Tesla, la célèbre entreprise d’Elon Musk, est récemment sous les feux des projecteurs en raison de révélations choquantes concernant de graves problèmes de suspensions sur ses véhicules. Des casses potentiellement dangereuses ont été largement documentées, mais selon une enquête approfondie de l’agence de presse Reuters, il semble que Tesla ait sciemment caché ces problèmes, préférant accuser les conducteurs plutôt que de prendre la responsabilité et d’honorer la garantie.
L’enquête de Reuters, basée sur des milliers de documents internes datant de 2016 à 2022, révèle que Tesla était pleinement consciente de la fragilité de certains éléments de suspension de ses véhicules. Trois sources de casses reviennent fréquemment dans cette investigation : les bras de suspensions (aft-links), les bras de commande (control arms), et les arbres de transmission (half shafts).
Selon les chiffres fournis par les documents internes, entre avril 2018 et avril 2019, Tesla aurait dépensé 3,9 millions de dollars (environ 3,5 millions d’euros) pour des problèmes de suspensions couverts par la garantie, dont 1,3 million (1,2 million d’euros) uniquement pour les bras de suspensions. Sur cette période, Reuters estime que 11 000 bras de suspensions ont été remplacés, dont un tiers hors garantie.
L’enquête se penche également sur une période plus récente, de janvier 2021 à mars 2022, au cours de laquelle 120 000 bras de commande et 66 000 arbres de transmission auraient été remplacés. Les Model 3 seraient majoritairement concernées pour les casses des bras de commande, avec 90 % des réparations effectuées sous garantie.
Ce qui ressort de l’enquête, c’est que malgré les efforts des ingénieurs de Tesla pour modifier les pièces incriminées, les problèmes persistaient. Ce n’est qu’en février 2022 qu’un rapport interne aurait assuré que les modifications apportées aux bras de suspensions avaient enfin porté leurs fruits.
En plus des problèmes de suspensions, l’enquête pointe du doigt les problèmes de direction des véhicules Tesla, notant une tendance à la corrosion. Plus de 400 cas de Model 3 et Model Y auraient connu des défaillances de l’assistance à la direction entre fin 2017 et début 2022, avec une augmentation significative des cas récents.
Les taux de défaillance, comparés au nombre de voitures en circulation, sont alarmants et dépassent largement ceux de la concurrence. Reuters rapporte que 260 plaintes concernant des problèmes de suspensions et de direction ont été soumises aux autorités américaines par des propriétaires de Tesla en 2023, tandis que des constructeurs comme General Motors et Toyota, avec des parts de marché bien plus importantes, ont enregistré moins de plaintes.
La réaction de Tesla à ces problèmes est tout aussi troublante. Au lieu de reconnaître les défauts de ses véhicules, la société aurait systématiquement blâmé les conducteurs en évoquant une « mauvaise utilisation du véhicule » ou un « choc antérieur » pour éviter de couvrir les réparations sous garantie. Cette stratégie, bien que largement critiquée en interne selon les documents examinés par Reuters, aurait persisté pour minimiser les coûts liés aux garanties.
Cette dissimulation de la part de Tesla n’est pas passée inaperçue des autorités. En Chine, Tesla a été contrainte de rappeler plus de 18 000 exemplaires de Model S et Model X en 2020 pour remplacer les bras de suspensions et les bras de commandes. Cependant, lorsque la National Highway Traffic Safety Administration (NHTSA) aux États-Unis a demandé à Tesla d’effectuer un rappel similaire, la société aurait refusé, affirmant que les casses étaient dues à un mauvais traitement des conducteurs et que le rappel en Chine avait été imposé par le gouvernement.
Actuellement, des enquêtes sont en cours aux États-Unis, en Norvège, et en Chine, avec la possibilité que ces révélations conduisent à des rappels massifs de véhicules Tesla. En Norvège, la Norwegian Public Roads Administration (NPRA) enquête sur les casses à répétition depuis septembre 2022 et pourrait suivre l’exemple de la Chine en imposant un rappel à Tesla.
Ces révélations pourraient également avoir des implications juridiques pour Tesla aux États-Unis, avec des actions en justice potentielles basées sur les informations fournies par l’enquête de Reuters. En fin de compte, cela souligne la nécessité d’une transparence accrue dans l’industrie automobile et de la responsabilité des constructeurs envers leurs clients pour assurer la sécurité et la fiabilité de leurs produits.
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