Scandale de l’Eau Contaminée : Maintenant, Des Fraudes Massives chez Nestlé

Une récente enquête menée par « Le Monde » et la cellule investigation de Radio France a mis au jour des pratiques illégales de plusieurs producteurs d’eau en bouteille, dont Nestlé, qui auraient filtré leur eau de manière frauduleuse pour dissimuler une contamination. Cette affaire complexe a été initiée par un signalement de fraudes au sein du groupe Sources Alma en décembre 2020, mettant en lumière des traitements non conformes à la réglementation, et a conduit à une révélation choquante : près de 30% des marques d’eaux en bouteille seraient concernées.

Le jeu de la transparence ou la stratégie de communication de Nestlé

Le 29 janvier 2024, Nestlé a publié un article intitulé « Perrier, Vittel, Contrex : Nestlé fait son mea culpa » dans le journal Les Echos, se présentant comme un acte de transparence. Cependant, il s’est avéré que cette opération « mea culpa » était une réaction préméditée de la multinationale face à une enquête embarrassante à venir. En effet, le Monde et la Cellule investigation de Radio France travaillaient sur une enquête depuis plusieurs mois, révélant des pratiques bien plus complexes et étendues que ce que Nestlé cherchait à minimiser.

Une réunion interministérielle révélatrice

Le point de départ de cette enquête remonte à une réunion interministérielle en février 2023, où des plans d’actions et des transformations des usines de conditionnement d’eau de Nestlé ont été discutés. Le compte rendu de cette réunion a révélé des autorisations spéciales accordées à Nestlé pour utiliser des systèmes de purification interdits, notamment une microfiltration inférieure à 0,8 micron. Cette pratique, révélée à la suite d’une enquête de la DGCCRF sur le groupe Sources Alma, a été le point de départ de révélations plus étendues.

Des traitements interdits généralisés

L’enquête a mis en lumière que le groupe Alma n’était pas le seul à recourir à des traitements interdits. Les investigations ont révélé que d’autres industriels du secteur, dont le géant Nestlé Waters, ont également utilisé des filtres non autorisés. Un rendez-vous secret à Bercy en août 2021 a révélé que Nestlé reconnaissait ces pratiques et demandait la possibilité de continuer à les utiliser, même sollicitant une évolution de la réglementation en sa faveur.

Une réglementation stricte contournée

La réglementation française sur les eaux en bouteille est stricte, distinguant les eaux minérales naturelles des eaux de source et des eaux rendues potables par traitement. Les deux premières catégories sont censées être « microbiologiquement saines » et ne peuvent subir que des traitements limités. Cependant, les pratiques révélées montrent que Nestlé a enfreint ces règles, utilisant des filtres interdits, notamment une microfiltration inférieure à 0,8 micron.

Des pratiques dissimulées et une contamination persistante

L’enquête administrative ordonnée en octobre 2021 a révélé que Nestlé utilisait des traitements non conformes dans toutes ses usines. De plus, la multinationale a dissimulé ces pratiques, positionnant délibérément les points de prélèvement après les traitements interdits. Les ressources aquifères exploitées par Nestlé sont régulièrement contaminées, justifiant l’utilisation de traitements non autorisés pour « nettoyer » l’eau. Les implications sanitaires de ces pratiques sont sujettes à débat, mais l’IGAS souligne un risque potentiel en cas de retrait des traitements.

Justice à géométrie variable

L’attitude des autorités régionales diverge, avec l’ARS Grand Est saisissant la justice en octobre 2022 pour « tromperie » au code de la santé publique. En revanche, l’ARS Occitanie aurait été plus clémente envers Nestlé, ne saisissant pas la justice malgré des infractions identiques. Cette disparité soulève des questions sur la manière dont l’affaire sera traitée sur le plan judiciaire.

Conclusion

L’affaire de contamination de l’eau en bouteille impliquant Nestlé et d’autres producteurs met en lumière des pratiques illégales généralisées, des dissimulations délibérées et une réglementation contournée. Alors que Nestlé a tenté une opération de transparence, l’enquête continue de révéler des détails troublants. La question de la sécurité sanitaire persiste, et la justice devra trancher sur les implications légales de ces pratiques pour l’industrie de l’eau en bouteille.

Vous pouvez reproduire en tout ou partie de cet article à condition que cet avertissement soit inclus:   « Cet article vient du site www.drawmyeconomy.com, où François-Xavier partage régulièrement ses analyses sur l’actualité économique.»

Sources

https://www.ladepeche.fr/2024/01/31/scandale-des-eaux-minerales-purification-illegale-30-des-marques-concernees-aveux-de-nestle-ce-que-lon-sait-de-la-polemique-11732147.php

https://www.francetvinfo.fr/enquetes-franceinfo/enquete-franceinfo-plusieurs-producteurs-d-eau-en-bouteille-ont-filtre-illegalement-leur-eau-pour-masquer-une-contamination_6333046.html

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