La précarité hygiénique en France atteint des niveaux alarmants, selon les résultats du quatrième baromètre de l’association Dons Solidaires, qui révèle une tendance inquiétante : un Français sur deux affirme se priver de produits d’hygiène en raison de contraintes financières. Cette réalité, qui s’aggrave au fil du temps, s’étend désormais à un large éventail de la population, touchant non seulement les plus défavorisés, mais aussi des individus insérés dans le monde du travail.
Les chiffres révèlent un tableau saisissant de sacrifices : la réduction des dépenses touche particulièrement le maquillage pour 40% des femmes, les rasoirs pour près d’une personne sur cinq, le déodorant pour 16%, la lessive pour 13%, et les brosses à dents pour 12%. L’interdiction des promotions de plus de 34% sur les produits d’hygiène et d’entretien, qui entrera en vigueur le 1er mars, ne semble pas offrir de répit à cette situation précaire.
Dominique Besançon, déléguée générale de Dons Solidaires, souligne que cette précarité engendre un « arbitrage permanent » entre les besoins essentiels comme la nourriture, les produits d’hygiène, et les factures énergétiques. Cette situation contraint de nombreux Français à des choix difficiles, parfois au détriment de leur hygiène personnelle. Les solutions palliatives adoptées, telles que le contrôle strict de la consommation de certains produits ou la prolongation de l’utilisation des produits à usage unique, illustrent la lutte quotidienne contre cette précarité.
Les jeunes sont particulièrement vulnérables, avec 41% des 18-24 ans confrontés à des arbitrages entre l’achat de nourriture et de produits d’hygiène. Cette réalité concerne non seulement les étudiants et les jeunes en situation de précarité, mais également les jeunes travailleurs peinant à joindre les deux bouts dans un contexte économique incertain.
Outre les implications sanitaires évidentes, la précarité hygiénique entraîne un sentiment de malaise et d’évitement social, notamment chez les jeunes, impactant leur estime de soi. Des cas extrêmes, comme celui de personnes ayant renoncé à des rendez-vous professionnels par crainte de leur apparence, mettent en lumière l’ampleur du problème.
Dons Solidaires appelle à une prise de conscience collective et à une action concertée pour adresser cette précarité hygiénique de manière systémique. Si des mesures telles que la loi antigaspillage et la mise à disposition gratuite de protections périodiques pour certains groupes ont été mises en place, il est impératif de poursuivre les efforts, tant du secteur public que privé, pour faire face à cette crise sociale qui ne cesse de s’aggraver.
