Le mot a été lâché par le gouvernement: François Fillon a un programme de privatisation de la santé. Au-delà de la polémique politicienne, le vieillissement de la population et l’amélioration des soins nous obligent à nous poser la question du financement de l’assurance-maladie. Deux solutions sautent aux yeux. Soit augmenter les charges, soit baisser les coûts. Mais une troisième voie serait-elle possible?
Faut-il augmenter les charges?
En 2015, j’avais fait une vidéo sur le coût du travail. Les chiffres ont très peu évolué. Elle me semble donc toujours d’actualité.
Si la piste de l’augmentation du coût du travail semble exclue par la gauche comme par la droite, l’idée de la TVA « sociale » fait son chemin. C’est un moindre mal car celle-ci ne contribue pas à diminuer la compétitivité des entreprises. C’est cependant un jeu de dupe. Ce que l’on ne prend pas au salarié sur son bulletin de salaire, on le lui prend en tant que consommateur.
Faut-il baisser les coûts ?
C’est la réponse habituelle apportée par les différents gouvernements depuis 20 ans. Progressivement, la sécurité sociale se désengage au profit des mutuelles. La proposition de François Fillon est sur la même ligne même si plus extrême. Ce que la gauche appelle la privatisation de la santé n’est finalement que l’amplification de ce qui se pratique déjà.
Nous pouvons donc nous demander si nous allons devoir maintenant payer pour les bobos de la vie de tous les jours. L’assurance-maladie serait alors réservée aux maladies et accidents graves. Après tout, est-il normal que le Doliprane soit le troisième médicament le plus remboursé de France?
Faut-il une vraie privatisation de la santé?
La vraie question ne serait-elle pas « en avons-nous pour notre argent? »? Autrement dit, le coût n’a qu’une importance très relative si nous jugeons que la valeur obtenue est supérieure ou égale au prix payé.
Le seul moyen de vérifier que nous en avons pour notre argent est la mise en concurrence. Lorsque France Télécom était le seul opérateur, nous trouvions normal de payer l’abonnement téléphonique en plus des consommations souvent très chères. La mise en concurrence permit une remise en cause du monopole, du prix et de la qualité. France Télécom devenu Orange n’a pas disparu. Il reste de très loin le premier opérateur mais il a été contraint d’améliorer le service rendu pour garder cette place. Quant au consommateur, la concurrence s’est adaptée pour lui offrir des forfaits différents suivant ses habitudes et désirs de consommations.
Sur le même modèle, nous pourrions donc envisager une sécurité sociale mise en concurrence avec les mutuelles. Comme Orange, elle serait contrainte d’améliorer le service rendu pour garder sa place. Quant à l’assuré, la concurrence s’adaptera pour lui offrir des « forfaits » différents suivant ses habitudes et désirs de soins. C’est du reste ce que font déjà les mutuelles pour la partie non prise en charge par la sécu.
En Suisse, on n’a pas de caisse maladie nationale. Toutes les assurances sont des entreprises privées (CSS, Atupri, Wincare, etc). Et ça marche du tonnerre. Personnellement, je suis convaincu qu’un réseau d’entreprises privées est la meilleur manière pour un pays de couvrir ses habitants (avoir une assurance maladie est obligatoire en Suisse).