Lors du Forum économique de Saint-Pétersbourg, Vladimir Poutine a émis une mise en garde significative contre l’Occident, suggérant que Moscou pourrait fournir des armes à des pays tiers pour frapper les intérêts occidentaux si l’Ukraine recevait des missiles de longue portée pour des attaques sur le sol russe. Cette déclaration, faite lors d’une conférence de presse le 5 juin 2024, marque une nouvelle escalade dans le conflit russo-ukrainien, introduisant la perspective de guerres par procuration plus intenses.
Une Nouvelle Phase de la Guerre
Poutine a fait allusion à la possibilité pour la Russie de réagir de manière similaire en armant d’autres nations contre l’Occident, sans toutefois spécifier les pays concernés. Cette menace survient alors que certains pays occidentaux, notamment la France, l’Allemagne, et les États-Unis, se montrent de plus en plus favorables à autoriser l’Ukraine à utiliser des armes occidentales pour frapper des positions russes. Cependant, d’autres pays comme l’Italie restent réticents, craignant une escalade militaire dangereuse.
Le Contexte Militaire et Diplomatique
Le discours de Poutine intervient dans un contexte où les tensions sont déjà exacerbées. Il a également réaffirmé la présence d’instructeurs militaires occidentaux en Ukraine, qualifiés de « mercenaires » subissant des pertes, que les gouvernements occidentaux préfèrent, selon lui, garder sous silence. Cette accusation résonne avec les récentes déclarations d’Emmanuel Macron, qui envisage d’envoyer des instructeurs militaires en Ukraine pour accélérer la formation des soldats ukrainiens, une initiative à laquelle le Kremlin a réagi avec véhémence.
Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin, a souligné que ces instructeurs ne bénéficieraient d’aucune immunité face aux frappes russes, peu importe leur nationalité. Les États-Unis, quant à eux, ont écarté toute présence militaire en Ukraine, préférant soutenir Kiev par d’autres moyens.
La Volonté de Négocier et les Chiffres Contestés
Malgré cette rhétorique belliqueuse, Poutine s’est déclaré prêt à négocier, soulignant que la fin des livraisons d’armes à l’Ukraine serait le meilleur moyen de mettre fin à la guerre. Il a critiqué l’Occident pour sa participation active en armant et en contrôlant ces armes, une situation qu’il a qualifiée de « très grave et très dangereuse ».
En minimisant les pertes russes et en exagérant les pertes ukrainiennes, Poutine cherche à projeter une image de force. Selon lui, les pertes ukrainiennes seraient cinq fois plus élevées que celles de la Russie, avec 6 465 soldats ukrainiens capturés contre 1 348 soldats russes détenus en Ukraine. Ces chiffres sont largement contestés par des sources indépendantes telles que la BBC et Mediazona, qui estiment à au moins 50 000 le nombre de soldats russes tués, tandis que les estimations ukrainiennes et américaines font état de dizaines de milliers de morts ukrainiens.
La Question des Ambitions Impériales
Interrogé sur les ambitions impériales de la Russie, Poutine a nié toute intention de reconstituer un empire, malgré l’annexion de cinq régions ukrainiennes. Il a rejeté les accusations de visées impérialistes comme étant des « absurdités », tentant de détourner l’attention de ses actions passées et présentes. Cette réponse s’inscrit dans une tentative de redéfinir la narrative autour de l’invasion de l’Ukraine, la présentant comme une réaction défensive plutôt qu’agressive.
Le Rôle des Guerres par Proxies dans l’Économie Politique Globale
L’implication de tiers dans les conflits entre grandes puissances n’est pas nouvelle. Historiquement, les guerres par procuration ont servi de moyens pour les puissances rivales de s’affronter indirectement, minimisant ainsi les risques d’un conflit direct tout en poursuivant leurs intérêts géopolitiques. Les déclarations de Poutine s’inscrivent dans cette logique, menaçant de transformer des conflits régionaux en guerres globales par procuration, avec des répercussions potentiellement dévastatrices pour la stabilité internationale.
D’un point de vue économique, cette escalade a des implications considérables. L’augmentation des dépenses militaires, les perturbations dans les chaînes d’approvisionnement mondiales, et l’instabilité politique résultante peuvent avoir des effets durables sur les marchés globaux. Par exemple, la guerre en Ukraine a déjà provoqué une hausse des prix de l’énergie et des denrées alimentaires, exacerbée par les sanctions occidentales contre la Russie et la réplique de Moscou.
Analyse des Répercussions Économiques
La perspective de guerres par procuration étendues pourrait renforcer ces tendances. Les marchés de l’énergie, déjà volatiles, pourraient subir de nouvelles secousses en cas de perturbations supplémentaires dans les approvisionnements en pétrole et gaz. Les sanctions économiques, tout en étant un outil puissant pour contraindre les actions d’un État, ont également des effets de ricochet, affectant les économies des pays sanctionneurs et sanctionnés.
En outre, les tensions croissantes et l’incertitude géopolitique peuvent peser sur la confiance des investisseurs, entraînant une volatilité accrue sur les marchés financiers. Les entreprises opérant dans les zones de conflit ou ayant des chaînes d’approvisionnement complexes pourraient voir leurs coûts augmenter et leurs marges se réduire.
Conclusion
Les déclarations de Vladimir Poutine sur la possibilité d’une guerre par procuration avec l’Occident marquent un tournant potentiellement dangereux dans le conflit en cours. Alors que les tensions montent et que les répercussions économiques se font sentir à l’échelle mondiale, il est crucial de réfléchir aux implications à long terme de telles dynamiques de pouvoir. Les leçons de l’école de Chicago nous rappellent que les solutions à ces crises résident souvent dans la réduction de l’intervention directe et la promotion de mécanismes de marché robustes et adaptables. La diplomatie et la négociation restent des outils essentiels pour désamorcer les conflits et prévenir une escalade qui pourrait avoir des conséquences désastreuses pour l’économie mondiale.
Sources:
https://www.courrierinternational.com/reveil/2024-06-06#article-1
