L’inflation, ce phénomène économique auquel les Français sont confrontés depuis quelque temps déjà, commence à laisser des marques indéniables sur les habitudes de consommation. Selon Dominique Schelcher, le PDG de Système U, nous assistons à une véritable « déconsommation » dans le pays. Cette affirmation, faite lors d’une récente interview sur BFMTV, révèle un changement profond dans la manière dont les ménages français abordent leurs achats, notamment alimentaires.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Une étude réalisée par l’Ifop indique que plus de la moitié des Français les plus démunis ont été contraints de réduire leurs portions alimentaires et le nombre de repas en raison de l’inflation. Cette réalité économique se traduit également dans les rayons des grandes surfaces, où l’on observe une baisse nette des achats.
À l’origine, l’impact de l’inflation se manifestait par un arbitrage évident : moins de produits non-alimentaires, moins de produits frais traditionnels, et une préférence marquée pour les marques distributeurs au détriment des grandes marques. Cette tendance persiste, selon Dominique Schelcher, qui souligne l’absence de renversement majeur dans ce schéma.
Mais ce qui frappe davantage, c’est la récente tendance à la déconsommation. Depuis la rentrée, les volumes d’achats diminuent, constate-t-il, citant les chiffres enregistrés par sa propre enseigne : une baisse de 4,5 % en janvier et de 1,2 % en février. Cette situation met en lumière les difficultés rencontrées par de nombreux Français pour faire face à l’inflation.
Même les tentatives de stimuler les ventes par le biais de promotions ou de ventes en lots se révèlent inefficaces. Dominique Schelcher souligne que les consommateurs sont devenus plus sélectifs, rejetant les achats impulsifs au profit d’une consommation plus réfléchie et économiquement raisonnée. Les achats dits « plaisir », tels que l’alcool, les gâteaux ou le chocolat, semblent être les seules exceptions à cette règle.
Cette nouvelle donne dans le comportement d’achat des Français est révélatrice d’un changement de paradigme plus profond dans la société de consommation. Les ménages s’adaptent à une réalité économique où le pouvoir d’achat est mis à rude épreuve, privilégiant la frugalité et la prudence financière. Il s’agit là d’une transformation significative, qui pourrait bien perdurer dans les années à venir.
Michel-Édouard Leclerc, le patron du premier distributeur français, partage cette vision en anticipant une inflation « structurelle » dans les prochaines années, bien que moins abrupte que celle des dernières années. Ces prévisions économiques dessinent un paysage où l’adaptabilité des consommateurs et la résilience des entreprises seront mises à l’épreuve.
En somme, l’inflation ne se limite pas à une simple augmentation des prix ; elle modèle les comportements de consommation et redéfinit les dynamiques du marché. Face à cette réalité, les acteurs économiques, qu’ils soient distributeurs ou consommateurs, doivent s’adapter et repenser leurs stratégies pour naviguer dans ce nouveau paysage économique, où la prudence et la modération semblent être les maîtres mots.
