Nouveau Tarif Douanier : la Chine Contre-Attaque

L’annonce récente de l’ouverture d’une enquête antidumping sur les importations de porc européen par la Chine marque une nouvelle étape dans l’escalade des tensions commerciales entre les deux blocs économiques majeurs. Cette mesure intervient peu de temps après que l’Union Européenne ait annoncé l’imposition de droits de douane supplémentaires sur les véhicules électriques chinois, signalant une dynamique inquiétante vers une guerre commerciale.

Une réponse rapide et ciblée

La Chine a officiellement lancé une enquête antidumping sur les importations de porc et de produits dérivés de l’Union Européenne. Cette démarche fait suite à une requête de l’Association chinoise de l’élevage, représentant les intérêts de l’industrie porcine locale. Cette action n’est pas isolée. En mai, lors de la visite du président Xi Jinping en France, la Chine avait promis de faciliter l’accès des produits français, notamment les intestins de porc, au marché chinois. Cette volte-face indique un changement stratégique en réponse aux actions européennes.

La réaction européenne

La Commission européenne a réagi rapidement à cette annonce, promettant de surveiller de près l’évolution de l’enquête chinoise. Le porte-parole Olof Gill a souligné l’importance de s’assurer que la procédure respecte les règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Le ministre espagnol de l’Agriculture, Luis Planas, a exprimé l’espoir d’un arrangement à l’amiable, sachant que l’Espagne est le principal exportateur de produits porcins vers la Chine, avec plus de 560 000 tonnes exportées l’année dernière, générant 1,2 milliard d’euros.

Les droits de douane européens sur les véhicules électriques

Cette enquête antidumping survient peu après que l’Union Européenne a annoncé des droits de douane supplémentaires sur les véhicules électriques chinois, allant jusqu’à 38%, à partir du mois prochain. Cette décision résulte d’une enquête antisubventions débutée en septembre 2023. Jusqu’ici, les véhicules chinois étaient taxés à 10% dans l’UE. Bruxelles prévoit d’ajouter des droits compensateurs variables selon les fabricants : 17,4% pour BYD, 20% pour Geely et 38,1% pour SAIC, avec un droit moyen de 21% pour les autres constructeurs.

Ces droits de douane visent à contrebalancer les subventions massives accordées par le gouvernement chinois à son industrie automobile électrique, estimées à plus de 200 milliards de yuans (25,5 milliards d’euros) entre 2014 et 2022. Ces subventions ont permis aux constructeurs chinois de s’imposer sur le marché mondial. En 2023, les ventes mondiales de véhicules électriques chinois ont augmenté de 70%, atteignant 31,6 milliards d’euros, avec près de 40% de ces exportations destinées à l’UE.

Impact et réponse mondiale

Les exportations chinoises ont permis aux fabricants de véhicules électriques de gagner des parts de marché en Europe, passant de moins de 2% fin 2021 à près de 8% fin 2023. Le constructeur BYD a particulièrement profité de cette dynamique, devenant le premier à dépasser les sept millions de véhicules produits en mars 2023. D’autres constructeurs chinois, comme SAIC, MG Motor et Polestar (une filiale de Volvo détenue par Geely), ont également renforcé leur présence en Europe.

Face à ces avancées, l’UE n’est pas la seule à augmenter les droits de douane. Aux États-Unis, les droits sur les voitures électriques ont été relevés de 25 à 100%, selon une annonce de la Maison Blanche le mois dernier. Cette tendance globale vers le protectionnisme commercial accentue les tensions internationales.

Les risques d’une guerre commerciale

La perspective d’une guerre commerciale inquiète de nombreux acteurs économiques, notamment en Allemagne, où les constructeurs automobiles comme Audi, BMW, Mercedes et Volkswagen réalisent près de 40% de leurs ventes mondiales en Chine. Ces entreprises craignent les répercussions d’une escalade des droits de douane et de mesures de rétorsion chinoises.

La Chine a déjà manifesté son intention de porter plainte auprès de l’OMC et de prendre toutes les mesures nécessaires pour défendre ses entreprises. Les produits visés pourraient inclure le vin, les produits laitiers et les voitures à grosses cylindrées. En janvier, Pékin avait déjà lancé une enquête antidumping sur les brandys européens, en réponse à l’enquête européenne sur les subventions aux voitures électriques chinoises.

Analyse économique

Les subventions publiques massives sont une intervention directe dans le marché, souvent justifiée par les gouvernements pour stimuler l’innovation ou protéger les industries naissantes. Toutefois, ces subventions créent des distorsions importantes, favorisant des acteurs non compétitifs et entravant la concurrence. Les droits de douane supplémentaires imposés par l’UE visent à rétablir un certain équilibre compétitif en neutralisant l’avantage artificiel obtenu grâce aux subventions.

L’approche protectionniste, bien que défensive, risque de déclencher une spirale de mesures de rétorsion mutuelles, nuisant in fine aux consommateurs et aux entreprises des deux côtés. Les tarifs douaniers augmentent les coûts des importations, réduisent les choix des consommateurs et peuvent mener à des inefficacités économiques.

Perspectives

La montée des tensions commerciales entre la Chine et l’UE, exacerbée par les récentes décisions sur les droits de douane, nécessite une approche prudente. Il est essentiel que les deux parties cherchent à résoudre leurs différends par des négociations plutôt que par des escalades de mesures protectionnistes. L’OMC offre un cadre pour ces négociations, mais son efficacité dépend de la volonté des parties de coopérer et de respecter les règles internationales.

L’économie mondiale bénéficie généralement de la libre circulation des biens et des services. Les barrières commerciales, qu’elles soient sous forme de droits de douane ou de subventions, doivent être minimisées pour favoriser un environnement commercial équitable et compétitif. Les différends actuels entre la Chine et l’UE sont un rappel des défis continus dans la gestion des relations commerciales internationales, où les intérêts nationaux et les principes du libre-échange sont souvent en conflit.

En conclusion, les récents développements dans les relations commerciales entre la Chine et l’Union Européenne montrent une tendance inquiétante vers le protectionnisme et la rétorsion. Une guerre commerciale n’apportera de bénéfices durables à aucune des parties. Seule une approche collaborative et respectueuse des règles du commerce international permettra de maintenir un équilibre sain et favorable à la croissance économique mondiale.

Sources:

Merci à Boubakar pour ce lien:

https://www.latribune.fr/economie/international/hausse-des-droits-de-douane-la-chine-contre-attaque-et-ouvre-une-enquete-antidumping-sur-les-importations-de-porc-europeen-1000094.html

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