Maintenant, Marseille Interdit la Circulation des Pauvres

Le 1er septembre 2024, Marseille se trouve confrontée à un défi majeur : l’interdiction de circulation de 31% de son parc automobile dans la Zone à Faibles Émissions (ZFE) de la ville. Cette mesure, destinée à lutter contre la pollution atmosphérique, soulève de nombreuses inquiétudes, notamment en ce qui concerne son impact sur les habitants les plus démunis de la région.

L’histoire des ZFE en France remonte à 2016, lorsque Paris a commencé à interdire les véhicules les plus anciens. La Loi d’Orientation des Mobilités (LOM) de 2019 a ensuite imposé aux grandes villes du pays d’instaurer leur propre ZFE. Marseille, comme d’autres municipalités, a fixé des objectifs ambitieux, prévoyant l’interdiction des véhicules Crit’Air 3 dès 2024, suscitant ainsi des préoccupations légitimes.

Une récente étude réalisée par C-Ways et Harris Interactive pour BNP Paribas Mobility met en lumière les implications considérables de cette mesure à Marseille. Les chiffres révélés sont alarmants : à partir du 1er septembre 2024, 31% du parc automobile marseillais, soit 317 000 véhicules, seront interdits de circulation dans la ZFE. Ces restrictions toucheront également 33% des utilitaires légers et même 47% des poids lourds, impactant ainsi l’ensemble du tissu économique local.

Ce qui rend cette interdiction encore plus préoccupante, c’est la corrélation évidente entre les véhicules Crit’Air 3 (et plus anciens) et les ménages les plus pauvres de la région. L’étude souligne que ces ménages habitent généralement dans des zones moins bien desservies par les transports en commun, justifiant ainsi leur dépendance aux véhicules personnels. Le kilométrage annuel plus élevé de ces véhicules s’explique également par ce manque d’alternatives de transport.

Les autorités locales, conscientes des implications sociales de cette mesure, commencent à explorer des ajustements potentiels. Des discussions sont en cours sur la possibilité d’instaurer un droit d’entrée limité dans la ZFE, par exemple une fois par semaine au maximum, ou d’accorder des dérogations permanentes pour certains citoyens. Ces aménagements visent à atténuer l’impact sur les citoyens les plus vulnérables.

Cependant, la question cruciale demeure : cette interdiction de circulation des véhicules Crit’Air 3 sera-t-elle réellement mise en œuvre à Marseille dès la rentrée prochaine ? A ce jour, aucune grande ville en France n’a osé appliquer une mesure aussi drastique, et même à Paris, le débat perdure. Les élus marseillais, conscients du risque social, réfléchissent sérieusement à des solutions alternatives avant de mettre en œuvre cette mesure qui pourrait s’avérer impopulaire.

En définitive, la ZFE de Marseille se retrouve à la croisée des chemins. D’une part, la nécessité de lutter contre la pollution et d’améliorer la qualité de l’air est indéniable. D’autre part, les conséquences sociales de cette interdiction de circulation ne peuvent être ignorées. Les mois à venir seront cruciaux pour déterminer si Marseille réussira à concilier ces impératifs environnementaux avec le respect des besoins et des réalités des habitants, en particulier les plus démunis.

Vous pouvez reproduire en tout ou partie de cet article à condition que cet avertissement soit inclus:   « Cet article vient du site www.drawmyeconomy.com, où François-Xavier partage régulièrement ses analyses sur l’actualité économique.»

Sources

Merci à Jeremy pour l’article.

https://www.caradisiac.com/a-marseille-la-peur-d-un-scandale-social-sur-la-zfe-en-2024-205969.htm

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