Une banque centrale est une institution publique qui gère la monnaie d’un pays ou d’un groupe de pays. Le rôle de la banque centrale est de contrôler la masse monétaire, c’est-à-dire la quantité de monnaie en circulation.
Pour la petite histoire
Il y a beaucoup de petites histoires sur les banques centrales. J’ai déjà raconté comment un banquier central avait été à l’origine de la crise de 29. Mais parlons ici de la banque grâce à laquelle toutes les banques centrales sont nées: la banque de Stockholm.
La banque de Stockholm
En 1656 Johan Palmstruch, un marchand néerlandais, obtenu le privilège royal de fonder la banque de Stockholm. Cette banque avait de facto un statut public. Elle pouvait également prélever les droits de douane et les accises (l’accise est une taxe fixe sur un produit comme le tabac ou l’essence).
La monnaie Suédoise, le Daler n’était pas très pratique. C’était une plaque de cuivre de 20 kg et de la taille d’un chien. A partir de 1661, la banque de Stockholm put donc émettre des billets de crédit, les premiers vrais billets de banque, que l’on appelle les Palmstruchers, du nom du fondateur de la banque. A défaut d’étalon-or, ces billets étaient convertibles en lingots de cuivre. Grisée par cet argent facile et brouillée avec la comptabilité, la banque de Stockholm se dit qu’il était un peu bête de limiter ses billets à la quantité de métal précieux contenu dans ses coffres. Elle abandonna donc l’étalon cuivre sans le dire et imprima plus de billets qu’elle n’avait de cuivre dans ses coffres…
Une maladie professionnelle
L’impression de billets sans limite semble être une maladie de banquier central. Ils voient un papier blanc ne valant rien rentrer d’un côté de la machine puis ressortir de l’autre côté en ayant multiplié sa valeur par plusieurs millions. Ils finissent par se persuader qu’ils créent de la richesse.
Johan Palmstruch comprit son erreur quand la banque de Stockholm fit banqueroute, en 1668.
Charles XI de Suède, dont le trésor était à sec et qui avait besoin d’argent, remplaça alors cette banque publique par une autre, la première vraie banque centrale: la banque centrale de Suède.
Palmstruch, lui, fut condamné à mort mais sa peine fut commuée en une peine de prison. Mario Draghi, le patron de la BCE, peut respirer.
Le rôle de la banque centrale contesté par Hayek
Hayek, prix Nobel d’économie en 1974, est le principal critique du rôle de la banque centrale.
Pour lui, la création monétaire, qui est le monopole des banques centrales,ruiner pousse au crédit sur une base qui n’est pas celle de l’épargne. Le crédit ne se fait pas sur la base de richesses existantes mais sur celle du papier émis. On crée alors l’illusion d’un taux d’intérêt bas. Cette illusion permet l’investissement à (trop) faible rentabilité. Il pousse également la finance au détriment de l’industrie. Des bulles se créent alors comme pour la crise de 1929 ou celle des subprimes. Les gouvernements sont tentés de maintenir cette illusion le plus longtemps possible et poussent les banques centrales à augmenter la création monétaire.
C’est la folie des banques centrales actuelles.
L’illusion dure jusqu’à ce qu’elle soit insoutenable. La banque centrale est alors obligée de prendre des mesures plus restrictives. On s’aperçoit donc de la rareté du capital « réel » et de sa rentabilité trop faible. Le retour à la normale est brutal.
Pour en savoir plus
Je vous conseille le très bon livre de Patrick Artus et Marie-Paule Virard: La folie des banques centrales: Pourquoi la prochaine crise sera pire.
Plus classique et plus explicatif de ce qu’est une banque centrale, vous pouvez lire Banques centrales et stabilité financière de Jean-Paul Betbèze.