Alors imaginez. Vous êtes le chef du camp du bien et vous êtes en guerre contre le camps du mal. En tout cas, c’est votre discours. Vous êtes a des milliers de kilomètre du fronts mais vos allies eux, ont la guerre a leur porte. Ils sont en plus déjà affaiblis par une grande crise. Iriez vous monter une opération secrète pour saboter la principale source d’énergie de vos alliés, tout ça pour pouvoir gagner des milliards sur leur dos? Non, n’est-ce pas? Et bien c’est exactement ce que les USA viennent de faire selon plusieurs rapports. Bonjour, je suis Francois xavier et je vais vous parler du sabotage de Nord Stream 2.
Après les explosions observées sur les installations des gazoducs de Nord Stream, le sabotage ne fait aucun doute. À ce jour, seule l’identité du principal responsable reste toujours en discussion, du moins selon les enquêtes officielles et les déclarations des politiques. Si de nombreuses allégations laissaient penser que la Russie était l’auteure du sabotageNord Stream 2, tout porte à croire aujourd’hui que ces accusations sont totalement infondées ! En effet, que gagnerait le Kremlin à paralyser des installations qu’il a financées et qui lui rapportent des milliards d’euros chaque année ? Mais, si ce n’est pas la Russie, qui peut bien être à l’origine de ces explosions ignobles ? Pourquoi pas les USA, principal bénéficiaire des exportations de gaz en Europe, avec à la clé des milliards de dollars ? D’ailleurs, selon un célèbre journaliste d’investigation, Washington serait responsable de ces explosions. Comment et pourquoi ?
Les USA l’ont fait
En septembre dernier, alors qu’elle est devenue l’un des fournisseurs majeurs du gaz en Europe, la Norvège subissait un gros coup. En effet, les gazoducs Nord Stream 1 et 2, qui passent sur son territoire, ont été sabotés dans les larges de la mer Baltique. Si les enquêtes n’ont pas encore officiellement livré leur verdict, en Norvège, en Suède et au Danemark (zones économiques exclusives où étaient localisées les parties endommagées des gazoducs), ainsi qu’en Allemagne (pays dépendant entièrement du gaz de ces gazoducs), les choses semblent de plus en plus claires.
En effet, ce qui était jusqu’ici une folle rumeur trouve légitimement une certaine pertinence : les Etats-Unis seraient effectivement les auteurs du sabotage de Nord Stream ! Si la Russie était le responsable tout désigné par le camp du bien, les déclarations des enquêteurs laissent entrevoir une toute autre direction. Selon Peter Frank, Procureur Général chargé de diligenter l’enquête pour le compte de l’Allemagne : « Les enquêteurs [allemands] n’ont actuellement aucune preuve que la Russie soit derrière les explosions des gazoducs Nord Stream 1 et 2. Cela ne peut pas être prouvé pour le moment, […] Nous évaluons actuellement tout cela de manière médico-légale. La Suède et le Danemark mènent leurs propres investigations, mais nous sommes en contact ».
Tout converge donc vers les Etats-Unis, qui avaient clairement intérêt que ces gazoducs subissent des pertes colossales et qu’ils soient paralysés. Une position soutenue par le journaliste Seymour Hersh. Et Seymour Hersh, ce n’est pas n’importe qui. Seymour Hersh est un journaliste d’investigation Américain qui a travaillépour United Press International, Associated Press, The New Republic, Washington Post, New York Times, New Yorker, tous situés à l’aile gauche du parti démocrate. Il sera un moment attaché de presse du sénateur démocrate Eugène McCarthy, candidat à l’investiture démocrate en 1967. C’est déjà un beau palmarès en soit mais ce n’est pas tout. Seymour Hersh est aussià l’origine de nombreuses révélations, comme les actes de torture à Abou Ghraib ou encore le massacre de Mỹ Lai au Viêt Nam. Et, cerise sur le gâteau, ces révélation lui ont permis d’obtenir la plus haute distinction pour un journaliste d’investigation: Le prix Pulitzer. Et aujourd’hui, Seymour Hersh soutient que ce sont bel et bien les plongeurs de l’US Navy, en coaction avec la Norvège, qui ont placé les explosifs sur les installations de gazoducs, en juin 2022. Le journaliste d’investigation qui cite une source anonyme, a publié un article sur son blog, démentant les accusations portées contre la Russie de Vladimir Poutine. Mais surtout, cet article incrimine sans hésitation l’état-major américain comme la tête pensante du sabotage des gazoducs Nord Stream 1 et 2.
Le journaliste va même plus loin, car pour lui, la décision a été directement prise par la plus haute institution américaine. L’objectif visait principalement à faire perdre de l’argent à la Russie, en la privant de cette grosse manne financière que constituent les gazoducs situés au large de la mer Baltique. Les mobiles ne manquent donc pas pour expliquer cette opération savamment orchestrée par les américains.
L’hostilité de Washington aux gazoducs Nord Stream ne date d’aujourd’hui !
Pour Washington, le Nord Stream, que ce soit le 1 ou le 2, est une réelle arme pour la Russie, qui s’en sert comme moyen de pression sur les pays de l’Europe de l’ouest, principalement sur l’Allemagne. Il n’en fallait pas plus pour créer une certaine hostilité vis-à-vis du projet. Toujours selon Seymour Hersh, la Maison Blanche et le Pentagone avaient déjà évoqué ce cas en fin 2021, travaillant à l’époque à une stratégie subtile pour passer à l’action et saboter ces gazoducs. Surtout que le 7 février dernier, le Président américain, Joe Biden, avait révélé la possibilité de « mettre fin » à ces gazoducs qui relient la Russie à l’Allemagne. Il avait notamment déclaré : « Je vous le promets, nous serons capables de le faire ». Faut-il encore en douter ?
C’est alors que le projet macabre va être confié à la CIA, qui va concevoir chaque détail du sabotage dont les images des explosions, avaient suscité l’émoi à travers le monde.
Si certains se sont laissés bernés par des suspects parfois peu crédibles, jetés en pâtures par les agents américains, le Président russe, Vladimir Poutine n’avait quant à lui aucun doute sur le fait que cet « attentat » était l’œuvre de pays « anglo-saxons ». En tête desquels, les Etats-Unis. Comme à son habitude, Washington a vite fait de nier toute implication dans ce sabotage qui a fait d’énormes dégâts. Selon le porte-parole du Conseil de la Maison Blanche, Adrienne Watson, ces allégations sont « totalement fausses » et ne sont que le résultat d’une « pure fiction ». Mise au point suivie de celle du porte-parole de la CIA, qui a trouvé que l’article du journaliste était « absolument faux », alors que le ministre norvégien des Affaires étrangères assurait que son pays n’était absolument pas impliqué dans ces actions.
Par ailleurs, il faut noter que depuis l’invasion des russes en Ukraine, tout est bon pour accuser la Russie, le pays est devenu le parfait « bouc-émissaire » pour masquer des actions qui parfois leur échappent. Surtout que les multiples enquêtes prescrites n’arrivent toujours pas à déterminer clairement l’implication de la Russie. En revanche, quand on connaît le professionnalisme de Seymour Hersh, il est difficile de remettre en question cet article qui est le résultat d’une investigation minutieuse. À 85 ans, l’un des plus célèbres journalistes d’investigation a derrière lui une belle carrière.
Moscou n’a pas tardé de réagir face à l’article du journaliste. Selon le porte-parole du Kremlin, Dmitri Pesko,« il n’y avait pas beaucoup de pays dans le monde qui puissent commettre de tels actes de sabotage ». Pour lui : « Certaines choses (dans cette publication) sont contestables, d’autres ont besoin d’être prouvées, mais l’article est remarquable par son analyse profonde et son exposé harmonieux. Il serait au moins injuste de ne pas y prêter d’attention, surtout pour un pays comme l’Allemagne qui a été privée de cette infrastructure énergétique cruciale à la suite de l’attentat ».
Les Etats-Unis engrangent des milliards en vendant du gaz à l’UE
À en croire l’Agence Internationale de l’Energie (AIE), les USA sont depuis quelque temps les premiers exportateurs de gaz en Europe, devançant ainsi la Russie. Un fait inédit dans la diplomatie énergétique mondiale ! On peut clairement affirmer que la guerre en Ukraine, les sanctions qui ont suivi contre la Russie et le sabotage de Nord Stream, ont profité aux américains. En effet, Washington se fait des milliards en exportant son gaz naturel liquéfié (GNL) en Europe. Et si c’était là le mobile principal de ce sabotage !
En vendant du gaz à l’UE, les USA se frottent les mains et s’adjugent des bénéfices exorbitants. Indice s’il en fallait encore que le sabotage des gazoducs Nord Stream est l’oeuvre des USA. C’est eux qui en profite le plus actuellement !
L’UE refuse de voir cette réalité en face
L’UE peine encore à passer à l’offensive. Face à cet acte délibéré de sabotage, comme à son habitude, elle reste prudente. Par ailleurs, Ursula von der Leyen pense qu’ « Il est primordial d’enquêter sur les incidents et de faire toute la lumière sur les événements ». Une sortie empreinte de prudence, c’est le moins que l’on puisse dire ! Josep Borrell, le chef de la diplomatie européenne a quant à lui voulu se montrer offensif et intransigeant : « Toute perturbation délibérée des infrastructures énergétiques européennes est totalement inacceptable et fera l’objet d’une réponse vigoureuse et unie ».
Concrètement, il faut savoir que ces installations avaient été mises par les russes pour desservir l’Allemagne via les eaux internationales. Le but des gazoducs Nord Stream 1 et Nord Stream 2 était de transporter son gaz vers les allemands. Le premier est en service depuis 2012, reliant ainsi Vyborg en Russie à la ville de Greifswald en Allemagne, avec une production de plus de 55 milliards de mètres cubes et 1230 kilomètres de longueur. Alors que le Nord Stream 2 fait 1234 kilomètres de distance, avec une production estimée à 110 milliards de mètres cubes, même s’il n’a vraiment jamais fonctionné. En clair, ces gazoducs à eux seuls représentent plus de 50% de la consommation de gaz en Allemagne et en Europe de l’Ouest.
Sources
https://seymourhersh.substack.com/p/how-america-took-out-the-nord-stream
https://en.wikipedia.org/wiki/Seymour_Hersh
