Nouveau Revers Pour la Transition Écologique

Le rythme effréné vers une « économie écologique » semble avoir subi un sérieux ralentissement, dévoilant ainsi les fissures dans le consensus autour de la transition écologique. Dans cette course, où États, entreprises et fonds d’investissement semblaient se livrer une compétition effrénée pour afficher leur engagement envers l’ESG (environnemental, social et de gouvernance), les récents développements laissent entrevoir un net recul, aussi bien en Europe qu’aux États-Unis.

Une étude de Bpifrance révèle que près de trois quarts des dirigeants de PME et d’ETI estiment ardu d’investir dans la décarbonation. Ce constat ne fait que souligner une tendance plus large : le scepticisme croissant envers les politiques environnementales et les investissements « verts ». En Europe, le fameux « pacte vert » européen, autrefois porté comme une bannière de progrès, est aujourd’hui remis en question. Les critiques fusent, alimentées par la crise énergétique, la hausse des prix, et les défis de compétitivité.

Ce revirement de situation, perceptible également dans les débats électoraux, pourrait bien marquer un tournant. Les partis traditionnels réclament une pause dans les réglementations environnementales, arguant la nécessité de préserver la compétitivité des entreprises. Même des mesures phares, comme l’interdiction des voitures thermiques d’ici 2035, sont remises en question. Cette volte-face est révélatrice d’un malaise plus profond, reflétant les tensions entre les impératifs économiques et les ambitions environnementales.

Aux États-Unis, la polarisation politique s’invite également dans le débat sur l’ESG. Ce concept, autrefois considéré comme progressiste, est désormais perçu par certains comme une idéologie partisane. Les entreprises qui mettent en avant leurs objectifs environnementaux risquent désormais d’être accusées de négliger leurs impératifs financiers. Unilever et Shell ont ainsi revu à la baisse leurs engagements ESG, tandis que BlackRock a effacé l’acronyme de son vocabulaire, sous la pression d’investisseurs républicains.

Même la « finance verte » semble marquer le pas, avec une baisse des émissions d’obligations visant à financer des projets environnementaux ou sociétaux. Cette tendance, bien que temporaire selon certains analystes, témoigne d’une certaine frilosité des investisseurs. Toutefois, des voix rappellent que la transition verte reste une lame de fond inéluctable. La directive européenne CSRD, prévue pour entrer en vigueur en 2025, devrait renforcer les obligations de reporting extra-financier des sociétés cotées, accélérant ainsi les efforts de transition.

Source

https://www.lefigaro.fr/conjoncture/etats-entreprises-fonds-d-investissement-le-grand-coup-de-frein-sur-la-transition-ecologique-20240419

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.