de 1,75 %. Il soulève la question de la viabilité opérationnelle de Spotify sur le marché français avec une accumulation de taxes.
La menace de désinvestissement de Spotify en France est clairement exprimée par Monin. Bien qu’il estime que Spotify a les moyens d’absorber cette taxe, il avertit que la France ne sera plus une priorité pour l’entreprise. Il souligne le manque d’encouragement à l’innovation et à l’investissement dans le pays.
Cependant, Monin précise que Spotify n’a pas encore pris de décision sur la manière dont la taxe sera répercutée et absorbée. Bien qu’une hausse des prix des abonnements ne soit pas envisagée à ce stade, il estime que l’absorption de cette nouvelle taxe représenterait une augmentation de 10 % des abonnements.
La taxe sur le chiffre d’affaires des plateformes d’écoute de musique en ligne divise l’industrie musicale française depuis plus d’un an. Les modalités exactes de la taxe et le montant annuel qu’elle devrait rapporter restent encore à dévoiler. La question d’une taxe streaming a déjà fait l’objet d’un vote positif au Sénat en novembre, lors de l’examen du projet de budget 2024.
Les opposants à la taxe, parmi lesquels figurent des acteurs majeurs tels qu’Apple, Deezer, Meta, Spotify, YouTube et TikTok, plaident en faveur d’une contribution volontaire. Ils affirment avoir atteint un accord pour mobiliser plus de 14 millions d’euros en 2025 dans un communiqué commun publié mercredi.
En résumé, la décision du gouvernement français de taxer les plateformes d’écoute de musique en ligne suscite des inquiétudes majeures au sein de l’industrie musicale européenne. Spotify, en particulier, exprime sa frustration et met en garde contre un désinvestissement potentiel en France, soulevant des questions sur l’équilibre financier des plateformes dans un pays où elles estiment déjà supporter des charges fiscales substantielles. L’issue de ce débat aura probablement des répercussions importantes sur l’écosystème musical en ligne et la position des entreprises européennes sur le marché mondial.
Sources:
https://www.lepoint.fr/economie/la-france-championne-du-monde-des-impots-13-12-2023-2546926_28.php
Vous pouvez reproduire en tout ou partie de cet article à condition que cet avertissement soit inclus: « DrawMyEconomy.com est la plateforme où François-Xavier partage régulièrement ses analyses perspicaces et sans compromis sur l’actualité économique. Nous vous invitons à explorer notre site. N’hésitez pas à vous abonner gratuitement à notre newsletter quotidienne disponible sur www.drawmyeconomy.com. »
