L’industrie automobile chinoise s’apprête à conquérir le marché européen avec ses voitures électriques, suscitant des interrogations quant à une potentielle avance de dix ans sur l’industrie européenne, selon de nombreux spécialistes. Avec une impressionnante vente de 5,4 millions de voitures électriques en Chine, représentant les deux tiers des ventes mondiales de ce type de véhicules, les marques chinoises dominent ce secteur avec une part de marché atteignant les 80%. Cette percée chinoise en Europe, caractérisée par des prix compétitifs et des avancées technologiques, bouleverse le paysage automobile traditionnel du vieux continent.
Une concession automobile chinoise, arborant fièrement le nom de BYD (Build Your Dreams), a ouvert ses portes à Bruxelles il y a un an. À l’intérieur, une gamme de cinq modèles de voitures électriques est proposée, avec des prix variant de 33 000€ à 70 000€, tous entièrement équipés. Mohammed, client satisfait, souligne non seulement le confort de sa voiture mais également son attrait financier. Les véhicules chinois se démarquent en offrant des batteries ininflammables, résultat d’une production autonome comprenant batteries, semi-conducteurs et électronique. Thomas De Meuter, porte-parole du groupe en Belgique, met en avant cet avantage en termes de flexibilité, de rapidité et de tarifs attractifs.
Cette conquête du marché européen par BYD s’illustre également par des ambitions expansionnistes. Avec 500 voitures vendues en Belgique au cours de la dernière année, BYD prévoit l’ouverture de cinq concessions supplémentaires. Le groupe vise à s’implanter dans chaque province de Belgique et au Luxembourg, souhaitant écouler plus de 10 000 voitures électriques dans les cinq prochaines années. Le choix de la Belgique comme point de départ de cette offensive chinoise s’explique par des résultats économiques solides, avec un bénéfice de 1,35 milliard d’euros enregistré entre juillet et septembre.
BYD, déjà reconnu en Europe pour ses bus électriques, a décidé de cesser la production de voitures à essence en 2022, se consacrant exclusivement aux modèles hybrides et électriques. La construction de la première usine européenne de voitures BYD en Hongrie, annoncée le mois dernier, souligne l’engagement de la marque sur le continent.
Cependant, BYD n’est pas la seule entreprise chinoise à marquer son empreinte. D’autres marques moins connues en Europe, telles que Zeekr, MG, Aiways, Li Auto, Nio et Xpeng, inondent le marché avec des modèles électriques de haute qualité. Les voitures chinoises se distinguent par leur excellence en matière de qualité, de finition, de tenue de route, de sécurité et de technologie électrique. Certains experts vont jusqu’à affirmer que l’industrie automobile chinoise détient une avance de dix ans sur la maîtrise technologique par rapport à ses concurrents européens.
L’évolution rapide des voitures électriques chinoises est également soulignée par les résultats des crash-tests Euro NCAP, démontrant que plusieurs modèles électriques chinois obtiennent des scores élevés et dépassent les références européennes en matière de sécurité. Xavier Daffe, rédacteur en chef du magazine « Le Moniteur automobile », met en avant ces résultats, affirmant que les voitures chinoises sont désormais au sommet en matière de sécurité.
La Chine a fait son entrée sur le marché de l’électrique grâce à sa capacité à exploiter les matières premières nécessaires à la fabrication des batteries. Possédant des mines en Afrique et en Amérique du Sud, la Chine assure un approvisionnement privilégié en matériaux essentiels à la production des batteries, ainsi qu’en électronique nécessaire à la fabrication des voitures électriques. Cette maîtrise de la chaîne de valeur électrique, des matières premières au produit fini, place la Chine au cœur de l’industrie mondiale des voitures électriques. Aujourd’hui, environ 60% des voitures électriques vendues dans le monde sont équipées de batteries chinoises, y compris des marques occidentales telles que Tesla.
Les chiffres du SPF Économie indiquent que la Belgique a importé près de 64 000 voitures particulières de Chine au premier trimestre 2023, dont les deux tiers étaient des véhicules électriques. Selon l’Association chinoise des constructeurs automobiles, la Belgique se positionne comme la principale zone d’atterrissage des voitures chinoises en Europe, avec l’importation de 138 000 véhicules au premier semestre 2023.
En conclusion, l’avancée fulgurante des voitures électriques chinoises sur le marché européen témoigne de l’émergence d’une nouvelle ère dans l’industrie automobile. Avec des marques telles que BYD à la pointe de cette révolution, les constructeurs européens sont confrontés à une concurrence féroce. La combinaison de prix compétitifs, de technologies avancées et d’une approche stratégique de la chaîne d’approvisionnement confère à l’industrie automobile chinoise une position dominante qui pourrait bien redéfinir le paysage automobile mondial dans les années à venir.
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