Maintenant, Moins De Soutien Pour Les Chômeurs

Le 1er décembre marquera une nouvelle étape dans la transformation du système d’assurance-chômage en France, suite à l’annonce faite par le gouvernement Macron. Après les réformes de 2019 et 2021, la dernière mesure annoncée le 26 mai par Gabriel Attal promet des changements significatifs pour les demandeurs d’emploi. Cette réforme, visant à durcir les conditions d’ouverture des droits et à réduire la durée d’indemnisation, a été qualifiée par certains comme le « pire durcissement » jamais mis en œuvre. Bien que le gouvernement espère économiser 3,6 milliards d’euros et créer 90 000 emplois, ce sont les jeunes, les travailleurs précaires et les seniors qui risquent d’être les plus durement touchés.

Un coup dur pour les jeunes et les précaires

Les jeunes entrant sur le marché du travail et ceux travaillant de manière intermittente, comme les saisonniers ou les intérimaires, seront particulièrement affectés par la nouvelle réforme. À partir du 1er décembre, les conditions d’ouverture des droits à l’indemnisation seront durcies : il faudra avoir travaillé huit mois sur les vingt derniers pour être indemnisé, contre six mois sur les vingt-quatre derniers actuellement. Ce durcissement s’ajoute à celui de 2019, où il fallait avoir travaillé quatre mois sur les vingt-huit derniers mois pour ouvrir des droits. Pour les primo-inscrits, ce changement complique considérablement l’accès à l’assurance-chômage.

Bruno Coquet, chercheur à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), explique que cette réforme risque d’exclure de nombreux jeunes et saisonniers du système. « Avec cette réforme, on va exclure les saisonniers, les jeunes qui travaillent l’été et ceux qui sont éloignés du monde du travail, » affirme-t-il. En rendant l’accès à l’assurance-chômage plus difficile, la réforme pourrait nuire aux jeunes en début de carrière qui dépendent de ces indemnités pour stabiliser leur situation professionnelle. Plutôt que de les aider à converger vers un emploi stable, ces restrictions pourraient au contraire les précariser davantage.

Réduction de la durée d’indemnisation

Un autre aspect controversé de la réforme est la réduction de la durée d’indemnisation pour les demandeurs d’emploi. Actuellement, la durée maximale d’indemnisation est de dix-huit mois pour les chômeurs de moins de 57 ans. Avec la nouvelle réforme, cette période sera réduite à quinze mois si le taux de chômage reste en dessous de 9%, et pourra encore baisser si le taux de chômage passe sous les 6,5% (actuellement à 7,5%). Ce mécanisme, appelé « contracyclicité », est destiné à ajuster la durée d’indemnisation en fonction de la situation économique du pays.

Mathieu Grégoire, professeur à l’université de Paris-Nanterre et spécialiste de l’assurance-chômage, souligne que cette réforme touche un large spectre de travailleurs. « Ce qui est très original et singulier avec cette réforme, c’est que l’ensemble des salariés qui perdent un emploi stable sont concernés avec cette baisse à quinze mois. On a longtemps seulement visé ceux qui étaient en intermittence, les jeunes, » dit-il. Cette généralisation des restrictions pourrait fragiliser davantage les travailleurs en transition, leur laissant moins de temps pour retrouver un emploi équivalent à celui qu’ils ont perdu.

Les seniors, encore plus vulnérables

Les seniors constituent un autre groupe fortement impacté par la réforme. Le gouvernement a décidé de relever l’âge à partir duquel on peut bénéficier d’une allocation plus longue de 55 à 57 ans, en alignement avec le report de l’âge de départ à la retraite. De plus, la durée d’indemnisation maximale pour les chômeurs de 57 ans et plus passera de vingt-sept à vingt-deux mois et demi. Ces changements arrivent alors que les seniors rencontrent déjà des difficultés spécifiques sur le marché du travail.

Pour tenter de compenser ces restrictions, le Premier ministre a annoncé la création d’un « bonus emploi senior ». Cette mesure permettra à un senior au chômage qui reprend un emploi moins bien rémunéré de cumuler son nouveau salaire avec son allocation-chômage, rétablissant ainsi sa rémunération initiale pendant un an. Toutefois, cette initiative a été critiquée par les syndicats qui la considèrent comme un cadeau au patronat, craignant qu’elle n’incite les entreprises à proposer des salaires plus bas aux seniors.

L’Union syndicale Solidaires a dénoncé auprès de l’AFP la « brutalité absolue » de cette réforme pour les seniors, tandis que la CFTC craint que ces derniers ne se retrouvent « massivement renvoyés au RSA ». Les inquiétudes des syndicats sont compréhensibles, car les seniors au chômage rencontrent souvent des difficultés à se réinsérer dans le marché du travail, et cette réforme pourrait aggraver leur situation.

Un contexte économique sous tension

Cette réforme s’inscrit dans un contexte économique tendu où le gouvernement cherche à réduire les dépenses publiques tout en stimulant l’emploi. Selon les estimations, la réforme pourrait permettre d’économiser 3,6 milliards d’euros et de créer 90 000 emplois. Toutefois, ces objectifs économiques doivent être équilibrés avec les impacts sociaux sur les populations les plus vulnérables.

En durcissant les conditions d’accès et en réduisant la durée d’indemnisation, le gouvernement mise sur une incitation accrue à retrouver rapidement un emploi. Cependant, cette approche ne prend pas en compte les réalités du marché du travail, notamment la difficulté pour certaines catégories de travailleurs de trouver un emploi stable et bien rémunéré. En ce sens, la réforme pourrait avoir des effets pervers, en accentuant la précarité de ceux qui sont déjà les plus fragilisés.

Conclusion

La nouvelle réforme de l’assurance-chômage en France, prévue pour entrer en vigueur le 1er décembre, représente un tournant significatif dans la politique de l’emploi du gouvernement Macron. Si les objectifs affichés sont de réduire les dépenses publiques et de stimuler la création d’emplois, les conséquences pour les jeunes, les précaires et les seniors pourraient être sévères. Les durcissements des conditions d’ouverture des droits et la réduction de la durée d’indemnisation risquent de laisser de nombreux demandeurs d’emploi sans le soutien nécessaire pour retrouver une stabilité professionnelle.

Les critiques des syndicats, qui voient dans cette réforme une menace pour les plus vulnérables, mettent en lumière les défis sociaux posés par ces nouvelles mesures. Dans un marché du travail déjà complexe, les ajustements prévus pourraient aggraver les inégalités et précariser davantage ceux qui sont en transition professionnelle. Alors que le gouvernement s’apprête à mettre en œuvre cette réforme, il est crucial de considérer non seulement les bénéfices économiques attendus, mais aussi les impacts humains et sociaux qui en découleront.

Sources:

Merci à François pour cet article: 

http://www.mercipourlinfo.fr/actualites/emploi/reforme-de-lassurance-chomage-ce-qui-va-changer-a-partir-de-decembre-2024-1089846#:~:text=vont%20y%20perdre%20%3F-,La%20durée%20d%27indemnisation%20réduite%20à%2015%20mois,maintient%20en%20dessous%20de%209%20%25.

https://www.francetvinfo.fr/economie/emploi/chomage/reforme-de-l-assurance-chomage-pourquoi-les-jeunes-les-precaires-et-les-seniors-sont-ceux-qui-ont-le-plus-a-perdre_6568559.html

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