La tour de la Banque centrale européenne (BCE) à Francfort a été secouée par une vague de panique à la suite de la publication d’un sondage interne mené par le syndicat IPSO. Selon ce sondage, une majorité des répondants qualifie de « mauvaise » ou « très mauvaise » la performance de Christine Lagarde, présidente de la BCE depuis octobre 2019. Ces résultats inattendus ont déclenché des réactions diverses au sein de l’institution, mettant en lumière des préoccupations sur la gestion actuelle et la direction future de la BCE.
Le contraste avec Mario Draghi :
Les chiffres du sondage mettent en lumière un contraste frappant avec le prédécesseur de Christine Lagarde, l’Italien Mario Draghi. À la fin de son mandat, seuls 8,9% des répondants jugeaient sa performance comme « mauvaise » ou « très mauvaise », tandis que trois quarts le considéraient comme le « sauveur de l’euro » avec une action « extraordinaire », « très bonne » ou « bonne ». Certains répondants anonymes ont souligné que « Mario Draghi était là pour la BCE alors que la BCE semble être là pour Christine Lagarde », suscitant des interrogations sur le leadership de la présidente actuelle.
L’engagement médiatique de Christine Lagarde :
Christine Lagarde, ancienne directrice générale du Fonds monétaire international (FMI) et ministre française, est connue pour son engagement médiatique et sa volonté de démocratiser les messages de la BCE auprès de la population européenne. Cependant, les résultats du sondage suggèrent que cette visibilité ne se traduit pas nécessairement par une évaluation positive de sa performance. Certains répondants critiquent le fait que la BCE semble être davantage au service de Lagarde que l’inverse.
Les doutes sur la capacité de la BCE à atteindre ses objectifs :
Au cœur des préoccupations exprimées par les répondants se trouve un scepticisme quant à la capacité de la BCE à ramener l’inflation à son objectif de 2%. Alors que Lagarde et les membres du Conseil des gouverneurs martèlent leur détermination à atteindre cet objectif d’ici 2025, plus de la moitié des personnes interrogées doutent de la faisabilité de cette ambition. Ces inquiétudes pourraient potentiellement influencer les discussions lors de la prochaine conférence de presse de la présidente, où elle devrait aborder les attentes concernant une éventuelle baisse des taux.
Contestation de la méthodologie du sondage par la BCE :
La direction de la BCE réagit vivement à ces résultats, contestant la légitimité du sondage en remettant en cause sa méthodologie. Seules 1100 personnes sur plus de 5000 employés y ont répondu, et la moitié d’entre elles se déclarent mécontentes de leur travail à la BCE. La BCE estime, sur la base de ses propres études, que huit employés sur dix sont fiers de travailler au sein de l’institution. Un porte-parole de la BCE souligne également que le sondage évoque des sujets relevant du directoire ou du Conseil des gouverneurs, et non de la seule présidente.
Grogne salariale et contexte syndical :
Cette dispute survient dans un contexte de grogne salariale au sein des syndicats de la BCE. Les représentants du personnel ont vivement critiqué la politique salariale de l’institution, en menaçant même de faire grève. La proposition d’augmentation générale de 4,6% à la fin de 2023, basée sur un indice aligné sur les rémunérations dans des institutions internationales comparables, n’a pas réussi à apaiser les tensions. Les critiques sur le plan salarial se mêlent ainsi aux préoccupations plus larges exprimées dans le sondage.
Conclusion :
La publication du sondage interne à la BCE met en lumière des tensions croissantes au sein de l’institution, soulignant les critiques envers la performance de Christine Lagarde et suscitant des interrogations sur la direction actuelle de la BCE. Les résultats du sondage, bien que contestés par la BCE, soulèvent des questions importantes sur la légitimité du leadership de Lagarde et la capacité de l’institution à atteindre ses objectifs économiques. La résolution de ces problèmes potentiels nécessitera probablement un dialogue ouvert et constructif entre la direction de la BCE, le personnel et les parties prenantes externes.
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