Pourquoi Vous Devez Avoir Peur Du Quantitative Easing

En 2020, nous avons vu les banques centrales baisser les taux d’intérêt à tels point qu’ils sont devenus négatifs en Europe. Ceci n’ayant pas suffis à stimuler l’économie, les banques centrales ont adoptées une politique de Quantitative Easing.

Aujourd’hui je vais donc vous parler du Quantitative Easing. Si vous ne savez pas ce que c’est ou si vous voulez en apprendre plus sur le procédé suivi pour injecter de l’argent dans l’économie à travers le Quantitative Easing, cet article est pour vous. N’oubliez pas de rester jusqu’à la fin où je vous parlerai de l’inversement du procédé de Quantitative Easing ainsi que des conséquences et risques liés à cette politique.

Résumé en vidéo

Baisse ses taux d’intérêts et Quantitative Easing

Lors d’un affaiblissement de l’économique, les banques centrales ont deux options afin de stimuler la croissance. Soit elles baissent les taux d’intérêts, soit elles utilisent le principe du QE (quantitative easing).

La plupart du temps, les banques centrales optent en premier pour la solution la plus connue et qui parait la plus évidente : la baisse des taux d’intérêts. Mais il est impossible de baisser les taux d’intérêts indéfiniment. En effet, actuellement, les taux d’intérêts à travers le monde sont soit nul soit négatifs.

Après avoir baissé les taux d’intérêts le plus possible ; les banques centrales n’ont plus d’autre choix que d’utiliser un autre principe qui a des effets similaires : le Quantitative Easing (QE).

Rachat de dettes

Vous avez probablement entendu dire que le QE est l’impression d’argent par les banques centrales (la BCE en Europe). Grosso modo, c’est le principe. Les banques centrales « impriment » des billets digitalement. Ensuite, elles utilisent cet argent pour racheter des dettes, majoritairement gouvernementales, comme, par exemple, des obligations d’Etat. Il existe néanmoins certain cas, comme aux USA par exemple, où les banques centrales rachètent aussi d’autres types de dettes comme des dettes liées à des hypothèques (mortgage dept). Les dettes rachetées par les banques centrales lors des QE ne sont donc pas uniquement des dettes d’Etat.

En contrepartie de l’achat par les banques centrales des dettes des banques secondaires, celles-ci reçoivent une contribution financière. On appelle « banques secondaires » les banques qui ne sont pas des banques centrales (par exemple le Crédit Agricole,
Boursorama, et BNP Paribas). Ainsi, les banques secondaires sont refinancées.

Ce refinancement permet aux banques secondaires de plus emprunter. Ceci les rends de plus en plus confiantes et, par conséquent, de moins en moins diligentes concernant les personnes qui sont considérées comme étant « non-viables ». Plus de gens ont donc la possibilité d’emprunter. De plus, ayant une entrée d’argent facile et quasi inépuisable, les banques secondaires vont alors baisser leurs taux d’intérêts. Cela va augmenter la facilité et l’attrait qu’il y a de prendre un crédit aujourd’hui plutôt que demain.

Un exemple

Clint Eastwood, à tellement apprécier la Gran Torino qu’il a utilisé lors du tournage d’un film qu’il décida de nommer le film d’après celle-ci. A la fin du tournage ; se rendant compte qu’il avait trouvé la femme de sa vie et qu’il ne pouvait vivre sans sa Gran Torino (ou GRT ; mais que pour les intimes !) Clint décida qu’il devait l’avoir. Or, Clint Eastwood est fermement contre le vol et se dit que si GRT est vraiment la voiture de sa vie, elle aura le même avis sur le sujet. Il décide donc de faire un grand geste romantique ! Au lieu de la voler tel un vulgaire desperados, Eastwood décide de racheter son autre moitié.

Il existe néanmoins un problème : la belle Gran Torino coûte extrêmement cher. Tellement cher, que même le riche Clint Eastwood ne peut pas l’acheter sans prendre un crédit. Clint se demande donc s’il devrait vraiment faire un prêt pour acheter sa chérie (car il lui faut ensuite de l’argent afin de l’entretenir et d’éviter qu’elle parte avec un autre homme). S’il prend un crêdit aujourd’hui, ne risque-t-il pas de rater une meilleur opportunité ? Est-ce vraiment judicieux de faire un emprunt afin d’acheter l’amour de sa vie ? Toutes ces questions se bousculent dans la tête de Clint.

A tel point qu’il commence à penser que leur amour devrait rester secret jusqu’à ce qu’il puisse, dans un mois, acheter sa Gran Torino cash… Clint ne sait plus quoi faire !

Heureusement pour lui, Clint Eastwood est en 2009; il vit donc les répercussion du QE mis en place lors du krach immobilier. Emprunter est alors un jeux d’enfant ; tout le monde peut emprunter et les taux d’intérêts sont exceptionnellement bas (remerciements au QE). Sans plus y penser ; Eastwood va à la banque la plus proches : AsiansAreCool. Il prend un prêt et achète enfin sa belle.

Injection de monnaie et investissement

L’injection d’argent dans l’économie du pays mène à une croissance du taux d’investissement. Mais si cet argent devient trop abondant, des personnes qui n’investissaient pas précédemment (et qui n’y connaissent rien) commencent à investir. Et ceux qui investissaient précédemment change d’approchent et spéculent de plus en plus car ils ont un surplus d’argent trop important. Dans les deux cas, les investisseurs finissent par spéculer.

Nous pouvons prendre l’exemple de Clint Eastwood et de sa co-star Ahney Her (Sue). Clint dépense tout ce qu’il gagne sur sa belle. Lorsque, 11 ans plus tard, le COVID 19 fait son entrée et que le QE décide de se joindre à la danse, Eastwood prend un prêt après l’autre. Après tout, les risques sont très faibles !!! Après toutes ses dépenses ; Clint Eastwood se retrouve avec un surplus d’argent. Eastwood décide alors d’investir cet argent. Le problème est qu’il n’y connait rien. Mais il se dit que ce n’est qu’un détail ! Il cherche alors des entreprise « cool » dans lesquelles il « investi » (spécule).

D’un autre côté, Ahney Her décide en 2009 de se reconvertir en courtière. En 2020, Her décide également de prendre un prêt à la banque. Avec le surplus d’argent qu’elle à, Her investi dans tout ce qui est possible. Une fois qu’elle a investi dans les entreprises intelligemment ; Her n’a d’autre choix que d’aller voir du côté des entreprises « cool » et de spéculer en y plaçant son argent.

La croissance de l’argent disponible mènent à une baisse de l’intérêt porté aux obligations gouvernementales, dont les dividendes payés sont à un taux très faible. Ceci amène les investisseurs à aller vers des actifs de plus en plus risquées (comme les actions ou la cryptomonnaie) afin d’avoir un rendement plus élevé.

Inversion du QE

Bien-sûre, il faut noter que les banques centrales ont une politique d’inversion du QE. En effet, après le passage de la crise, la banque centrale récupère et détruit petit-à-petit le surplus d’argent. Mais, par exemple, les effets du QE mis en place pour contrer la crise de 2008 n’ont toujours pas été totalement inversés. De plus, il a été remarqué que la politique d’inversement du Quantitative Easing n’a jamais véritablement et totalement marché.

En théorie, le QE pousse naturellement de la monnaie dans les secteurs en ayant besoins, ce qui permet de stimuler le marché financier, et par la même occasion, l’économie. Mais ce n’est que la théorie. La réalité est toute autre. Et nous fait prendre conscience que le QE à des effets secondaires indésirables, comporte des risques et peut même être dangereux. En réalité, l’augmentation de la spéculation lié au Quantitative Easing mène à une dissociation de la valeur d’un actif et de son prix. Ce qui peut mener à la création d’une bulle spéculative, menant à une crise financière.

Le principe du Quantitative Easing est d’inciter les personnes à acheter maintenant plutôt que demain. Ceci est utile sur le court terme car le taux de demande croit significativement. Mais cette croissance se fait au détriment de la croissance future. En effet, Clint Eastwood n’aura plus besoins d’acheter sa Gran Torino dans un mois, comme il l’avait prévu au début, car il l’a fait hier (avec l’aide d’un prêt).

Autre problème, les banques secondaires n’ont aucune obligation de prêter l’argent reçu en contre partie du rachat des obligations par la banque centrale. Elles peuvent donc choisir de stocker cet argent au lieu de le prêter. Cette action rend alors la politique de QE inutile. Du coté des banques centrales, la politique de Quantitative Easing élargie leur bilan financier (balance sheet).

3 choses à retenir

Si vous deviez retenir 3 chose de cet article, ce serait :

  1. Le Quantitative Easing est l’injection d’argent dans la société afin de stimuler l’économie.
  2. Le Quantitative Easing est la création ex nihilo d’argent à travers le rachat de dettes auprès des banques secondaires.
  3. Le Quantitative Easing n’est pas sans risques et la politique d’inversement n’a, à ce jour jamais véritablement été efficace.

(2 commentaires)

    1. C’est une différence de degré tout à fait arbitraire et pas une différence de nature.

      Dans les 2 cas la Banque Centrale achète des actifs financiers, de préférence « sains » aux banques pour augmenter la liquidité et faciliter les échanges sur le marché interbancaire. Dans le cas du QE, elle le fait de façon beaucoup plus importante et avec des contreparties qu’elle n’accepterait pas en temps normal.

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