Nouveau Désastre : Services Publics En Ruine

Avec une dette publique qui dépasse les 3 000 milliards d’euros, la situation économique de la France interpelle. En dépit de dépenses publiques parmi les plus élevées d’Europe, les services publics, notamment les hôpitaux et l’éducation, peinent à répondre aux attentes. Comment expliquer ce paradoxe entre une dépense publique conséquente et une qualité de services qui semble en déclin ? Cet article explore les causes structurelles et économiques de cette situation et propose des solutions inspirées par les théories économiques de l’école de Chicago.

Les Dépenses Publiques en France : Une Situation Exorbitante

La France consacre 57,3 % de son PIB aux dépenses publiques, bien au-dessus de la moyenne européenne de 49,4 % en 2023. Cette proportion place la France en tête des pays européens en termes de dépenses publiques, couvrant des domaines variés tels que la santé, les retraites, le chômage, l’enseignement, la culture et la défense. Par exemple, la France dépense 5,2 % de son PIB pour l’enseignement, contre 4,7 % en moyenne dans l’Union européenne et 4,5 % en Allemagne. Pourtant, ces investissements massifs ne se traduisent pas par une amélioration perceptible des services publics.

La Perception de la Dégradation des Services Publics

Un rapport publié en septembre 2023 par le collectif « Nos services publics » souligne un « sentiment d’effondrement des services publics », ressenti tant par les citoyens que par les agents publics. En 2022, un sondage Ifop révélait que 61 % des Français considèrent que les services publics fonctionnent mal. La situation est particulièrement préoccupante dans les services de santé. Les pénuries de médecins généralistes entraînent une pression accrue sur les établissements hospitaliers, et le syndicat Samu-Urgence alertait en septembre sur la situation « catastrophique » des services d’urgence.

Les hôpitaux et écoles publics font face à des difficultés de recrutement, exacerbées par des salaires insuffisants et des conditions de travail peu attractives. Une enquête de la Fédération Hospitalière de France (FHF) en 2022 révélait que 99 % des hôpitaux et Ehpad publics manquent de soignants. La justice également est en difficulté, avec un besoin urgent d’accroître les effectifs de 35 % pour répondre aux nécessités immédiates. Même dans les universités, la situation est critique, la Cour des comptes pointant régulièrement des anomalies telles que des bibliothécaires et agents administratifs ne travaillant pas les 35 heures.

Une Inefficacité de la Dépense Publique

Lisa Thomas-Darbois, directrice des études à l’institut Montaigne, reconnaît une dégradation de l’investissement de l’État, bien que les études manquent pour le prouver de manière formelle. L’économiste Marc Touati est plus tranché, qualifiant la situation de « gaspillage pur et simple ». Il critique l’inefficacité de la dépense publique, aggravée par la politique du « quoi qu’il en coûte » adoptée pendant la pandémie de Covid-19. Cette politique a conduit à des situations où des entreprises non viables ont été artificiellement maintenues en vie, freinant ainsi la dynamique économique naturelle de renouvellement et d’innovation.

En 2023, 57 700 procédures de faillite ont été ouvertes, soit une augmentation de 35,8 % par rapport à 2022, illustrant les conséquences économiques de ce maintien artificiel. Cette situation entraîne un manque à gagner sur les recettes fiscales, aggravant encore les défis budgétaires du pays.

Le Millefeuille Administratif : Un Système Complexe et Coûteux

Le problème ne réside pas seulement dans la quantité des dépenses, mais dans leur allocation inefficace. Le système administratif français est souvent décrit comme un « millefeuille », avec des couches successives de bureaucratie qui compliquent la gestion et augmentent les coûts. Les tentatives de rationalisation et de réduction des dépenses se heurtent à des résistances politiques et sociales, rendant difficile la mise en place de réformes structurelles nécessaires.

Lisa Thomas-Darbois souligne que la révision des dépenses publiques se limite souvent à des « coups de rabot » superficiels, sans aborder les réformes profondes et nécessaires pour améliorer l’efficacité. Les 20 milliards d’euros d’économies annoncés visent principalement à rassurer les marchés financiers plutôt qu’à apporter des changements substantiels.

Vers une Réforme Inspirée par l’École de Chicago

Face à ces défis, une approche inspirée par l’école de Chicago pourrait offrir des solutions. Cette école de pensée économique met l’accent sur la réduction du rôle de l’État dans l’économie, la promotion du libre marché et la responsabilisation individuelle. Une application rigoureuse de ces principes pourrait aider à rationaliser les dépenses publiques et à améliorer l’efficacité des services.

Réduction du Rôle de l’État

La réduction du rôle de l’État implique une privatisation des services publics là où cela est possible et efficace. Par exemple, les secteurs de la santé et de l’éducation pourraient bénéficier de l’introduction de mécanismes de marché compétitifs. La privatisation partielle des hôpitaux et des écoles pourrait stimuler l’innovation, améliorer la qualité des services et réduire les coûts.

Promotion du Libre Marché

La promotion du libre marché nécessite la suppression des subventions et des aides qui maintiennent artificiellement des entreprises non compétitives. En laissant le marché déterminer les entreprises viables, on favorise une allocation plus efficace des ressources. Cette approche permet également de réduire les dépenses publiques en éliminant les subventions inefficaces.

Responsabilisation Individuelle

La responsabilisation individuelle implique de redéfinir les attentes des citoyens vis-à-vis des services publics. Il est crucial de promouvoir une culture où les individus prennent davantage de responsabilité pour leur santé, leur éducation et leur bien-être. Cela peut être réalisé en introduisant des systèmes de co-paiement pour les services de santé, des bons pour l’éducation et d’autres mécanismes qui encouragent une utilisation plus responsable des services publics.

Réduction de la Bureaucratie

Pour améliorer l’efficacité des services publics, il est nécessaire de réduire la bureaucratie. Cela peut se faire par une simplification administrative, une décentralisation des pouvoirs et une automatisation des processus administratifs. Une telle réforme permettrait non seulement de réduire les coûts, mais aussi d’améliorer la qualité et la réactivité des services.

Encouragement de l’Innovation

L’innovation est essentielle pour améliorer les services publics. En créant un environnement où les prestataires de services sont incités à innover, on peut s’attendre à des améliorations significatives. Cela peut inclure l’adoption de nouvelles technologies, des pratiques de gestion plus efficaces et une plus grande flexibilité dans l’organisation du travail.

Conclusion

La situation des finances publiques françaises et la dégradation perçue des services publics sont des symptômes d’une inefficacité structurelle et économique. Les solutions résident non pas dans une augmentation continue des dépenses publiques, mais dans une réallocation efficace des ressources, inspirée par les principes de l’école de Chicago. En réduisant le rôle de l’État, en promouvant le libre marché, en responsabilisant les individus et en réduisant la bureaucratie, la France peut espérer une amélioration significative de ses services publics et une gestion plus soutenable de sa dette publique. La réforme est politiquement risquée, mais elle est nécessaire pour assurer la viabilité économique à long terme du pays.

Sources:

Merci à Dino pour cet article:

https://www.lepoint.fr/economie/la-dette-explose-les-services-publics-se-degradent-macron-regarde-ailleurs-28-05-2024-2561364_28.php

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