La Suède, souvent citée en exemple pour son modèle social généreux et son niveau élevé de prélèvements obligatoires, a effectué un virage surprenant il y a deux décennies en supprimant l’impôt sur l’héritage et trois ans plus tard l’impôt sur la fortune. Cette décision, visant à stimuler l’attractivité du pays, a suscité des débats intenses sur les effets économiques et sociaux de cette politique audacieuse.
L’objectif initial était clair : alléger le fardeau fiscal pesant sur les entreprises familiales et les actionnaires, dans un contexte où la hausse des prix immobiliers avait fait grimper le nombre d’héritiers devant s’acquitter de droits de succession. Anders Ydstedt, un défenseur de cette réforme, souligne l’impact néfaste de l’impôt sur l’héritage sur ces entreprises, les contraignant à puiser dans leurs revenus et dividendes pour honorer leurs obligations fiscales.
Malgré une certaine opposition à l’époque, la suppression de cet impôt est aujourd’hui largement acceptée, et le rétablissement de l’impôt sur la fortune n’est pas à l’ordre du jour. Pourtant, les économistes peinent à établir un lien direct entre ces mesures et les performances économiques remarquables de la Suède, classée parmi les dix pays les plus attractifs au monde selon le Forum de Davos.
Cependant, cette politique fiscale audacieuse a exacerbé les inégalités, notamment dans des domaines cruciaux tels que l’éducation et la santé. Les débats sur un éventuel déclin du modèle social suédois se sont intensifiés, certains soulignant un manque d’investissement public criant. Roger Mörtvik, ancien secrétaire d’État à l’Éducation, a récemment dénoncé cette tendance, mettant en lumière les défis sociaux auxquels la Suède est confrontée.
Cette évolution met en lumière les dilemmes auxquels sont confrontés les pays cherchant à équilibrer compétitivité économique et attractivité sociale. La Suède, longtemps considérée comme un modèle de réussite en matière de bien-être social, doit désormais faire face à la réalité des inégalités croissantes, soulignant les défis inhérents à la gestion des politiques fiscales dans un monde en évolution constante.
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