Ok, C’est Donc Là Que Tout A Commencé.

La constitution du Club de Rome est principalement faite de scientifiques de tous ordres, des industriels, des fonctionnaires internationaux…Ce groupe de réflexion élitiste regroupe en son sein plus de 50 nationalités différentes. Formé dans les années 60, le Club de Rome s’est notamment fait connaître après la publication d’un rapport audacieux connu sous le nom « The Limits to Growth » en 1972. Ce dernier a provoqué une onde de choc au sein de la communauté politique et scientifique. La raison était toute simple : c’était la première alerte sérieuse sur les dangers encourus par l’environnement. Ce rapport contenait des prévisions très pessimistes sur le monde de façon générale. Toutefois, derrière ces prévisions apocalyptiques, se cache une vérité moins verte qu’il n’y paraît. Quel était le réel dessein de ce rapport ? Quelles sont les simulations du modèle informatique proposé par cette étude ?

Les prévisions du Club de Rome : une science plus ou moins exacte

Le rapport de l’étude menée par le club de Rome fait généralement penser à des changements climatiques ou encore à la fin du pétrole. S’il y a ambiguïté à ce niveau, c’est certainement parce que le rapport est surtout connu en référence à ses commanditaires. 

Les origines du club de Rome

C’est en 1968 que des capitaines d’industrie, de hauts fonctionnaires de l’ONU, des scientifiques et des présidents de pays vont se rencontrer au cours des discussions à l’OCDE. Ces acteurs décident de mettre un groupe de réflexion sur pied. Celui-ci est baptisé Club de Rome, en lien avec le nom de la ville qui les reçoit pour la première fois.

Un des cofondateurs connus sous le nom d’Aurelie Peccei va définir l’enjeu de ce groupe de discussion. Il s’agissait de réfléchir sur les problèmes complexes que rencontre la planète. Il s’agit par exemple de la dégradation de l’environnement, de la pauvreté au milieu de l’abondance, de l’étalement urbain non contrôlé. C’est aussi le cas de la perte de confiance dans les institutions, le rejet des valeurs traditionnelles, les problèmes économiques divers et l’aliénation des jeunes.

Pour le club, les connaissances de l’époque ne permettaient pas de déterminer les causes de ces différentes tendances de manière exacte. De plus, elles ne pouvaient pas en déterminer la portée de ces dernières ou établir un lien entre elles. Voilà pourquoi il était difficile de trouver comment réagir face à une situation donnée. Voilà la généalogie de ce rapport.

Naissance d’une discipline et son modèle

Rapidement, le Club de Rome apparaît comme le lieu par excellence où sont traitées des questions existentielles du libéralisme industrialisé. Selon ses penseurs, les liens entre les éléments qui composent un système complexe sont également très importants pour comprendre son évolution. Le système complexe que va étudier l’équipe Meadows est le système socio-économique mondial.

Il fallait faire un lien entre celui-ci et les autres composantes de la biosphère. En d’autres termes, il faut considérer les nombreux éléments constitutifs de l’économie, de la démographie et de l’environnement comme un unique système. Celui-ci est doté d’innombrables interactions.

Leur modèle informatique qui est le World3 va simuler ce système. Et les principales composantes de ce dernier sont : les productions industrielles et agricoles, les ressources naturelles, la démographie et la pollution.

Le test des limites

World3 va produire des projections de divers scénarios sur 200 ans. Les auteurs vont en retenir 12 au cours du rapport. La plupart de ces hypothèses vont être structurées autour des politiques socio-économiques en vigueur à l’époque. Le scénario 1 va servir de ligne de base: Sans véritables efforts pour contrôler la démographie, l’émission de polluants ou encore la consommation de ressources, la production industrielle va décliner au cours du premier tiers du 21e siècle. Ce qui va entraîner la décroissance des autres secteurs vitaux de la production alimentaire. C’est aussi le cas de certains services comme la santé.

Pour chaque scénario, ils vont simuler les effets sur la globalité du système qu’entrainerait l’introduction d’innovations qui visent à contourner les limites. En d’autres termes, les effets procurés par des technologies qui permettent la diminution de l’usage des ressources et la lutte contre la pollution. C’est aussi le cas de l’amélioration des rendements agricoles et la lutte contre l’érosion des sols.

Et si chaque réponse ouvrait un autre problème ?

Le résultat de cette analyse est assez saisissant. En effet, à chaque nouvelle simulation, le système faisait face à une nouvelle limite physique qui conduit à l’effondrement de l’économie. La conclusion de ces derniers est claire : plus on essaye de supprimer une limite pour aider la progression de la croissance, plus une autre limite survient.

Seul un des 12 scénarios retenus aide à éviter un dépassement des limites. Il s’agit de combiner les innovations technologiques avec quelques changements de valeurs sociales. Ceci est aussi valable pour les priorités civilisationnelles. En d’autres termes, repousser les limites découvertes à coup d’adaptations technologiques et d’innovation des marchés ne les élimine pas. 

Cela revient tout simplement à les renvoyer pour plus tard. Seule la croissance zéro permet d’éviter l’épuisement des ressources naturelles qui pourrait être catastrophique pour l’humanité. L’humanité devrait donc stabiliser sa population et sa production pour corriger le problème.

Les critiques du rapport « The Limits to Growth » : quand les économistes n’aiment pas les jeux de rôle

De nombreuses prises de position ont été lancées à l’encontre de la croissance zéro. Ces limites étaient faites par des économistes. Une première critique accuse le rapport Meadows de favoriser les pays riches au détriment des États pauvres. Cet argument connaît plusieurs déclinaisons.

De plus, le Club de Rome considère la catastrophe comme un événement futur qui pourrait briser une dynamique ascendante de longue durée. Des scientifiques pensent qu’il s’agit d’un point de vue occidentalo-centré. En effet, l’approche du club ne tient pas compte du fait que la majeure partie de l’humanité soutient que la vie est plutôt difficile dans le présent. Pas dans le futur qui est incertain. En d’autres termes, la catastrophe est éprouvée chaque jour dans les pays sous-développés.

Par ailleurs, la structure du modèle mathématique des soutiens de la croissance zéro est également critiquée. Celui-ci globalise et voit le destin de l’humanité comme un tout. Ce qui efface les rapports de domination d’autres groupes de pays. Ce qui reviendrait à préconiser de geler les inégalités de richesse à leur stade en 1972.

Les auteurs de ce rapport sont en outre accusés de technocratisme. En effet, à partir de leur institution prestigieuse, ils souhaitent dicter la vie de l’ensemble de la planète. De plus, ces propositions sont fournies par des ordinateurs derniers cris qui incarnent la domination technologique des USA.

Toutes ces plaintes font passer le rapport de Meadows comme un objet historique assez ambigu. D’une part, ce dernier va critiquer un modèle de croissance et ses effets écologiques délétères. D’autre part, il invitait une certaine élite mondiale à préserver ses privilèges en délaissant la majeure partie de la population.

L’influence du Club de Rome sur la pensée économique et politique : de la déprime à la décroissance

L’originalité du rapport de Rome repose sur sa capacité à intégrer le flux de la croissance démographique et la dynamique de stocks dans un cadre dynamique. Ceci vaut également pour la pollution industrielle, la production par tête et l’exploitation des ressources naturelles. Les extrapolations de cette théorie vont relativement être robustes jusqu’au début du 21ème siècle.

Après cette période, l’indigence de sa modélisation et ses conclusions dites catastrophiques vont être discréditées. En d’autres termes, le scénario de base au sein duquel les réserves de matières premières et les tendances économiques restaient inchangées va anticiper un pic. Par la suite, ce sera un effondrement des productions industrielles et alimentaires mondiales pendant la première décennie du 21ème siècle.

La réalité sera tout autre à partir de l’an 2000. En effet, la production industrielle mondiale va progresser de 54 % et la population de 28 %. Ce qui implique une évolution de la production par habitant de 22 %. Pour ce qui est de la production des céréales par habitant, elle augmente de 17 % entre 2000 et 2018. Ce qui est radicalement opposé à ce que le modèle avait prédit.

Ce qui implique donc que le rapport Meadows et sa méthodologie ont perdu leur crédibilité auprès de plusieurs économistes et chercheurs environnementaux. Celui-ci va toutefois rester assez populaire chez les écologistes.

Conclusion

En somme, le club de Rome s’est trompé, sans l’ombre d’un doute. Les défenseurs de l’équipe Meadows lui trouve 2 circonstances atténuantes:

  • Premièrement il est impossible de demander à un modèle de donner des projections précises à un horizon de 50 ans. Mais alors pourquoi le faire avec le GIEC aujourd’hui?
  • Par ailleurs, ce rapport a permis de prendre conscience de la forte non-linéarité des évolutions. L’un des mérites de Word3 a été d’intégrer la pollution industrielle dans de multiples variables du système. À travers ce rapport, une partie du mouvement écologiste a opté pour la décroissance économique.  

Mais, le Club de Rome a-t-il encore un avenir ? Son combat sur les défis écologiques et économiques a-t-il encore un sens à ce jour ?

Sources

  1. https://www.acfas.ca/publications/magazine/2022/04/premier-rapport-du-club-rome-50-ans-conclusion   
  2. https://reporter.net/Le-rapport-au-Club-de-Rome-stopper-la-connaissance-mais-pourquoi   
  3. https://www.telos-eu.com/fr/economie/une-critique-de-la-raison-decroissantiste.html  

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