Maintenant Ou Jamais : La Chine Contre L’europe

L’Europe envisage d’augmenter les droits de douane sur les véhicules importés de Chine de 10 à 30 % afin de protéger ses constructeurs automobiles. Pourtant, les principaux acteurs européens de l’automobile, loin de soutenir cette initiative, craignent des conséquences négatives. Pourquoi une telle opposition, et quels en seraient les impacts?

Une mesure protectionniste controversée

La Commission européenne justifie cette mesure par le besoin de contrer une concurrence qu’elle juge déloyale, due aux subventions massives que le gouvernement chinois accorde à ses constructeurs. L’objectif est clair : freiner l’arrivée massive de véhicules électriques chinois sur le marché européen. Cependant, les constructeurs européens ne partagent pas cette vision protectionniste.

Carlos Tavares, PDG de Stellantis, illustre bien ce point de vue. Ayant initialement critiqué l’invasion des véhicules électriques chinois, il a depuis modifié sa position, notamment par un partenariat avec Leapmotor. Tavares met en garde contre les effets néfastes des mesures protectionnistes, citant l’exemple américain où des droits de douane de 100 % ont été appliqués sur les voitures chinoises et leurs composants, créant une bulle technologique et un retard conséquent.

Luca de Meo, PDG de Renault et président de l’Association des constructeurs européens, rejoint cette critique. Pour lui, l’Europe doit se confronter à de nouveaux acteurs pour stimuler l’innovation et la réactivité des entreprises locales. Cette position est également partagée par les grands constructeurs allemands comme Volkswagen, BMW, et Mercedes, pour lesquels la Chine représente un marché vital.

Les risques d’un retour de bâton

La Chine constitue un marché crucial pour les constructeurs allemands, avec des conséquences financières potentiellement lourdes si la Chine venait à riposter par une hausse de ses droits de douane. Oliver Zipse, PDG de BMW, se montre particulièrement virulent, qualifiant les droits de douane de « protections fantomatiques » qui pourraient se retourner contre les entreprises européennes elles-mêmes. Ola Kallenius, PDG de Mercedes, appelle à un alignement des droits de douane avec ceux de la Chine pour éviter de froisser les autorités chinoises.

Volkswagen, qui tient à sa position de leader étranger en Chine, s’oppose également à cette décision. Le groupe craint que des mesures protectionnistes nuisent à sa relation avec le marché chinois, tant au niveau politique que commercial.

Un texte européen aux conséquences potentiellement désastreuses

Le problème principal, souligné par Oliver Zipse, réside dans le fait que plus de la moitié des importations chinoises en Europe proviennent de marques non chinoises. Des modèles comme la Dacia Spring, la BMW iX3, et la nouvelle Mini Cooper Electric sont fabriqués en Chine pour le compte de marques européennes ou étrangères. Un mauvais encadrement des droits de douane pourrait ainsi nuire à des constructeurs européens eux-mêmes.

Les statistiques du premier trimestre 2024 montrent que les constructeurs chinois exportent effectivement des voitures en Europe, mais peinent à les vendre, causant des encombrements dans les ports européens. La production locale en Europe, prônée par certains dirigeants politiques, ne diminuerait pas nécessairement la menace chinoise pour le marché européen.

Un risque de sanctions réciproques

Les constructeurs européens redoutent une réaction de la Chine qui pourrait inclure des mesures restrictives sur des matériaux stratégiques comme les semi-conducteurs, les matières premières, ou même les batteries. Cette éventualité aurait des répercussions significatives sur la chaîne d’approvisionnement et la production automobile en Europe.

Freiner l’entrée des véhicules électriques chinois en Europe est une chose, mais déclencher un conflit commercial avec la Chine en est une autre. Les constructeurs européens sont unanimes : les conséquences d’une telle politique pourraient être bien plus dommageables que les bénéfices escomptés.

En conclusion

La volonté de l’Europe d’augmenter les droits de douane sur les véhicules chinois pour protéger ses propres constructeurs se heurte à l’opposition de ces derniers, qui craignent des conséquences économiques et commerciales néfastes. Les constructeurs européens estiment que cette mesure pourrait non seulement nuire à leurs relations commerciales avec la Chine, mais aussi compromettre leur position concurrentielle sur le marché mondial. Au-delà des simples considérations protectionnistes, c’est un équilibre délicat entre protection du marché intérieur et maintien de relations commerciales stables avec la Chine que l’Europe devra trouver.

Sources:

Merci à Angelo pour cet article:

https://www.numerama.com/vroom/1749068-les-constructeurs-automobiles-europeens-craignent-un-retour-de-baton-chinois.html

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